Pourquoi ce chercheur français a été refoulé dès son arrivée puis expulsé des États-Unis
Les faits remonteraient au 9 mars dernier. Alors qu'il se rendait à une conférence sur l'espace pour le Centre national de la Recherche scientifique (CNRS) près de Houston, au Texas, un chercheur français s'est vu refuser son entrée aux États-Unis avant d'être expulsé du territoire américain. "Cette mesure aurait été prise par les autorités américaines parce que le téléphone de ce chercheur", ciblé par un contrôle visiblement aléatoire, "contenait des échanges avec des collègues et des relations amicales dans lesquels il exprimait une opinion personnelle sur la politique menée par l'administration Trump en matière de recherche", a révélé jeudi le ministre français de l'Enseignement supérieur et de la recherche à l'AFP, dont Le Figaro se fait l'écho.
Le chercheur français a pu compter sur le soutien plein et entier du ministre Philippe Baptiste, qui a assuré que "la liberté d'opinion, la recherche libre et les libertés académiques sont des valeurs que nous continuerons à revendiquer fièrement". Et d'insister : "Je défendrai la possibilité pour tous les chercheurs français d'y être fidèles, dans le respect de la loi." Mais s'il a également "déplor[é] cette situation", le ministère français des Affaires étrangères a, lui, rappelé que les États-Unis sont "souverains" en ce qui concerne la gestion des entrées et des séjours de personnes étrangères sur leur territoire.
Un chercheur du CNRS refoulé par les États-Unis pour avoir critiqué la politique de Trump lors de conversations privées : "On est préoccupés. Cela touche à la liberté académique et à la liberté d'expression" pour @PhBaptiste pic.twitter.com/TqWTvA41Qb
— Sud Radio (@SudRadio) March 21, 2025
Washington dément
Dans le cadre de ce contrôle, début mars, le téléphone personnel ainsi que l'ordinateur professionnel du chercheur français auraient donc été fouillés. Les autorités américaines auraient alors affirmé y avoir découvert des messages "qui traduisent une haine envers Trump et peuvent être qualifiés de terrorisme". Des messages qualifiés de "haineux et de conspiration", affirme une autre source auprès du Figaro. Quoi qu'il en soit, le chercheur se serait vu confisqué son matériel et renvoyé, direction le Vieux Continent, dès le lendemain. Une enquête du FBI aurait été ouverte, mais "les charges [auraient] été abandonnées", affirme-t-on encore auprès du Figaro.
Vendredi soir, un porte-parole du ministère américain de la Sécurité intérieure a livré une version différente dans un communiqué relayé par l'AFP, dont Ouest-France se fait l'écho. "Toute affirmation selon laquelle son refoulement a été fondé sur des convictions politiques est totalement fausse", a-t-il estimé, avançant pour sa part que le chercheur français "était en possession d'informations confidentielles contenues sur un appareil électronique et issues du laboratoire national de Los Alamos [connu pour conduire des recherches sur les armes nucléaires notamment ndlr.], en violation d'un accord de confidentialité". Le chercheur aurait lui-même "admis les avoir prises sans autorisation" et aurait "tenté de le dissimuler".
Cette affaire survient dans un contexte de vives tensions entre l'administration Trump et les chercheurs. Outre des coupes budgétaires brutales, le nouveau président américain a également fait savoir que certains sujets de recherches ne seraient plus subventionnés. De nombreux chercheurs dénoncent depuis une censure.