Jeanne d'Arc décrite comme "non-binaire" dans un livre scolaire, les historiens scandalisés

Jeanne d'Arc décrite comme "non-binaire" dans un livre scolaire, les historiens scandalisés L'histoire de Jeanne d'Arc, figure médiévale française, est racontée dans de nombreux manuels scolaires. L'un d'eux, qui mentionne l'identité de genre du personnage, a interpellé les historiens.

Jeanne d'Arc est une figure médiévale incontournable. Cheffe de guerre et sainte de l'Eglise catholique, elle a mené l'armée française à la victoire au siège d'Orléans, tournant de la guerre de Cent Ans entre la France et l'Angleterre. Brûlée au bûcher en 1431 pour hérésie, elle a été pointée pour ses vêtements masculins et ses cheveux courts, retenus contre elle lors de son procès, au point que les juges ont tenté de l'amener à se repentir sur ce sujet.

Jeanne d'Arc s'y est refusée assurant que c'était "une petite affaire" qui était du ressort du "commandement de Dieu et de ses anges". En 1450, le procès a été réexaminé : il s'est focalisé sur l'accusation de travestissement. Certains témoignages défendaient au contraire une tenue indispensable pour mener ses troupes et protéger sa chasteté. 

Le débat a été réinvesti à l'ère moderne. En 1936, la romancière Vita Sackville-West a questionné l'identité de genre de Jeanne d'Arc et sous-entendu qu'elle était peut-être lesbienne. En 1981, Marine Warner, écrivaine britannique, a assuré de son côté que la pucelle d'Orléans était androgyne : "En ne prétendant jamais être autre qu'une femme et une femme de chambre, elle usurpait la fonction d'un homme mais secouait complètement les entraves de son sexe pour occuper un troisième ordre différent, ni masculin ni féminin".

Que disent alors les manuels scolaires aujourd'hui ? Le sujet est évoqué dans l'anthologie Who We Are publiée par l'éditeur Collins, qui a été finaliste des "Prix des ressources éducatives 2024" et qui regroupe des "textes et des écrivains contemporains plus représentatifs et inclusifs" à destination des enseignants pour des plans de cours adaptés aux élèves de 11 à 14 ans.

L'ouvrage évoque Jeanne d'Arc comme étant "aujourd'hui considérée par certains comme non-binaire", non pas dans un chapitre qui lui est consacré, mais pour fournir une référence historique autour de la biographie de la drag queen britannique Amrou al-Kadhi. "Ces références historiques et mondiales peuvent préparer les élèves peu familiarisés avec les identités LGBTQ+ à comprendre le contenu de l'extrait", défend l'ouvrage. 

Jeanne d'Arc n'a pourtant jamais prétendu ne pas être une femme. Cette association "non-binaire", qui est en plus apparue seulement à la fin du XXe siècle, a indigné certains historiens. "Jeanne d'Arc s'est battue en tant que femme et est morte en tant que femme. L'appeler autrement est une insulte envers elle et, indirectement, envers toutes les femmes qui ont le courage de risquer leur vie pour leurs convictions – comme si les femmes étaient incapables d'héroïsme", a déclaré Robert Tombs, professeur d'histoire de France à l'Université de Cambridge, au Telegraph.

"C'est un autre exemple ridicule de tentative de réécrire l'histoire et d'effacer des personnages féminins forts et rebelles de notre passé", a aussi estimé Carolyn Brown,  psychologue, membre du réseau des Droits des femmes.