Mario Vargas Llosa avait heurté le monde de la littérature française pour une raison

Mario Vargas Llosa avait heurté le monde de la littérature française pour une raison Prix Nobel de littérature en 2010, l'écrivain péruviano-espagnol Mario Vargas Llosa est mort dimanche à l'âge de 89 ans. Son engagement avait grandement heurté le monde de la littérature française il y a quelques années.

Mario Vargas Llosa n'est plus. Le romancier péruvien naturalisé espagnol est mort ce dimanche 13 avril 2025 à Lima (Pérou), à 89 ans. Le dernier des géants latino-américains de la génération dite du "boom" était considéré comme un virtuose de la narration du du réalisme. "C'est avec une profonde tristesse, que nous annonçons que notre père, Mario Vargas Llosa, est décédé aujourd'hui à Lima, entouré de sa famille et en paix ", a annoncé son fils aîné Alvaro dans un message posté sur X, également signé par son frère Gonzalo et sa sœur Morgana". "Son départ attriste ses proches, ses amis et ses lecteurs dans le monde entier, mais nous espérons qu'ils trouveront une consolation, comme nous, dans le fait qu'il a joui d'une vie longue, multiple et fructueuse", peut-on également lire. 

Né dans une famille de la classe moyenne péruvienne, Mario Vargas Llosa fait face à l'absence d'un père militaire durant une grande partie de sa jeunesse. Il grandit avec l'idée que son père ne fait plus partie de ce monde, mais ce dernier réapparaît le jour de ses dix ans, Ernesto Vargas Maldonado est bien vivant. Jaloux, violent, le père du jeune écrivain à la carrière naissante décide d'envoyer son fils de 14 ans à l'internat de l'Académie militaire de Lima. Ce rejet va forger le caractère du jeune homme : "Avant de connaître l'autoritarisme politique, j'avais connu l'autoritarisme paternel. Je ne serais pas devenu écrivain si mon père n'y avait pas été aussi hostile... Ma manière de résister fut d'entrer en littérature", assurait-il en 2010.

Sa position "ternit l'image de la France en Amérique latine"

Candidat malheureux à l'élection présidentielle du Pérou en 1990, Mario Vargas Llosa a d'abord fait partie des jeunes communistes du pays, avant de s'en désolidariser de manière définitive. Un temps libéral, il s'engage ensuite en faveur de l'extrême droite locale. Des positions politiques qui lui vaudront de lourdes critiques de la part du monde de la littérature française. Prix Nobel de littérature, premier écrivain étranger à entrer de son vivant dans la prestigieuse collection de la Pléiade en 2016, il est également élu à l'Académie française en 2021. Une entrée remarquée et fustigée par le milieu.

Son entrée à l'Académie française est jugée comme une "erreur, voire une faute" selon une tribune publiée dans les colonnes de Libération par un collectif de professeurs et de chercheurs universitaires. Quelques jours avant, le célèbre écrivain apportait son soutien à José Antonio Kast, le candidat conservateur à l'élection générale du Chili. Les chercheurs dénoncent un "anticommunisme fervent" et un "ultralibéralisme économique" de la part du prix Nobel de littérature 2010.

Cela "ternit l'image de la France en Amérique latine où les prises de position extrémistes de Mario Vargas Llosa sont bien connues et suscitent depuis longtemps un fort rejet", estime le collectif. L'homme avait notamment soutenu le président colombien Ivan Duque, après une répression sanglante de manifestants colombiens ayant entraîné la mort de plus de 70 personnes. Le soutien apporté à la candidate à l'élection suprême au Pérou, Keiko Fujimori est également dans le viseur des chercheurs.

De plus, la contestation des résultats de l'élection générale péruvienne - qui s'est soldée par une victoire du candidat de la gauche Pedro Castillo - lui est aussi reprochée. Les experts lui reprochent de "légitimer des postes qui bafouent de fait les valeurs de la démocratie auxquelles la France souhaite pourtant se voir associée : liberté d'expression, acceptation des résultats des suffrages et droit de défendre une cause sans risque d'y perdre la vie", indique la même tribune.