René Angélil : pourquoi ses funérailles nationales ne font pas l'unanimité
[Mis à jour le 19 janvier 2016 à 19h55] Céline Dion se serait bien passé de cette polémique… Alors que la chanteuse s'apprête à rendre un dernier hommage à son mari, les funérailles nationales de l'imprésario font débat au Québec. René Angélil, décédé jeudi dernier des suites d'un cancer, sera en effet distingué à la demande du gouvernement. Afin de lui rendre hommage, le drapeau sera en berne toute la journée de vendredi au sommet de l'hôtel du Parlement, à Québec. Les obsèques doivent avoir lieu à la basilique Notre-Dame de Montréal où il avait épousé Céline Dion en 1994. La veille, le public pourra se recueillir sur la dépouille de René Angélil dans une chapelle ardente.
EN VIDEO - Céline Dion et le monde du showbiz pleurent la mort de René Angélil
"Nous avons tous été touchés par le décès de René Angélil (…). Les Québécois auront l'occasion de saluer un homme qui aura marqué le paysage culturel de notre nation", a déclaré le Premier ministre québécois Philippe Couillard. Tout le monde ne semble pourtant pas d'accord avec cette affirmation et des critiques commencent à émerger sur les réseaux sociaux, comme le relève La Presse. Les internautes pointent notamment la dépense que constituent des funérailles nationales pour le gouvernement. Dans ce cas, le Protocole – entité administrative attachée au ministère des Relations internationales et de la Francophonie – prend à sa charge les frais de l'église quand la famille supporte les coûts de la maison funéraire. Les funérailles nationales de l'artiste Jean-Paul Riopelle, en 2002, avaient coûté 19 000 $ - près de 12 000 euros - au Protocole, rappelle La Presse.
Je n'est rien contre René Angelil il a eu du succès dans son domaine mais payé des funérailles nationales pour un homme ultra riche non
— serge tremblay (@soleilbeach) 18 Janvier 2016
#Couillard impose l'#austérité à cause du déficit, il trouve l'argent pour les funérailles à René Angélil. #polqc https://t.co/ujzowmCJHa
— carrieresylvie (@carrieresylvie) 18 Janvier 2016
René Angélil a-t-il "marqué la vie politique, culturelle ou social du Québec" ?
Depuis l'annonce de la tenue de funérailles nationales, certains Québécois se demandent si cette dépense est justifiée. D'autres remettent simplement en cause le choix d'une cérémonie officielle. "Les funérailles nationales sont réservées aux personnalités qui ont marqué la vie politique, culturelle ou sociale du Québec, selon une décision du gouvernement", peut-on lire sur le site du Protocole. Pour Catherine Lavarenne, enseignante et auteure, René Angélil ne mérite pas de tels honneurs. "N'est-ce pas un peu triste que, dans le Québec de 2016, avoir marqué la vie culturelle ou sociale du Québec se résume à avoir réussi un plan d'affaires sur la carrière d'une fillette de 12 ans ?", demande-t-elle dans une tribune publiée sur le Huffington Post. Marilyse Hamelin, journaliste indépendante, a elle aussi écrit un texte sur ce même site. Si elle ne juge pas de l'apport de René Angélil directement, elle regrette toutefois que seul des hommes aient été distingués jusqu'à présent par des funérailles nationales.
Pour les obsèques de René Angélil, Philippe Couillard fera spécialement un aller-retour depuis l'Europe où il sera en déplacement. Le Premier ministre québécois partira mardi soir pour Davos où il doit participer au Forum économique mondial puis reviendra au Québec pour assister à la cérémonie. Enfin, il reprendra l'avion dans la soirée de vendredi afin de se rendre à Milan où il doit rencontrer des membres de la Confindustria, la principale organisation italienne des entreprises manufacturières et de services.
Neuf personnes ont eu droit à des funérailles nationales dans l'histoire du Québec. Les premières ont eu lieu en décembre 1996, il s'agissait d'honorer le poète Gaston Miron. Depuis, les Québécois ont pu rendre hommage au joueur de hockey sur glace Maurice Richard, à l'ancien ministre Claude Ryan, au cinéaste Gilles Carle et plus récemment au hockeyeur Jean Béliveau, décédé en 2014.