Meurtre raciste dans le Var : ce qu'a dit le suspect dans les vidéos publiées avant et après le crime

Meurtre raciste dans le Var : ce qu'a dit le suspect dans les vidéos publiées avant et après le crime L'homme suspecté d'avoir commis un meurtre raciste et terroriste à Puget-sur-Argens (Var), le samedi 31 mai, a revendiqué l'attaque dans plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. Dans ces extraits, il tient des propos xénophobes et incitant à la haine.

Un meurtre à caractère raciste et terroriste, c'est la piste privilégiée par les enquêteurs après le meurtre d'Hichem Maraoui. Le Tunisien de 45 ans a été tué par son voisin, un dénommé Christophe B., dans la soirée du samedi 31 mai à Puget-sur-Argens, dans le Var. Une autre victime de l'attaque, un jeune homme de 25 ans et d'origine kurde, a été blessée à la main par deux impacts de balle. L'homme soupçonné d'être à l'origine du meurtre a été interpellé par le GIGN et placé en garde à vue.

Plusieurs éléments comme le profil des victimes et les propos tenus par le suspect dans des vidéos publiées avant et après le meurtre d'Hichem Maraoui appuient la piste d'un crime raciste. Le procureur de la République de Draguignan a qualifié les propos tenus dans lesdites vidéos de "racistes et haineux". Mais les autorités considèrent également cette attaque comme un acte terroriste imputé à l'ultradroite et le parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de l'affaire après la revendication du crime par le suspect. Cette saisie implique que l'enquête revient à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et à la sous-direction antiterroriste. Le suspect est désormais soupçonné d'"assassinat et tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste", "commis en raison de la race, de l'ethnie, la nation ou la religion", ainsi que pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle".

C'est la première fois que le Pnat se saisit d'un acte terroriste perpétré en lien avec l'ultradroite. S'il s'agit d'un premier dossier du genre concernant un acte réalisé, ce n'est pas la première fois qu'un projet terroriste d'ultradroite est porté à la connaissance des autorités. 

Que sait-on du suspect ?

Le principal suspect a été arrêté alors qu'il tentait de prendre la fuite en voiture après que sa compagne a signalé le meurtre aux autorités. Il s'agit d'un artisan chaudronnier de 53 ans sans antécédents judiciaires et qui était jusque-là inconnu des services de police. Pratiquant le tir sportif, l'homme a été retrouvé avec plusieurs armes de type "pistolet automatique, fusil à pompe et arme de poing" à bord du véhicule selon le parquet.

D'après le déroulé des faits, Christophe B. a quitté son domicile armé pour se rendre chez ses voisins qui organisaient une soirée et a fait feu contre Hichem Maraoui, le touchant mortellement à cinq reprises, et blessant une autre victime Akif B. Il a ensuite pris la fuite avant d'être interpellé. Selon les informations de BFM Var, l'épouse du suspect a indiqué que ce dernier était excédé par la présence d'étrangers dans la résidence où les faits se sont produits. En garde à vue, le suspect a reconnu les faits qui lui sont reprochés disant être "agacé par le comportement de ses voisins", mais il a contesté le caractère raciste du meurtre.

D'autres éléments d'enquête ont permis de confirmer le comportement xénophobe de Christophe B. L'homme publiait des messages à caractère xénophobe et raciste sur les réseaux sociaux depuis plusieurs années. Un penchant raciste également repéré par des proches interrogés par BFMTV.

Le suspect parle d'allégeance au bleu-blanc-rouge"

Les vidéos filmées et diffusées par le suspect sont d'une grande violence selon les informations du parquet. Dans ces images, le suspect exhibe des armes et tient plusieurs revendications racistes selon les informations de BFMTV obtenues d'une source proche de l'enquête. Dans l'une d'elles, filmée avant le passage à l'acte, le suspect annonce son projet meurtrier en lui donnant une dimension politique dans des déclarations rapportées par Le Monde : "Ce soir, on dit stop, stop aux islamiques de mes deux. [...] Moi, y a pas d'allégeance à Al-Qaida ou quoi que ce soit, moi, c'est l'inverse, c'est l'allégeance au bleu-blanc-rouge."

Dans d'autres extraits, le suspect Christophe B. appelle les Français à agir contre ceux qu'il appelle les "islamo" et les étrangers sans papiers, à "aller les chercher là où ils sont". Le suspect invite aussi les Français à "bien voter" en faisant plusieurs références à l'extrême droite et au Rassemblement national : "L'Etat n'est pas capable de nous protéger, de les renvoyer chez eux. Jean-Marie [Le Pen] nous l'avait dit qu'on serait dans la merde. On est dans la merde. Alors je suis pas un pro-RN, mais voilà, si Marine [Le Pen] ou Jordan [Bardella] passent pas, les mecs, réveillez-vous, parce que vous allez vous faire enculer". Il exprime une colère envers les étrangers, mais aussi envers une partie de la classe politique résumée aux "gauchos" et se perd dans des revendications géopolitiques contre les "pro-Gaza".

Un acte revendiqué et un "pétage de plombs"

Le suspect exprime la volonté de faire de son attaque un événement médiatique en disant s'apprêter à faire "un carton" avant d'être "[vu] aux infos". S'il revendique son acte, le suspect semble aussi conscient d'avoir commis l'irréparable disant avoir "sali son âme" : "Je meurs pour la France, je meurs parce que j'en ai plein le cul de tous ces gens de merde. [...] Là, j'ai dégommé les deux, trois merdes qui étaient près de chez moi pour commencer, parce qu'il fallait les éliminer. [...] Ceux qu'en ont pris près de chez moi, ils le méritaient, parce que la police et la justice ne font pas leur boulot. Eux, ils méritaient, parce que tous les jours insulter, tous les jours rabaisser, tous les jours on vous traite de raciste… Ben un jour, voilà, un jour on pète les plombs".

Filmant l'une des dernières vidéos durant sa fuite en voiture après le meurtre, le suspect évoque un possible suicide et dit au revoir à ses proches tandis que les voitures de police se rapprochent. "Je suis un peu tendu. Je me la mettrai avant qu'ils me la mettent, je sais où me la mettre pour pas souffrir, voilà. Au revoir tout le monde, à bientôt, là-haut", déclare-t-il en vidéo avant d'être interpellé en vie.