Attaque au couteau à Nantes : Justin P. visait bien l'adolescente, il s'est "acharné" sur elle

Attaque au couteau à Nantes : Justin P. visait bien l'adolescente, il s'est "acharné" sur elle Justin P., le jeune homme de 16 ans suspecté d'avoir tué une lycéenne et blessé trois autres élèves, a été interné en psychiatrie. Aucun mobile n'est pour le moment avancé, mais l'adolescente décédée était bel et bien particulièrement visée.

L'essentiel :

  • Un lycéen s'est introduit dans l'établissement scolaire de Notre-Dame-de-Toutes-Aides, à Nantes, jeudi 25 avril, à la mi-journée, armé d'un couteau. L'individu a poignardé au moins quatre personnes. Une lycéenne a succombé à ses blessures après avoir reçu 57 coups de couteau. Elle était visée par le jeune homme qui a ensuite blessé trois autres personnes dans une autre classe au hasard. Elles sont désormais hors de danger. L'auteur des faits serait un jeune homme de 16 ans, Justin P., scolarisé dans ce lycée en classe de seconde et inconnu des services de police. Il a été placé en garde à vue mais cette dernière a été jugée incompatible avec son état psychologique, il a donc été interné en psychiatrie sous la contrainte.
  • Lors de sa garde à vue, il a expliqué qu'il était dans un état "de rêve lucide", comme le rapporte Presse Océan. "Je me suis mis à courir avec le couteau que j’avais à la main, un peu déconnecté de moi-même. Je suis rentré dans une classe et là, c’est parti […] J’ai commencé à planter des gens", a-t-il raconté. "Je ne peux pas dire mes motivations parce que j’ai trop de raisons dans la tête", a-t-il également expliqué aux enquêteurs. Le procureur, lors de sa conférence de presse du 25 avril, a confirmé qu'aucun mobile n'était pour le moment avancé. L'hypothèse d'une relation affective avec la jeune fille à l'origine du drame a été écartée. Elle était pourtant "la seule personne avec laquelle il estimait pouvoir avoir un dialogue de qualité".
  • Le matin-même, il avait envoyé un manifeste de 13 pages à ses camarades, dans lequel il dresse un sombre bilan de la société actuelle. "La mondialisation a transformé notre système en une machine à décomposer l’humain. Lentement, méthodiquement (...) Elle nous enferme dans un piège, de la naissance jusqu’à la mort, dans leur monde "renouvelé", une sorte de sanctuaire d’abattage géant qui recouvre désormais toute la surface de la Terre", peut-on par exemple lire.
  • Le jeune homme a été décrit comme "solitaire" par le procureur et avec peu d'amis. Le suspect est aussi fasciné par Hitler et suicidaire. Il se serait notamment scarifié le front juste avant son passage à l'acte. Il a été élevé par sa mère avec laquelle il entretiendrait "d'excellentes relations".
En direct

23:29 - "Le problème c'est pas les couteaux, c'est les enfants qui vont mal", selon Valérie Ginet, de la Fep-CFDT

"Ce qui a pu manquer (...) c'est du personnel formé, des personnels psychologues, des enseignants formés à détecter des signaux faibles chez des élèves (...) on a peut-être pas suffisament de temps (...) le problème c'est pas les couteaux, c'est les enfants qui vont mal", estime Valérie Ginet, secrétaire générale de la Fep-CFDT, sur le plateau de BFMTV.

22:46 - Un sénateur écologiste veut faire de la santé mentale des jeunes "une grande cause nationale"

Ronan Dantec, sénateur écologiste de Loire-Atlantique, a lancé un appel ce vendredi sur franceinfo pour que la santé mentale des jeunes devienne "une grande cause nationale". "Ce n'est pas sur les portiques qu'il faut investir, mais sur le médico-social, sur les personnes qui vont permettre d'accompagner ces adolescents en difficulté", a-t-il défendu.

21:50 - Comment va se poursuivre l'enquête ?

