Hymne de l'Algérie : quel est ce couplet anti-France réintroduit dans les paroles ?

Hymne de l'Algérie : quel est ce couplet anti-France réintroduit dans les paroles ? Dans un climat de tensions ravivées, depuis le début de l'année, entre Paris et Alger, un décret présidentiel publié au Journal officiel a élargi la liste des circonstances lors desquelles un passage anti-France de l'hymne algérien peut être chanté.

Depuis quelques jours, l'information tourne dans l'Hexagone : l'Algérie aurait rétabli un ancien couplet de son hymne national. Problème, celui-ci serait anti-France. Qu'en est-il concrètement ? Que sait-on de ce fameux couplet ? Si en France l'information ne fait parler d'elle que maintenant, le changement remonte à près d'un mois déjà. En effet, le 21 mai 2023, un décret présidentiel paru au Journal officiel (JO) algérien a modifié "les circonstances et les conditions d'interprétation, intégrale ou partielle, de l'hymne national ainsi que les partitions musicales, complètes et réduites, interprétées lors de cérémonies officielles". 

Un événement qui survient alors que les relations entre Paris et Alger se sont dernièrement tendues. Depuis le début de l'année 2023, l'entente cordiale n'est en effet plus vraiment d'actualité entre les deux pays au passé commun chargé. Cette nouvelle période de crise a débuté en février dernier, rappelle Le Monde, lorsque la France a participé à l'exfiltration, depuis la Tunisie et vers l'Hexagone, de l'opposante algérienne Amira Bouraoui, qui se trouvait alors sous le coup d'une condamnation en Algérie. À la suite de cet événement, Alger a choisi d'arrêter de délivrer les laissez-passer consulaires à la France. Il s'agit de documents dont Paris a besoin pour procéder à l'expulsion de clandestins jugés "indésirables".

La France n'avait jusqu'à ce vendredi pas encore réagi. Au micro de LCI, la ministre des Affaires étrangères française, Catherine Colonna, est finalement revenue sur cette décision. Rappelant dans un premier temps que "le texte a été écrit en 1956, dans un contexte qui était celui de la décolonisation, et pour tout dire de la guerre, d'où les fortes paroles qui nous concernaient", elle s'est ensuite interrogée sur "la décision d'étendre l'usage d'un hymne qui date d'une autre époque", estimant que "cela paraît un peu à contre-temps".

Quelles sont les paroles du couplet anti-France ?

Si l'ensemble du texte ne manque pas de véhémence ni de paroles crues qui peuvent aisément rivaliser avec la promesse de sang impur de La Marseillaise, le troisième couplet de l'hymne algérien, intitulé Kassaman, nomme clairement l'ennemi, à savoir la France.

Les paroles du couplet qui posent un problème sont les suivantes : "Ô France ! Le temps des palabres est révolu. Nous l'avons clos comme on ferme un livre. Ô France ! Voici venu le jour où il te faut rendre des comptes. Prépare-toi ! Voici notre réponse. Le verdict, notre révolution le rendra. Car nous avons décidé que l'Algérie vivra. Soyez-en témoin !" Un texte qui laisse donc peu de place à l'interprétation. 

Un couplet polémique qui n'a jamais vraiment disparu

Si l'on parle de réintroduction du couplet anti-France dans l'hymne algérien, celui-ci n'a jamais vraiment été supprimé. Écrit par le militant indépendantiste Moufdi Zakaria en 1955, puis adopté en tant qu'hymne national en 1963, le texte a régulièrement fait débat après la mort de l'ancien président algérien Houari Boumédiène.

Un compromis avait toutefois été trouvé en 1986. Depuis lors, l'hymne n'était chanté dans son intégralité que lors des congrès du FLN ou à l'occasion de l'investiture du président de la République. Le troisième couplet polémique n'était donc presque plus présent dans la vie publique. Mais ça, c'était avant le décret du 21 mai dernier. Le revoici donc inscrit au protocole de toutes les cérémonies officielles.