Avec de l'entrainement, les humains peuvent acquérir ce "super pouvoir" des chauves-souris

Avec de l'entrainement, les humains peuvent acquérir ce "super pouvoir" des chauves-souris Certaines capacités des animaux sont enviables. L'une d'elles, notamment détenue par la chauve-souris, est accessible par tous avec un peu de pratique.

Les animaux impressionnent par certaines de leurs capacités, inaccessibles à l'Homme : certains peuvent voler, d'autres voient dans le noir ou encore ont une ouïe ultra-développée. Pourtant, une autre bien particulière serait à la portée du cerveau humain, mais est peu connue. Il s'agit de l'écholocalisation, soit la manière dont certains animaux émettent des sons afin de repérer dans l'espace certains éléments, comme les obstacles, les proies ou les prédateurs.

Les chauves-souris et les cétacés, comme les dauphins ou les baleines, utilisent notamment cette technique. Certaines personnes aveugles en font aussi déjà usage, notamment depuis que l'écholocalisation a été mise en avant par Daniel Kish, fondateur de l'organisation non-gouvernementale World Access For The Blind. Ce dernier est né avec une maladie qui a obligé les médecins à lui retirer ses yeux dès l'âge de 13 mois. Il a alors été surnommé "l'homme chauve-souris", claquant sa langue pour repérer, grâce à l'écho, les obstacles sur son chemin.

De manière insoupçonnée, l'écholocalisation serait aussi accessible aux personnes qui n'ont pas perdu la vue. C'est à cet aspect que s'est intéressée Lore Thaler, neuroscientifique à l'Université de Durham, dans une récente étude, publiée dans la revue Cerebral Cortex. Avec des collègues, ils ont formé 12 participants aveugles et 14 voyants aux techniques d'écholocalisation de Kish pendant 10 semaines, en les faisant naviguer dans des labyrinthes virtuels. Ils cherchaient à comprendre si cette capacité pouvait être acquise à l'âge adulte.

A la fin de la période, ils ont constaté que les participants présentaient une activité accrue dans les zones du cerveau traitant la lumière et le son. "Rien ne prouve que les participants aveugles réagissent mieux à l'entraînement que les participants voyants", a expliqué Lore Thaler auprès de Nature. De plus, des personnes plus âgées ont réussi à acquérir cette compétence, l'âge n'étant donc pas un facteur déterminant. L'écholocalisation pourrait donc être acquise par tous à force d'entrainement et devenir "une autre façon d'explorer son environnement". 

Jusqu'où cette capacité peut-elle se développer ? Selon Lore Thaler, les plus performants peuvent déterminer si un objet situé à un mètre a bougé de quelques centimètres, mais aussi avoir une idée de sa forme sans le voir. La taille et la forme de l'objet influencent la qualité de l'écho et le temps de retour permet d'estimer sa distance. Il faut avant tout choisir une technique de bruit (claquement de doigt, bruit de bouche, taper des pieds...) et apprendre à bien écouter. Des expériences à plus grande échelle seraient toutefois nécessaires pour confirmer ces résultats.