Des scientifiques ont remonté d'étranges créatures translucides des fonds marins
À bord du brise-glace australien RSV Nuyina, soixante scientifiques explorent actuellement les effets du réchauffement sur le glacier Denman, le plus profond du monde. Large de 20 km et situé à 3 500 mètres sous la mer, il s'agit de l'un des glaciers qui fondent le plus rapidement en Antarctique de l'Est. Il pourrait à lui seul faire monter les océans de 1,5 mètre !
Mais cette expédition ne se limite pas aux glaces. Depuis le début du voyage, les scientifiques remontent à la surface des créatures rarement observées : des espèces d'araignées de mer "aussi grosses que votre main", des étoiles de mer "qui atteignent la taille d'une assiette" et des espèces de poulpes endémiques de la région, d'après la professeure Jan Strugnell, de l'Université James Cook.
"[Nous avons collecté] une très grande diversité d'une large gamme de vie marine, et probablement de nouvelles espèces pour la science", a déclaré la membre du programme australien de l'Antarctique, à ABC News. Pour capturer ces minuscules créatures fragiles sans les endommager ni les détruire, un "puits humide" a été spécialement conçu sur le navire. Concrètement, il s'agit d'un réservoir d'eau de mer qui garde les organismes marins vivants et en bonne santé après leur collecte.

L'une des créatures les plus étranges ? Le "cochon de mer". Espèce de concombres de mer des abysses, cet animal translucide de la famille des Elpidiidae vit sur les fonds marins. Long d'une dizaine de centimètres, son corps spongieux, gonflé, et ses petites pattes trapues lui donnent une silhouette vaguement porcine. Sa nourriture ? La "neige marine", une pluie constante de matière organique tombée des couches supérieures de l'océan.
Autre surprise : un minuscule escargot marin surnommé le "papillon de mer", dont le déplacement rappelle celui d'un vol plané. Peu après sa capture, l'animal a pondu des œufs dans l'un des aquariums du navire. Une aubaine pour les chercheurs puisque c'est la toute première fois qu'on peut observer en direct le développement embryonnaire de cette espèce.
"L'équipe est ravie d'avoir cette petite créature, de l'observer et de s'en occuper, afin qu'elle révèle tous les secrets qui lui ont été cachés jusqu'à présent", a déclaré le Dr Laura Herraiz Borreguero, du CSIRO et du Partenariat du programme antarctique australien (AAPP) auprès de ABC News. Le RSV Nuyina poursuit son périple autour du continent gelé encore quelques jours, avant de mettre le cap sur Hobart, en Tasmanie, début mai.