Quand Bernard Pivot parlait de sa "mort idéale"

Quand Bernard Pivot parlait de sa "mort idéale" Le journaliste et écrivain Bernard Pivot est décédé à l'âgé de 89 ans a-t-on appris ce lundi 6 mai 2024. Il était plusieurs fois revenu sur la mort, notamment la sienne, parfois avec humour.

Le livre de sa vie s'est refermé. Le journaliste et écrivain Bernard Pivot est mort des suites d'une maladie, a annoncé sa famille ce lundi 6 mai 2024. Il s'est éteint à 89 ans à Neuilly-sur-Seine. L'homme associé a des émissions cultes telles qu'Apostrophes ou Bouillon de culture s'était retiré de la vie publique en avril 2023 après un dernier entretien accordé au Journal du Dimanche et dans lequel il avait indiqué souffrir d'un mal au niveau du cerveau. C'est dans la discrétion de son foyer qu'il s'en est allé, mais l'amoureux des livres est-il parti comme il le souhaitait ?

Bernard Pivot était plusieurs fois revenu sur la mort et sur la sienne. En 2017, alors qu'il faisait la promotion de son ouvrage La mémoire n'en fait qu'à sa tête au micro de RTL, l'homme de lettres avait décrit ce qu'il considérait être le scénario de sa "mort idéale". Il disait vouloir partir "en train de lire un livre d'un jeune auteur", pas étonnant pour celui qui disait, dans la dernière année de sa vie, avoir été un "influenceur littéraire" durant toute sa carrière.

Jusqu'aux sons que produisaient la lecture et l'écriture, soit "le son très discret des pages que je tourne en lisant un livre, ou le son aussi discret du stylo sur la feuille" lui étaient doux. Ils étaient d'ailleurs ses bruits préférés comme l'avait indiqué Bernard Pivot lui-même dans Bouillon de culture. Mais à l'idée de mourir sans terminer sa lecture, il avait tout de suite questionné sur un ton léger : "Si votre vie s'arrête au milieu d'un livre, s'il y a un monde après, aura-t-on l'occasion de finir ce livre ?"

"Vous avez toute l'éternité"

Le journaliste littéraire qui présidait l'académie Goncourt de 2014 à 2019 faisait de l'humour au sujet du grand départ. La mort, ou du moins ce qu'il se passait après, était d'ailleurs un sujet que le journaliste et présentateur abordait régulièrement et avec légèreté avec ses invités dans l'émission Bouillon de culture. C'était même la conclusion du célèbre questionnaire de Proust que Bernard Pivot soumettait à ses interlocuteurs à la fin de chaque émission : "Si Dieu existe, qu'aimeriez-vous, après votre mort, l'entendre vous dire ?"

Et après avoir posé cette question pendant dix ans, de 1991 à 2001, Bernard Pivot y avait lui-même répondu pour la dernière de Bouillon de culture. Le journaliste avait fait rire sur le plateau en racontant son échange hypothétique avec Dieu. Selon le souhait de Bernard Pivot, Dieu l'aurait, après quelques phrases en anglais, rassuré sur sa capacité à parler anglais : "Vous avez toute l'éternité devant vous pour apprendre l'anglais. Et je vais vous donner un très bon professeur. S'il vous plait, allez me chercher Sir William. Shakespeare of course !"

Hélas, l'histoire ne dit pas si cela s'est bien passé comme ça et Bernard Pivot n'est plus là pour nous le dire... Mais sur ce point aussi le journaliste avait fait preuve d'humour avec intelligence, dérision et une pointe de moquerie dans un message posté sur X : "L'habitude des radios de m'appeler à la mort d'un écrivain est si grande que, le jour où je mourrai, elles m'appelleront."