Donald Trump est tellement menteur qu'il a fallu compter ses fake news, le résultat est consternant
Donald Trump s'est illustré comme un colporteur de fake news durant ses différentes campagnes présidentielles. Une habitude qui s'avère être une technique des plus efficaces pour permettre au républicain d'atteindre ses objectifs.
Donald Trump n'est pas le dernier à dénoncer des "fake news" dans les propos de ses rivaux politiques ou encore des médias. Mais le nouveau président, réélu à l'issue des décomptes sans contestation possible ce mercredi, est lui-même un puits à "fake news" comme l'ont montré plusieurs journaux américains tenant les comptes des mensonges relayés par le milliardaire.
La campagne électorale a été un nouveau terrain de jeu pour le milliardaire républicain : l'homme avait par exemple avancé 33 fausses informations en seulement 1h30 de débat face à Kamala Harris le 10 septembre dernier selon le décompte de CNN. Mais il avait fait encore plus fort lors d'une conférence de presse à Mar-a-Lago, en Floride, à la mi-août avec plus de 160 mensonges formulés en seulement une heure d'après la radio NPR, soit trois fausses informations à la minute.
Et c'est sans compter les nombreux meetings durant lesquels le candidat républicain a affirmé et répété des fakes news concernant le parcours de sa rivale Kamala Harris, mais aussi son propre bilan en tant qu'ancien président des Etats-Unis et celui du camp démocrate après le mandat de Joe Biden. Même son discours annonçant sa victoire le 6 novembre était parsemé d'affirmations à l'emporte-pièces, de constats étranges et grossiers sur les Etats-Unis.
Rien d'étonnant toutefois puisque la propension de Donald Trump à mentir et diffuser, volontairement, des informations erronées n'est plus à prouver. Cette habitude, qui consiste en une véritable stratégie politique du républicain, est documentée depuis des années, bien avant sa première élection à la Maison Blanche en 2016.
C'est toutefois son arrivée à la tête des Etats-Unis qui a mis la lumière sur le phénomène des "fake news". Durant son mandat, soit de janvier 2017 à janvier 2021, Donald Trump a fait 30 573 déclarations fausses ou trompeuses selon le service de fact checking du Washington Post, principal quotidien américain. Cela équivaut à plus de 20 mensonges par jour pendant quatre ans. Mais la tendance dans l'ancien locataire de la Maison Blanche à modifier la vérité s'est aggravée avec les années d'après le journaliste Glenn Keesler en charge du fact checking du Washington Post : "Trump a compté en moyenne six fausses déclarations par jour au cours de sa première année en tant que président, 16 déclarations par jour au cours de sa deuxième année, 22 déclarations par jour sa troisième année et 39 déclarations par jour durant sa dernière année". Un record du monde pour un chef d'Etat.
Un rapport aux fausses informations que Donald Trump a entretenu depuis son départ de la Maison Blanche, notamment au moment d'annoncer sa candidature pour le scrutin de 2024. Durant son discours le républicain "a répété de nombreuses exagérations familières sur ses propres réalisations, a réitéré des attaques trompeuses contre des opposants politiques et a fait des évaluations désastreuses qui étaient en contradiction avec la réalité" dans une vingtaine de déclarations d'après le New York Times Fact Check. C'est donc sans surprise que Donald Trump a renoué avec cette habitude pour la campagne électorale de 2024.
Une technique bien rodée à l'efficacité prouvée
Il s'agit là d'une stratégie réfléchie grâce à laquelle le républicain cherche à imposer sa vérité, qui souvent sert ses intérêts, même si elle est en totale contradiction avec la réalité des faits. Et pour que ses déclarations erronées impriment dans l'esprit de ses partisans, il a ses méthodes : répéter autant que possible sa version des faits même après les vérifications et les démentis et reprendre des théories déjà existantes plutôt que d'inventer des vérités alternatives.
Donald Trump a effectivement tendance à réitérer ses déclarations mensongères, que ce soit pour se mettre en valeur ou pour dénigrer ses opposants. Un procédé qui lui permet de bénéficier de l'effet de la vérité illusoire auprès de ses partisans, c'est-à-dire la tendance à croire une information erronée vraie parce qu'elle est souvent répétée. Une étude de l'université Vanderbilt publiée dans Public Opinion Quarterly a confirmé une corrélation entre la répétition des "fake news" de Donald Trump et leur perception erronée de la réalité par le public.
Quant aux versions des faits alternatives soutenues par Donald Trump, elles sortent rarement de nulle part comme l'explique Elisa Chelle, professeure en science politique à l'université Paris Nanterre et spécialiste de la vie politique américaine, au Figaro : "Bien souvent, Trump n'invente rien. Il reprend des théories du complot diffusées sur les réseaux sociaux et les amplifie, pour aller dans le sens de l'électorat qu'il vise". Cela s'est confirmé à l'issue de l'élection présidentielle 2020 lorsqu'il a refusé de connaître la victoire de Joe Biden et accusé le camp démocrate d'avoir volé l'élection par la fraude. Donald Trump peut aussi s'appuyer sur des interprétations très libres et erronées de divers rapports, documents ou décisions de justice. Il l'avait fait durant la crise du Covid-19 lorsqu'il s'était appuyé sur des études pour rassurer sur la fin imminente de l'épidémie et le contrôle de la situation seulement quelques semaines après le début de la crise. Même chose dans le traitement de ses affaires judiciaires qu'il a qualifié de "chasse à l'homme".