P. Diddy condamné à quatre ans de prison, les victimes en attendaient bien plus
Le verdict est tombé. On s'attendait à voir P. Diddy partir en prison pour de nombreuses années. Il n'a finalement été condamné qu'à 50 mois de prison, soit quatre ans et deux mois, assortis de cinq ans de mise à l'épreuve et d'une amende de 500 000 dollars. Il risquait pourtant la perpétuité, accusé de violences sexuelles envers son ancienne compagne mais aussi d'autres femmes à travers ses " freak off parties ", des soirées lors desquelles se mêlaient drogue, caméras et escorts.
Il a finalement été jugé non coupable des accusations de trafic sexuel et de racket, mais coupable de transport de personnes à des fins de prostitution.
La stratégie non payante du DOJ
Le département de la Justice (DOJ) était en charge de la stratégie à adopter face aux jurés dans ce procès. L'accusation a été basée sur la loi RICO (Racketeer Influenced and Corrupt Organizations Act), qui a été adoptée en 1970 pour lutter contre la mafia, rappelle Le Parisien. Ce dispositif permet généralement d'envoyer les accusés en prison pour une très longue durée. Il suffit de prouver qu'une personne a dirigé ou participé à une structure qui commet de manière répétée des délits tels que l'extorsion, le trafic, la fraude ou encore l'exploitation sexuelle.
"Ce que vous lisez là, ce n'est pas du consentement. C'est une soumission apprise", a tenté de démontrer la procureure Christy Slavik, appuyant la thèse de l'accusation : les victimes étaient sous emprise et ne participaient pas volontairement aux soirées.
C'est sur ce point que la procureure a eu du mal à convaincre les jurés, d'autant que plusieurs témoins n'étaient pas présents et que des contradictions entre les récits d'emprise ont été pointées du doigt. Alors que la loi RICO aurait probablement permis d'obtenir la perpétuité, cette stratégie a finalement affaibli l'accusation et le tribunal n'a retenu que les charges de transports inter-États "dans l'intention" de se livrer à la prostitution.
La déception des victimes
L'avocat de Cassie Ventura, ancienne compagne de Sean Combs (véritable nom de P. Diddy) dont la plainte civile a permis l'ouverture de l'enquête pénale, assure qu'elle "a fait preuve d'une force incontestable". Les récits de violences sexuelles ont été réduits à "une grande histoire d'amour moderne" par Marc Agnifilo, l'avocat principal de la défense qui a reconnu une relation toxique. De son côté, Adria English, l'une des victimes, déplore ne pas avoir été appelée à témoigner : "On ne m'a pas donné l'occasion de m'exprimer devant la cour."
Mais cette décision de justice ne signifie pas que l'affaire P. Diddy est terminée. Sauf appel de la défense, le dossier au pénal a bien pris fin ce vendredi 3 octobre, mais les victimes peuvent encore avoir recours à des actions civiles.
Aux États-Unis, le droit permet aux victimes de crime sexuel de poursuivre leur bourreau en dommages et intérêts. Il leur suffit d'une "prépondérance de preuves". Au pénal, les jurés doivent être convaincus "au-delà du doute raisonnable", alors qu'au civil, la balance doit simplement pencher en faveur des plaignants pour que la responsabilité soit retenue. Une action civile pourrait également être filmée, ce qui permettrait aux victimes qui n'ont pas été entendues de porter haut leur voix dans cette affaire.