Succession du pape : Pierbattista Pizzaballa, le patriarche latin de Jérusalem parmi les favoris
Le pape François est mort lundi 21 avril à l'âge de 88 ans. Alors que ses obsèques sont prévues pour ce samedi 25 avril, les spéculations autour de sa succession sont lancées. Parmi les noms qui reviennent avec insistance, celui de Pierbattista Pizzaballa, 60 ans, actuel patriarche latin de Jérusalem
Né à Castel Liteggio, en Lombardie, il a grandi dans un milieu rural aux côtés de ses parents. Le journal Le Pèlerin dresse le portrait d'un homme "hors norme", "tenace", "qui a toujours su qu'il voulait être prêtre". Franciscain, il arrive à Jérusalem en 1990 comme jeune prêtre. Il y obtient également une licence en théologie biblique, devenant le seul chrétien à étudier l'Écriture à l'Université hébraïque, une expérience d'apprentissage marquante pour lui, selon Euronews, notamment en raison de son contexte non chrétien.
Une figure de paix dans un Proche-Orient en crise
Après douze ans comme Custode de Terre Sainte, chargé de la sauvegarde des lieux saints du christianisme en Terre Sainte, il est nommé administrateur apostolique du patriarcat latin de Jérusalem. Sa gestion est saluée, et en octobre 2020, ce fin connaisseur du Proche-Orient est officiellement nommé patriarche latin de Jérusalem par le pape François, la plus haute autorité de l'Église catholique latine au Proche-Orient. En septembre 2023, il est créé cardinal — une première historique pour Jérusalem, ville sainte des trois grandes religions monothéistes, rappelle America Magazine.
Et puis quelques jours plus tard, le 7 octobre 2023, le Hamas lance une attaque meurtrière contre des civils et des installations militaires en Israël, marquant le début de la guerre. Depuis, Pizzaballa s'est imposé comme une figure de paix et de médiation. Il multiplie les déplacements dans la bande de Gaza, les appels à la trêve et les prises de parole, ce qui l'a placé sur le devant de la scène internationale, d'après le quotidien libanais L'Orient Le Jour. Le 17 octobre 2023, il s'est proposé lui-même comme otage dans la bande de Gaza en échange du retour des enfants enlevés le 7 octobre.
Une certaine continuité avec le pape François
Théologien discret, parlant parfaitement l'hébreu et l'anglais, il partage plusieurs positions clefs avec le pape François : défense des migrants, promotion du dialogue interreligieux, sobriété dans l'exercice du pouvoir. Pour The Guardian, il incarne une certaine continuité avec le pontificat précédent, tout en se tenant à distance des polémiques internes sur la doctrine. C'est précisément cette neutralité qui en fait un "papabile" crédible. Le site britannique UnHerd le présente comme tel dès décembre 2024. Selon le journaliste Peter Franklin, il a l'avantage de "n'être associé ni aux alliés ni aux adversaires du pape François", et "il y a des choses à son sujet qui plairont aux réformistes comme au traditionalistes". À l'aise dans le monde moderne, il reste attaché à la liturgie traditionnelle, comme la messe ad orientem, tournée vers Jérusalem. Selon Politico, il pourrait séduire les cardinaux italiens, attachés à l'idée d'un pape transalpin. Il incarne aussi une autorité reconnue au Moyen-Orient, un atout dans le contexte actuel.
Principal frein à son élection ? Son âge. À 60 ans, il pourrait être considéré trop jeune pour être élu pape, par certains cardinaux électeurs craignant un règne trop long. Mais dans une Église en quête d'unité, le nom du patriarche de Jérusalem résonne avec une force nouvelle. Le conclave, prévu entre le 5 et le 10 mai, livrera son verdict par une simple fumée qui s'élève d'une cheminée du Vatican. Le successeur de François portera-t-il la voix de Jérusalem jusqu'à Rome ?