Le Groenland décide de son avenir, voici ce qu'il compte dire à Trump
Le Groenland va-t-il devenir un nouvel Etat des Etats-Unis d'Amérique ? Donald Trump a renouvelé son souhait expansionniste de placer l'immense île arctique sous son giron lors d'un discours devant le Congrès américain le 4 mars. Le Premier ministre groenlandais, Mute Egede, lui a répondu en fermant catégoriquement la porte à toute annexion durant un entretien télévisé sur la chaîne danoise DR le 10 mars. Ce mardi 11 mars, c'est aux Groenlandais de s'exprimer à l'occasion du scrutin pour les élections législatives.
Hélas pour le président des Etats-Unis, les 57 000 habitants du Groenland rejettent majoritairement l'idée d'être rattachés aux Etats-Unis : selon une enquête d'opinion réalisée après la première menace d'annexion formulée par Donald Trump le 7 janvier 2025, 85% des sondés n'ont aucune intention de faire partie des États-Unis. Plus largement, une grande partie des Groenlandais souhaite obtenir l'indépendance de leur île. "Nous ne voulons être ni Américains, ni Danois", a insisté le chef du gouvernement de l'île, Mute Egede, à la télévision à la veille du scrutin législatif. Le territoire arctique est un pays constitutif du royaume du Danemark depuis l'ère coloniale. Si depuis les années 1960 la plupart des politiques groenlandaises sont prises par des élus locaux, le Danemark continue d'exercer les fonctions régaliennes sur ce territoire.
Le parti Inuit Ataqatigiit, classé comme socialiste et écologique, auquel appartient le Premier ministre et son allié social-démocrate Siumut sont favorables à l'indépendance, comme la quasi-totalité des forces politiques groenlandaises. La quête de l'indépendance de l'île arctique devrait donc devenir un des sujets prioritaires des prochaines années avec une feuille de route "robuste" selon Mute Egede. Cette quête a été renforcée par les menaces d'annexion récurrentes de la part des Etats-Unis et le fait qu'elles sont portées par Donald Trump dont la personnalité "très imprévisible" inquiète les habitants du Groenland, selon le Premier ministre de l'île arctique.
De précédentes tentatives d'annexion américaines
Le chef du gouvernement groenlandais semble d'ailleurs vouloir limiter au maximum ses relations avec les Etats-Unis : "Avec ce qu'il s'est passé récemment, ce que le président américain a dit et fait, on ne veut pas être si proche [des Etats-Unis] comme on a peut-être voulu l'être auparavant", a-t-il expliqué, reprochant au passage au locataire de la Maison Blanche de ne pas avoir traité les Groenlandais "avec respect". A noter que les Etats-Unis ont déjà proposé au Danemark d'acheter le Groenland à plusieurs reprises, en vain : en 1946 avec une offre à 100 millions de dollars signée par le Président Truman et en 2019 par le Président Trump lors de son premier mandat.
S'il est question de tenir ses distances avec les Etats-Unis, le Premier ministre du Groenland appelle par ailleurs à renforcer la position du territoire arctique "au sein de l'alliance occidentale" : "Il y a des questions de politique de sécurité et de défense qui nous obligent à nous allier avec d'autres pays avec lesquels nous sommes déjà alliés", dont ceux de l'Union européenne. Effectivement, la menace américaine n'est pas la seule qui pèse sur le territoire : l'île est aussi convoitée par la Russie et la Chine pour son emplacement stratégique et ses sols très riches.