Chloroquine, vaccin russe : ce qu'a vraiment dit Marine Le Pen
LE PEN COVID. Emmanuel Macron accuse Marine Le Pen d'avoir voulu administrer de la chloroquine et vacciner les Français avec le vaccin russe Spountnik V, dont l'efficacité n'a pas été démontrée. Voici ce qu'il faut savoir...
[Mis à jour le 20 avril 2022, à 22h13] Marine Le Pen et Emmanuel Macron se sont affrontés ce mercredi 20 avril 2022 sur la gestion de la crise du Covid, le président sortant reprochant à la candidate RN de n'avoir voté aucun texte sur les mesures sanitaires et lui intimant de dire ce qu'elle aurait fait en cette période de crise. Marine Le Pen a rétorqué que les mesures prises ont été des plus coûteuses et des plus inefficaces.
Dans ce grand débat de l'entre-deux-tours de la présidentielle, Emmanuel Macron a profité de l'occasion pour rappeler les propos de Marine Le Pen sur le vaccin russe Spoutnik. Depuis plusieurs jours, le président-candidat, mais aussi le ministre de la Santé Olivier Véran, accusent Marine Le Pen et son équipe d'avoir réclamé à cor et à cri l'adoption par la France du vaccin russe Spoutnik V, dont l'efficacité n'a pourtant pas été prouvée. Les adversaires de Marine Le Pen estiment aussi qu'elle a cédé, en son temps, au mirage de la chloroquine. Emmanuel Macron a ainsi accusé cette semaine sa rivale d'avoir voulu "soigner les gens à la chloroquine" et "vacciner avec un vaccin russe", sans suivre les procédures de validation des autorités sanitaires françaises et européennes.
Des accusation entendues notamment lors du déplacement du président-candidat à Mulhouse : "Choisir quelqu'un pour présider un pays, c'est évidemment choisir un responsable politique pour appliquer un programme, avec un mandat. Mais c'est aussi présider pendant les crises. Je n'oublie pas ce que Madame Le Pen a aussi dit constamment pendant la crise du Covid. Elle allait soigner les gens à la chloroquine, elle allait vacciner massivement avec un vaccin russe, dont même l'Organisation mondiale de la santé a déclaré qu'il n'était pas efficace".
"L'efficacité du vaccin russe Spoutnik V ne fait désormais plus de doute"
Ce qu'a dit Marine Le Pen : la candidate du RN s'est en effet prononcée en faveur la chloroquine en mars 2020, jugeant nécessaire, sur France Info, que les médecins de ville puissent prescrire le traitement du Professeur Raoult pour des symptômes "peu graves" du coronavirus afin d'éviter la saturation des services de réanimation. " Je pense qu'il faut tout de suite donner la possibilité à tous les médecins de ville, qui savent ce qu'ils font et connaissent les effets secondaires possibles de ce médicament, la capacité de le prescrire à ceux qui sont contaminés avec des symptômes peu graves ", déclarait la responsable du RN sur la radio publique. Sur Europe 1 à la même période, elle tenait pourtant des propos plus mesurés estimant qu'il ne fallait pas que "l'espoir pousse les gens à prendre des risques".
Concernant le vaccin russe Spoutnik V, Marine Le Pen s'était prononcée en février 2021, alors que des études rapportaient une efficacité élevée contre le coronavirus (de l'ordre de 91% selon la revue The Lancet). Dans un tweet notamment, elle indiquait que "l'efficacité du vaccin russe Spoutnik V ne fait désormais plus de doute" et qu'il pouvait "être un renfort contre la pandémie". "Travaillons en bonne intelligence avec la Russie et ne laissons pas l'idéologie antirusse ruiner nos capacités à vacciner nos compatriotes !", ajoutait-elle.
Maintenant que lefficacité du vaccin russe #SputnikV ne fait désormais plus de doute, il peut être un renfort contre la pandémie.
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) February 2, 2021
Travaillons en bonne intelligence avec la #Russie et ne laissons pas lidéologie antirusse ruiner nos capacités à vacciner nos compatriotes ! MLP
Chloroquine et vaccin russe non reconnus
Ce qu'il faut savoir : le traitement à la chloroquine ou à l'hydroxychloroquine a été considéré comme inefficace par plusieurs études dès le printemps 2020, à commencer par l'étude britannique dite RECOVERY qui concluait que le remède n'avait "aucun effet bénéfique sur les patients hospitalisés pour Covid-19" et qu'"il n'y a pas de preuves d'effets bénéfiques sur la durée du séjour à l'hôpital ou sur d'autres résultats". Après l'OMS, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) avait suspendu les essais sur la chloroquine et la méthode du professeur Raoult dès le mois de mai 2020.
En ce qui concerne le vaccin Spoutnik V, son homologation n'a toujours pas été prononcée après des mois d'étude par l'Agence européenne des médicaments (EMA). Elle pourrait ne jamais intervenir, la Russie n'ayant pas fourni toutes les données nécessaires et la guerre en Ukraine ayant désormais stoppé toute coopération. Quelques pays d'Europe, comme la Hongrie, l'Autriche, la République Tchèque ou la Slovaquie ont décidé de se doter du vaccin sans attendre l'e feu vert européen. Lors d'un débat avec le ministre de la Santé Olivier Véran sur LCI cette semaine, Jordan Bardella, porte-parole de Marine Le Pen, a estimé que le Rassemblement national s'était surtout prononcé pour la liberté de prescrire des médecins pendant la crise sanitaire.