La séance de cryothérapie sont-elles dangereuses ? Une deuxième victime après une fuite d'azote

La séance de cryothérapie sont-elles dangereuses ? Une deuxième victime après une fuite d'azote Une personne est morte et une autre se trouve en état de mort cérébrale après une séance de cryothérapie dans une salle de sport parisienne. Une fuite de gaz liée à la machine serait à l'origine du drame.

Une pratique de bien-être a viré au drame dans une salle de sport parisienne. Une personne est décédée et une autre se trouvait dans un état d'urgence absolu, lundi soir, après avoir été exposées à une fuite d'azote dans la salle de sport On Air du 11ème arrondissement de Paris, comme le rapporte Le Parisien.

La personne en état d'urgence absolu, née en 1991, est désormais "en état de mort cérébrale" depuis jeudi 17 avril, a annoncé le parquet, vendredi 18 avril.

"La victime est une employée de la salle de sport née en 1996", a indiqué lundi 14 avril le parquet de Paris. "Le rapport d'autopsie de la première victime conclut à un syndrome asphyxique dans un milieu appauvri en oxygène", toujours selon le parquet.

Une enquête en recherche des causes de la mort a été ouverte et confiée au commissariat de police du XIe arrondissement de Paris, en co-saisine avec l'inspection du travail a fait savoir le parquet. Une autopsie et des analyses toxicologiques doivent être réalisées pour "déterminer avec précision les causes de la mort" qui serait survenue au cours d'une séance de cryothérapie.

Selon les premiers éléments de l'enquête, la fuite d'azote serait liée aux cuves de récupération en cryothérapie, ces caissons de froid utilisés pour la récupération des muscles. Elle pourrait avoir été causée par des travaux de plomberie menés le jour du drame au sein de la salle de sport.

La cryothérapie est une thérapie par le froid, utilisée sur une zone précise du corps, ou sur le corps entier, via des sprays, de la glace appliquée sur la zone, ou des bains. Dans la plupart des salles de sport et des instituts la pratiquant, la cryothérapie se fait grâce à des cabines dans lesquelles les vapeurs d'azote liquide font descendre la température descend entre -110°C et -150°C. Lors d'une séance, les clients sont placés dans les cabines pendant 1 à 3 minutes, jamais plus selon Doctolib.

Un risque d'exposition à l'azote en cryothérapie ?

L'azote est un gaz inodore présent en grande quantité dans l'air, comme l'oxygène. Il ne représente aucun danger dans des conditions de pression et de température ambiantes selon l'entreprise spécialisée Air Liquide, mais l'exposition à l'azote peut devenir dangereuse lorsque le gaz est stocké et qu'il y a des fuites d'azote. Or, l'azote est stocké en grande quantité dans les cabines de cryothérapie, des caissons dans lesquels la température descend entre -110°C et -150°C sous l'effet de la vapeur d'azote liquide. Lors d'une séance de cryothérapie, les clients sont placés dans ces cabines, ou dans des baignoires remplies de glaçons, pendant 2 à 3 minutes maximum.

Lorsqu'une fuite d'azote est en cours dans un espace confiné, comme c'est souvent le cas dans les chambres de cryothérapie, elle peut "appauvrir la zone en oxygène et créer un danger d'anoxie, c'est-à-dire d'asphyxie, qui peut être fatal", poursuit Air Liquide. Avant l'asphyxie, une fuite d'azote peut entraîner une intoxication et une perte de connaissance. C'est pourquoi il est indispensable de contrôler la teneur en oxygène d'une pièce, en particulier lorsque des retenues d'azote sont réunies dans un même lieu.

Du fait des risques liés à l'azote, les entreprises pratiquant la cryothérapie doivent répondre à plusieurs normes de sécurité : l'installation d'un ou plusieurs ventilateurs dans la cabine pour maintenir une bonne qualité d'air comme prévu par un document de 2019 de l'Association française de génie civil, et une formation des employés afin qu'ils aient conscience "du risque d'asphyxie" qu'ils soient "aptes à intervenir sans se mettre en danger". Si ces conditions ne sont pas remplies, notamment la ventilation, l'activité de cryothérapie doit immédiatement cesser. 

Des bienfaits et des problèmes liés à la cryothérapie

La cryothérapie a été démocratisée il y a quelques années par les sportifs. Cette pratique est censée améliorer la récupération musculaire et présenter des bienfaits au niveau des douleurs articulaires, rhumatismales ou chroniques, explique le site suisse de l'Hôpital de La Tour. Le réseau de kinésithérapie francilienne IK ajoute que la cryothérapie est supposée être anti-inflammatoire, améliorer la récupération musculaire et la régénération tissulaire, et être bénéfique à la gestion du stress, de l'anxiété, et même des troubles du sommeil. 

La pratique ne fait cependant pas l'unanimité et dans une étude publiée en 2019, l'institut de recherche médicale Inserm soulevait des "problèmes de sécurité" d'une cryothérapie pour le corps entier et "des effets secondaires bien réels". Parmi ces effets, l'institut citait des "brûlures locales au 1er ou 2e degré, céphalées ou accentuations des douleurs présentes, urticaire chronique au froid, panniculite à froid, intolérances digestives et plusieurs cas d'ictus amnésique".

Il y a d'ailleurs des contre-indications à la cryothérapie. Il vaut mieux passer son chemin si l'on souffre d'hypertension artérielle, d'insuffisance circulatoire ou respiratoire, d'un syndrome de Raynaud ou d'une allergie au froid, ou encore si l'on est appareillé d'un pacemaker.