Patrimoine de Mélenchon : une affaire en vue ? L'Insoumis s'énerve

Patrimoine de Mélenchon : une affaire en vue ? L'Insoumis s'énerve

MELENCHON - Le leader de la France Insoumise avertit : il sait que des médias préparent un "coup" au sujet de son patrimoine, et notamment de son ancienne permanence de Massy. Mais Jean-Luc Mélenchon se tient prêt à porter plainte pour diffamation...

[Mis à jour le 15 novembre 2017 à 18h02] "Je sais que le canon à merde va encore tonner, contre moi cette fois-ci. D'ici quelques jours, Capital et L'Express veulent tirer leurs salves de commande", écrit Jean-Luc Mélenchon sur son blog ce mercredi. Le patron de la France Insoumise est très remonté contre ces deux médias, dont il soupçonne l'intention de faire des révélations sur les biens qu'il possède, qui seraient de nature à créer un scandale. Ou plutôt des "insinuations", écrit-il, précisant : "Il s'agit de revenir sur mes années en Essonne et surtout sur mon patrimoine il y a… 19 ans !". Dans son billet, Jean-Luc Mélenchon indique qu'il se tient prêt à porter plainte pour diffamation dès la publication desdits articles, tout en assurant qu'il est "impossible" qu'il ait "commis quelque acte délictueux ou immoral que ce soit".

Sur Twitter il y a quelques jours, Jean-Luc Mélenchon est allé jusqu'à reproduire le mail que lui a envoyé Christophe David, le rédacteur en chef adjoint de Capital. Dans sa missive, le journaliste pose des questions sur la permanence dont Mélenchon a été propriétaire de 1998 à 2010, à Massy, et sur son financement. Des questions sur l'indemnité représentative de frais de mandat (IRFM) et sur un prêt du Sénat pour cette acquisition sont aussi posées. Capital croit en outre savoir que Jean-Luc Mélenchon a loué, de 1999 à 2008 sa permanence aux socialistes Jérôme Guedj, François Lamy et Marie-Pierre Oprandi avant de la vendre à la SNL (Solidarités Nouvelles pour le Logement), un organisme qui vise à "rendre le logement accessible aux personnes en situation de précarité". Au travers de ces questions, c'est bien un enrichissement personnel de Jean-Luc Mélenchon que semble soupçonner Capital.

Les déclarations de patrimoine de Jean-Luc Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon a plusieurs fois effectué des déclarations sur son patrimoine au cours de son mandat. En tant que candidat à la présidence de la République, il avait dû transmettre à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), en mars 2017, la liste de ce qu'il détient (voir ici la déclaration de patrimoine des candidats). Le premier des Insoumis indiquait alors posséder un appartement de 110 m², acquis le 24 avril 2014 pour 800 000 euros et 37 000 euros de travaux de rénovation ; une maison rurale de 150 m², acquise le 27 juin 1996 pour 90 000 euros, d'une valeur vénale aujourd'hui estimée à 190 000 euros ; plusieurs comptes bancaires dont un livret bleu sur lequel était déposé 40 234 euros et un LDD alimenté à hauteur de 47 655 euros.

En 2013, le député européen avait joué le jeu de la nouvelle législation, instaurée par le gouvernement socialiste, même s'il n'était manifestement pas très favorable à la publication des biens mobiliers et immobiliers souhaitée par François Hollande de la part des élus, des ministres et de certains haut-fonctionnaires. Considérant alors que cette exigence du président de la République était "un attrape-nigaud", une "histoire de gesticulation", Jean-Luc Mélenchon s'était finalement prêté à l'exercice. Mais avec une sacrée dose d'ironie, puisque le président du Parti de Gauche avait décidé de publier sur son blog une longue lettre tournant la déclaration de patrimoine en dérision.

"Tout sur moi", toute l'ironie de Jean-Luc Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon avait ainsi rédigé un message intitulé - avec une ironie évidente - "Tout sur moi", afin d'anticiper toute question sur le sujet et probablement et dans l'espoir qu'il n'y n'ait plus besoin de revenir sur le sujet. Le billet commençait par une surprenante description, comme pour sous-entendre que la mesure annoncé par François Hollande avait une dimension voyeuriste : "Je m'appelle Jean-Luc Mélenchon. Je suis né le 19 aout 1951 à Tanger au Maroc. Je mesure 1,74 m. Je pèse 79 kilos. Ma taille de chemise est 41/42. Ma taille de pantalon est 42. Je chausse du 42. Tous mes cheveux sont naturels et ils ne sont pas teintés" écrivait-il.

Le leader du Parti de Gauche en profitait pour attaquer subrepticement certains hommes et femmes politiques, dont Marine Le Pen : "Je n'ai pas hérité d'un château où me loger, ni d'un parti politique créé par mon père. Je ne fais pas semblant d'habiter Hénin-Beaumont, je n'ai ni voiture ni chauffeur. Mon père n'a jamais été condamné pour fraude fiscale. Aucun de mes conseillers n'ouvre de compte en Suisse pour des tiers".

Sénateur et député européen, la vieille rumeur sur Jean-Luc Mélenchon

Sur ses biens immobiliers et son épargne, Jean-Luc Mélenchon se montrait assez précis : "Je suis propriétaire de mon appartement à Paris, 76 m2, trois pièces dans le 10e arrondissement acquis pour 346 750 euros en 2006 (il ne le détient plus aujourd'hui - NDLR). D'une maison de campagne dans le Loiret achetée 92 000 euros en 1996. Inclus les héritages de mes deux parents décédés il y a cinq ans, la vente de ma permanence en Essonne, moins mes crédits, mon épargne nette est donc de 150 000 euros. Je les ai prêtés au Front de gauche pour la campagne présidentielle, ils viennent de m'être remboursés. Je compte les utiliser pour changer d'appartement, ce dont je tiendrai le grand public immédiatement informé dès que cela sera fait. Mais je ne m'engage pas à inviter la presse à la pendaison de crémaillère".

Toujours avec une pointe d'humour, et probablement en référence à peine dissimulée aux patrimoines d'autres hommes politiques, comme Laurent Fabius, il poursuivait : "J'ignore la valeur des œuvres d'art que j'ai réalisées avec mon pinceau, mon crayon ou mon appareil photo. J'estime qu'il s'agit d'une valeur considérable. Je possède 12 000 livres de toutes sortes que j'ai commencé à accumuler dès mes quatorze ans".

Jean-Luc Mélenchon rappelait aussi que, contrairement à une rumeur tenace, il avait démissionné de son mandat de sénateur de l'Essonne en 2009 et qu'il ne cumulait donc pas d'indemnités avec celle qu'il touchait encore à l'époque en tant que député européen. A ce titre, Jean-Luc Mélenchon était rémunéré 6 200 euros par mois (en juin dernier, il est devenu député de l'Assemblée nationale française, mettant fin à ses fonctions à Strsabourg). Mélenchon s'était déjà expliqué sur son salaire sur Linternaute.com dès 2010. Est-ce cette vieille rumeur que Jean-luc Mélenchon évoque sur son blog quand il affirme que Capital et l'Express ont enquêté sur ses années en Essonne ? La ré^ponse sera donnée (ou non) par les intéressés dans quelques jours.