Lors d’un point presse, le procureur de Nantes a indiqué que le jeune mis en cause est actuellement pris en charge dans un centre de soins, où il doit rester quelques jours pour y recevoir un traitement adapté. Il a précisé ne pas être en mesure de dire combien de temps durera cette hospitalisation, ni à quel moment la garde à vue pourra reprendre pour permettre la poursuite de son auditio. Le magistrat a également précisé que l’enquête avait été ouverte pour meurtre, tout en soulignant que certains éléments pourraient laisser penser à une préméditation, ce qui, le cas échéant, ferait évoluer la qualification vers un crime d’assassinat.

21:15 - Le suspect serait rentré dans la classe une première fois pour repérer la victime

Le principal suspect s’est d’abord introduit dans la salle de classe, le visage à découvert, où il commettra plus tard l’irréparable. Il y a demandé un prénom et un nom, qui n’auraient apparemment aucun lien avec les faits, avant de ressortir pour se rendre aux toilettes, où il a enfilé une cagoule. "On pense qu'il peut s'agir d'un prétexte pour entrer et pour repérer si (la victime) était bien dans cette salle de classe", selon une source interrogée par BFMTV.

20:32 - L'hypothèse du harcèlement scolaire écartée

 "Le jeune indique n’avoir fait l’objet d’aucun harcèlement, ni à l’école, ni ailleurs. Il avait simplement parfois le sentiment qu’on le traitait de façon différente des autres", selon le procureur de la république de Nantes qui écarte l'hypothèse du harcèlement pour expliquer le passage à l'acte du jeune homme.

19:48 - Une "personnalité complexe"

Lors de sa conférence de presse, le procureur de la République a livré quatre éléments clés pour mieux cerner la "personnalité complexe" du jeune suspect.

Il a d’abord souligné que l’adolescent était perçu par son entourage comme "extrêmement solitaire". "Il a peu d’amis, voire aucun, et peu de dialogue", a précisé le procureur. Cette isolement social n’a pas manqué d’inquiéter sa mère, qui avait pris l’initiative de solliciter un accompagnement. À sa demande, son fils avait ainsi été orienté vers la Maison des adolescents de Nantes, où il avait été reçu à six reprises avant le passage à l’acte.

Le procureur de la République a ensuite apporté trois précisions supplémentaires sur la personnalité du jeune mis en cause.

Il a d'abord fait état d’une "forme de fascination pour Hitler", un élément préoccupant qui avait conduit la direction du lycée à le convoquer, en présence de sa mère, la veille des vacances de Pâques. Ce comportement s’inscrit dans un profil déjà jugé inquiétant.

Le deuxième aspect abordé concerne une dimension suicidaire marquée : l’adolescent aurait inscrit, dans les toilettes de l’établissement, des messages explicites révélant son mal-être profond, dont l’un évoquait son souhait de "se faire trancher la gorge".

Enfin, le procureur a rappelé que le lycéen était élevé par sa mère, avec laquelle il entretenait "d'excellentes relations". En revanche, ses liens avec son père, dont il est séparé en raison du divorce des parents, étaient plus rares et plus compliqués.

19:27 - Les détails sur l'interpellation du suspect

Lors de sa conférence de presse, le procureur de la République a raconté qu’un technicien informatique, alerté par les cris provenant de l’étage, s’était précipité vers la deuxième salle de classe. En entrant, il aperçoit l’agresseur de dos, armé d’un couteau. Sans hésiter, il lui assène un coup de chaise dans le dos et à la tête. Le lycéen tente alors de s’en prendre à lui, le poursuivant hors de la salle.

Le technicien parvient toutefois à le conduire dans un espace fermé, une sorte de sas, dans lequel l’adolescent se retrouve bloqué. Un échange s’installe alors entre les deux, et l’élève accepte finalement de déposer ses armes – le couteau et un petit canif dissimulé dans sa poche. Peu après, les forces de l’ordre arrivent sur les lieux et procèdent à son interpellation.

18:58 - L'écriture du manifeste interpelle

Le matin du drame, le jeune homme a envoyé un manifeste de 13 pages à tous les élèves de l'établissement dans lequel il dresse un sombre portrait de la société actuelle. Il avait déclaré l'avoir commencé quelques jours avant le drame et l'avoir terminé juste avant son passage à l'acte. "La qualité de la prose peut questionner sur son auteur réel", a cependant précisé ce vendredi le procureur.

