Enlèvement de David Balland : le moment où ses ravisseurs lui ont coupé le doigt et son calvaire détaillés

Enlèvement de David Balland : le moment où ses ravisseurs lui ont coupé le doigt et son calvaire détaillés Deux mois après l'enlèvement et la séquestration du roi de la cryptomonnaie, David Balland, et de sa compagne, le terrible récit des victimes aux gendarmes témoigne de la violence de l'événement.

Dans la nuit du 20 au 21 janvier 2025, David Balland, cofondateur de la société Ledger, leader mondial des coffres-forts pour bitcoins, a été enlevé à son domicile du Cher. Ses ravisseurs réclamaient alors une importante rançon en cryptomonnaie en échange du patron de la Tech. Son calvaire durera trente-six heures avant qu'un assaut du GIGN finisse par y mettre fin. Le Parisien et Paris Match révèlent aujourd'hui le récit glaçant de l'entrepreneur de 36 ans à la tête d'une entreprise valorisée à près de 1,5 milliard de dollars aux gendarmes.

Tout commence au beau milieu de la nuit, entre 4 et 6 heures du matin, dans la propriété de David Balland située dans le hameau de Méréau. L'entrepreneur est réveillé par un bruit sourd et des cris. "J'ai cette charge d'adrénaline, qu'il y a quelqu'un dans la maison, qu'Amandine [sa compagne ndlr.] est en danger", explique-t-il aux enquêteurs. Le couple dort en effet dans des chambres séparées, mais reliées par un couloir secret, dont une armoire amovible en trompe-l'œil cache l'entrée. Et David Balland de poursuivre, comme le relaie Le Parisien : "En ouvrant le passage secret, je tombe nez à nez avec quelqu'un qui me braque avec une arme." Selon lui, cinq ou six hommes entourent sa compagne, relate Paris Match. "Ta gueule ! Calme-toi, obéis et fais ce qu'on te dit. Donne-nous ton téléphone !" lui lance-t-on. Mais alors qu'il tente de se rebeller, les choses sont vite mises au clair : "Si tu vas plus loin, je te brise la nuque."

"Amandine, tout va bien se passer"

Au cours de sa déposition, la compagne de David Balland explique pour sa part avoir "vu David sur le canapé, il avait son téléphone. L'un des gars a vu le prénom Éric et a demandé si c'était Éric Larchevêque", PDG et cofondateur de Ledger, connu du grand public pour être juré dans l'émission de M6 Qui veut être mon associé. "J'ai cru entendre : 'Qui peut te sauver ? Qui peut te sauver ?'" relate Amandine. Une camionnette blanche est rapidement amenée dans la cour de la propriété du couple. Les ravisseurs y balancent Amandine et David Balland. Objectif, quitter les lieux et se rendre dans un endroit tenu secret. Un pantalon est mis sur leur tête pour obstruer leur vision. Le couple est cependant séparé après seulement quelques minutes de route.

Amandine est mise dans une autre camionnette et emmenée dans une maison isolée de Vierzon. Installée dans une pièce aux murs bâchés, ce qui rend difficile son identification, la compagne de David Balland est assise et ligotée. "Un des gars m'a dit : 'Amandine, tout va bien se passer, on va pas te faire de mal, on va pas te violenter, pas t'agresser sexuellement…'", relate-t-elle aux enquêteurs. Elle doit en revanche tourner une vidéo à destination de son compagnon. La vidéo est tournée plusieurs fois "parce que je n'étais pas assez apeurée pour eux, je pense", estime Amandine qui confie avoir été bien traitée lors de sa détention. Outre de la nourriture et des boissons, des pauses aux toilettes et une douche lui auraient en effet été proposées. Elle est surveillée par deux individus : l'un surnommé "Le Marseillais", semble-t-il en contact avec le commanditaire, le second, un certain Wissam, qui aurait tout mis en œuvre pour la protéger, rapporte Le Parisien.

Le calvaire de David Balland

À l'inverse, David Balland, transporté dans un corps de ferme situé à Montierchaume, dans l'Indre, est insulté, frappé, menacé. L'entrepreneur vit un véritable calvaire. "Cette journée c'est soit elle finit bien et tu rentres en bonne santé et tu revois ta femme, soit tu rentres tétraplégique", le menace "Le Marseillais" par téléphone. David Balland doit également réaliser des vidéos où il implore Éric Larchevêque, mais aussi un certain "Joël", de verser la rançon demandée. Le tout avec un pistolet semi-automatique Beretta appuyé sur la tempe et une hachette sur l'épaule, précise Paris Match. Son jeu n'étant pas jugé assez convaincant, "une grande claque dans la gueule" lui est infligée, relate l'ex-otage aux enquêteurs.

50 BTC, soit 5 millions d'euros, et 1 600 ETH , soit 2,8 millions d'euros, sont dans un premier temps réclamés à la mi-journée à Éric Larchevêque. Puis, la rançon est arrondie à 100 BTC, soit 10 millions d'euros. Face à l'absence de réponse de ce dernier, un nouveau sms est envoyé à celui qui a déjà alerté la police : "Bon, j'ai compris vous voulez voir du sang, pas de problème, à tout de suite ! Je vois déjà la Une : le grand Éric Larchevêque a laissé un de ses associés mourir pour ne pas payer 100 BTC. Franchement, Éric, t'es pas cool. Ce téléphone se détruira après le premier doigt, on comprend bien que vous ne payerez pas."

"Quand je vois la tenaille, mon cerveau fait tilt"

En fin de journée, l'auriculaire gauche de David Balland est finalement sectionné à l'aide d'une pince russe. Une vidéo est envoyée à Éric Larchevêque pour le motiver davantage. "Quand je vois la tenaille, mon cerveau fait tilt, je comprends que c'est le début de la fin et qu'ils vont commencer à me mutiler, qu'il n'y a plus de limite. L'appréhension de la douleur était horrible, j'ai hurlé de peur et de douleur", relate David Balland dans sa déposition. Face à ses hurlements, une nouvelle menace : "Ferme ta gueule frérot ! Si tu continues, je te coupe l'oreille."

Autorisé à fumer une cigarette, David Balland pense vivre ses dernières heures. Mais le lendemain, après qu'un expert en médecine légale valide l'authenticité de la mutilation, un virement de trois millions d'euros de cryptomonnaie est réalisé. L'ambiance autour de David Balland se détend. On lui désinfecte même sa blessure à l'aide d'un "déodorant Scorpio". Il sera finalement libéré par le GIGN dans les heures qui suivent. Sept suspects ont été mis en examen et écroués. Tous ont dit avoir été recrutés par un commanditaire inconnu sur les réseaux sociaux et avoir été motivés par "l'argent".