Mort de Lisa, 11 mois : la peine est tombée, ce choix de dernière minute qui ne passe pas auprès des parents

Mort de Lisa, 11 mois : la peine est tombée, ce choix de dernière minute qui ne passe pas auprès des parents Lisa a été victime d'une ingestion mortelle d'un liquide caustique de type acide en 2022 à Lyon. L'ancienne employée de crèche a été reconnue coupable de "torture ou actes de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner", une requalification insensée pour les proches de l'enfant.

Les parents de Lisa, une enfant de 11 mois morte intoxiquée par une ingestion massive du déboucheur liquide Destop imposée par une employée de crèche le 22 juin 2022, étaient restés coi face au verdict rendu le jeudi 3 avril 2025. La justice a décidé de condamner Myriam Jaouen, 30 ans, l'ancienne employée de la crèche Danton rêve (groupe People&Baby) à Lyon, responsable de la mort de la petite fille, à 25 ans de réclusion criminelle, avec une peine de sûreté de 12,5 ans pour "torture ou actes de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner".

Le parquet de Lyon a annoncé ce vendredi 11 avril faire appel de la décision de justice. Un nouveau procès devrait donc avoir lieu dans les prochains mois. Plus que la peine, c'est la qualification du crime qui motive l'appel. Myriam Jaouen a été jugée coupable de "torture ou actes de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner" alors qu'elle comparaissait initialement devant les assistes pour "meurtre volontaire sur mineur de 15 ans". La requalification des faits a été "difficilement compréhensible pour les parents (...) Ils ont l'impression qu'ils la perdent deux fois", selon les propos de leur avocate, Me Catherine Bourgade, rapportés par France 3.

"Il faut savoir que cette qualification n'avait jamais été évoquée dans le cadre de l'instruction. Le président l'a proposée à l'audience. Même la défense semblait trouver cela peu compatible avec le dossier. On est extrêmement surpris", a raconté l'avocate. C'est seulement en ouverture d'audience mardi 1er avril que le président de la cour a proposé pour la première fois une telle requalification des faits. L'accusée avait, pour sa part, reconnu avoir fait ingérer ce produit toxique à l'enfant, mais avait nié avoir l'intention de lui ôter la vie : "Je ne pensais pas que ça allait la tuer. Je voulais la faire taire, elle me faisait mal aux oreilles", a-t-elle déclaré durant le procès. 

Le procès en appel sera l'occasion de rappeler les réquisitions du parquet à l’encontre de l’accusée, Myriam Jaouen. Une peine de 30 ans de réclusion criminelle pour "homicide volontaire sur mineur de moins de 15 ans", avec une période de sûreté de 20 ans, avait été requise. La peine a donc été allégée par les juges, elle pourra être une nouvelle fois alléger ou au contraire alourdie.

"Mange et tais-toi" 

Après avoir raconté aux secours et aux témoins - qui ont pris en charge le bébé - que ce dernier avait avalé de la gouache par accident lors d'une activité peinture, l'accusée était apparue un peu plus loquace en garde à vue, après son interpellation au parc de la Tête d'Or, vers 15 heures, le jour des faits. Elle confiait alors un mal-être lié à une potentielle fausse couche et reconnaissait avoir voulu "faire taire l'enfant", indisposée par ses pleurs. C'est alors que la femme de 30 ans aurait selon elle "pété un câble", pris la bouteille de Destop, avant de l'aurait versée dans la bouche de la petite fille en lui disant : "Mange et tais-toi". Une bouteille qui a été retrouvée dans la crèche par les policiers, au trois quarts vide. 

Dans son téléphone, les enquêteurs ont également trouvé des éléments accablants contre celle qui est titulaire d'un CAP petite enfance et qui travaillait depuis dix ans au contact d'enfants. Le matin du drame, alors que le père de la petite Lisa quitte la crèche pour partir travailler, Myriam Jaouen l'a pris en charge et moins d'un quart d'heure plus tard, à 7h59 précises, elle effectuait la recherche suivante sur son téléphone : "que faire quand un enfant a mangé un déboucheur pour toilette", relate Le Parisien. Alors que Lisa s'arrêtait de pleurer, l'employée a été découverte "complètement paniquée" par un couple venu déposer leur enfant, et la petite Lisa sur le sol, en train de vomir. 

Le bébé avait été pris en charge par les secours et arrive à l'hôpital vers 9 heures. Dans les quinze minutes suivantes, de nouvelles recherches troublantes avaient été retrouvées dans le téléphone de l'accusée : "gouache avaler", "peinture acrylique toxique bébé", ou encore "deboucheur toilette avaler par un enfant", entre 9h17 et 12h33. D'après l'expert psychiatrique en charge du dossier, Myriam Jaouen présentait "une efficience cognitive dans la limite faible de la normalité". La femme de 30 ans était également décrite comme "peu professionnelle" par certains parents de la crèche lyonnaise.

Dernières mises à jour

16:40 - Le parquet de Lyon annonce faire appel

Le parquet de Lyon a annoncé faire appel de la condamnation de Myriam Jaouen pour "torture ou actes de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner" ce vendredi 11 avril. Le 3 avril, la cour d'assises du Rhône a prononcé une peine de 25 ans de réclusion criminelle accompagnée d'une peine de sureté de moitié contre l'ancien employée de crèche ayant reconnu avoir fait avaler du Destop à Lisa, une enfant de 11 ans, pour la faire arrêter de pleurer. Initialement, l'accusée était jugée pour "meurtre sur mineur de moins de 15 ans", mais la cour avait requalifié les faits à la surprise générale. Le parquet qui estime que l'employée a agi "en parfaite conscience" et a "lâchement retiré la vie à une enfant sans défense" souhaite revenir sur la qualification des faits. Il avait également requis une peine plus lourde : 30 ans de réclusion criminelle.