18:45 - La déception amoureuse écartée

S'il a bien visé l'adolescente décédée, il ne semblait pas entretenir de relation amoureuse avec elle. Il appréciait toutefois leurs discussions. "Le concept de 'déception amoureuse' n'est pas le concept que [le suspect] avance lui-même, donc en l'état on ne peut pas parler de déception amoureuse", a assuré le procureur. "Ce n'est pas par hasard qu'il s'en est pris à elle", alors que les trois autres victimes ont été ciblées "par hasard". 

18:44 - La préméditation questionnée

Le procureur a, lors de sa conférence de presse, précisé que l'enquête a été ouverte pour meurtre. Cependant, la question de la préméditation se pose. "Des éléments susceptibles de caractériser une préméditation" pourraient entraîner une requalification en "assassinat", qui peut être "réprimé par la réclusion criminelle à perpétuité, y compris pour un mineur".

18:18 - Quel mobile pour le suspect ?

Selon le procureur, le suspect a estimé qu'il pouvait donner plusieurs mobiles, mais sans les détailler. Le premier mobile écarté est une potentielle relation affective avec la jeune fille qui l'a tuée, "elle était la seule personne avec laquelle il estimait pouvoir avoir un dialogue de qualité". Il l'avait rencontré lors d'un séjour scolaire à Rome. L'hypothèse du harcèlement a également été écartée. Il soulève toutefois sa personnalité complexe. Le suspect était notamment fasciné par Hitler, décrit comme "extrêmement solitaire" et suicidaire. 

18:14 - Le suspect se serait scarifié juste avant les faits

Selon le procureur, avant de passer à l'acte, le lycéen a passé un long moment dans les toilettes. "Il écrit quelques phrases au mur (...), il se scarifie avec son couteau sur le front (...) et à 12h15 il envoyait le mail" reçu par l'ensemble de l'établissement. Il devrait être "pris en charge par une unité psychiatrique pour adolescent suicidaire".

18:12 - Des adolescents assez proches du jeune homme blessés

Après avoir tué la jeune fille, le jeune mis en cause s'est rendu dans une seconde classe où il s'en est pris à trois autres personnes, deux garçons et une fille. Selon le procureur de la République de Nantes, il s'agit de proches du jeune homme mais qui ont été visés au hasard. Blessé, l'un d'eux a dû être opéré et a été placé en réanimation. Il est ce vendredi matin hors de danger et a été entendu par la police.

18:09 - 57 coups de couteau sur la jeune fille décédée

Lors de sa conférence de presse, Antoine Leroy, procureur de la République de Nantes, revient sur l'attaque de la jeune fille décédée. Le jeune homme est arrivé le visage masqué, ne prononçant aucune parole. Avec un couteau de 20cm, il s'en est pris "immédiatement et exclusivement" à la jeune fille décédée dans la première salle de classe. Elle a reçu 57 coups de couteau, surtout dans la veine jugulaire et la carotide. Il aurait continuer à s'acharner sur elle une fois qu'elle était à terre.

16:50 - Un moment fort au lycée Notre-Dame-de-Toutes-Aides

Depuis 15h30, un rassemblement se tient dans l'enceinte du lycée Notre-Dame-de-Toutes-Aides à Nantes. Les collégiens et lycéens scolarisés ainsi que le personnel ont pu rentrer pour rendre hommage aux victimes. A l'extérieur, des centaines de jeunes d'autres lycées et des parents apportent aussi leur soutien. Un membre du comité de direction du groupe scolaire a pris la parole à la fin de la cérémonie, comme le rapporte Ouest-France : "Merci pour ce beau moment très fort. La cérémonie touche à sa fin. Les élèves et les familles vont bientôt sortir par petits groupes". Pendant ce rassemblement, des consignes strictes ont été posées : ne pas divulguer le nom de famille de la lycéenne tuée et ne pas déposer de photo d'elle.

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