Accusé de racisme contre Aya Nakamura, ce groupe avance un argument très étonnant
Ils se sont fait remarquer à l'hiver 2024 avec une banderole au slogan raciste visant la chanteuse franco-malienne Aya Nakamura. Ce mercredi 4 juin, treize membres du groupe d'extrême droite prénommé les Natifs sont jugés au tribunal correctionnel de Paris pour injure publique en raison de la prétendue origine, ethnie, race ou religion après cette action militante coup de poing qui avait fait le tour des réseaux sociaux. Il s'agit de dix hommes et trois femmes âgés de 20 à 31 ans.
A l'époque, les Natifs, qui se présentent comme les héritiers du groupe Génération identitaire dissous en 2021, avaient manifesté avec leur banderole raciste pour s'opposer à la participation d'Aya Nakamura à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024. "Y'a pas moyen Aya, ici c'est Paris, pas le marché de Bamako", avaient-ils écrit en lettres capitales. Un message pensé pour "stigmatiser Aya Nakamura non pas en raison de sa culture mais de son origine africaine" selon les éléments de l'enquête menée par l'Office central de lutte contre les crimes de haine et la haine en ligne (OCLCH) rapportés par Médiapart et Streetpress. Le collectif qui se surnomme lui-même "le syndicat des petits blancs" revendique la dénonciation et la lutte contre "l'africanisation" de la culture française.
Interrogés sur leur bannière injurieuse contre la chanteuse Aya Nakamura, les Natifs démentent tout racisme et brandissent l'argument de la "liberté d'expression". Un argument irrecevable puisque l'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen pose les limites à la liberté d'expression : "Tout citoyen peut parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi". Des limites qui prévoient entre autres la protection de droits de la personnalité qui interdit notamment toute discrimination en lien avec la race, l'origine ou l'ethnie.
L'un de leur membre, un prénommé Stanislas, met d'ailleurs au défi de prouver le caractère raciste du message. Une autre personne affiliée au groupe d'extrême droite assure servir "une cause qui nous dépasse". Laquelle ? La lutte contre le "grand remplacement", une théorie complotiste et raciste selon laquelle les populations européennes seraient en train d'être "remplacées" par des étrangers issus de l'immigration.
Si le groupe des Natifs a nié le caractère raciste de son action contre Aya Nakamura en audition, il fait preuve d'un racisme décomplexé en privé. L'idéologie identitaire et xénophobe est parfaitement assumée par les membres du groupe comme le démontrent des messages échangés avant l'action coup de poing relayés par Médiapart et Streetpress. Les militants d'extrême droite avaient proposé une première version du slogan : "Y'a pas moyen Aya, ici c'est Paris, pas Kinshasa !". Une suggestion rejetée pour l'incohérence géographique relevée un membre du groupe qui a rappelé que Kinshasa est la capitale du Congo et non du Mali. Une distinction qui semblait cependant avoir peu d'importance : "Mais bon, c'est l'Afrique quoi". "Après on est raciste donc on s'en fout", a réagi un autre militant voyant son intervention approuvée dans l'hilarité : "Ptdr [pété de rire] j'avoue".