"Moins d'hôpitaux, moins d'écoles"... Bolloré accusé d'avoir blanchi des sommes astronomiques en Afrique

"Moins d'hôpitaux, moins d'écoles"... Bolloré accusé d'avoir blanchi des sommes astronomiques en Afrique Onze associations dénoncent auprès du Parquet national financier des faits de "recel" et de "blanchiment" imputés à la filiale Bolloré Africa Logistics. Les dégâts pourraient être nombreux, notamment dans cinq pays d'Afrique.

Vincent Bolloré dans la tourmente. Selon les informations du Monde et de l'AFP, le milliardaire français est visé par une plainte dénonçant des faits de recel et de blanchiment, déposée le mardi 18 mars par un collectif de 11 organisations non gouvernementales (ONG) de lutte pour la transparence en Afrique, rassemblées sous le collectif "Restitution pour l'Afrique" (RAF). Basées au Togo, en Guinée, au Ghana, en Côte d'Ivoire et au Cameroun, ces associations visent la société Bolloré SE, son propriétaire, Vincent Bolloré, et son PDG, Cyrille Bolloré, le fils de l'industriel.

Intéressons nous au supposé "blanchiment" des profits issus des concessions (regroupées au sein de Bolloré Africa Logistics) obtenues de manière présumée frauduleuse dans les pays africains en question. Dans ce dossier, les plaignants indiquent que les concessions représentent "une part substantielle de la valeur d'entreprise de cette filiale, laquelle a été cédée en 2022 pour un montant de 5,7 milliards d'euros" à l'armateur italo-suisse MSC, précise-t-on.

Une perte nette de 4,1 milliards de dollars pour le Ghana ?

Selon Jean-Jacques Lumumba, à la tête du collectif RAF, l'objectif final était de "cibler l'argent sale qui a été perçu par le corrupteur et le restituer aux peuples africains qui ont été lésés", indique-t-il auprès de l'AFP. Pour ce faire, la plainte "se focalise sur les corrupteurs". Autrement dit, ceux par lesquels transite l'argent, lequel est injecté dans des territoires, puis blanchi.

Malheureusement, cet argent signifie automatiquement "moins d'hôpitaux, moins d'écoles, moins de routes, moins de projets d'infrastructures. Et c'est un avenir qu'on est en train d'enlever à nos jeunes", regrette-t-il. La législation française pourrait désormais obliger Vincent Bolloré à financer des projets de développement dans des pays étrangers par l'intermédiaire d'une saisis d'avoirs dans des affaires de "biens mal acquis". 

Les plaignants rappellent qu'en 2014, le consortium Bolloré/Maersk aurait convaincu le président Vey "d'attribuer le contrat du port de Tema à sa société ad hoc, Meridian Port Service, de manière secrète et sans appel d'offres", au Ghana. Pourtant, selon la plainte, pas moins de 56 entreprises s'étaient déjà positionnées sur le dossier. Le Ghana pourrait déplorer une perte nette de 4,1 milliards de dollars dans cette affaire.

Enfin, onze ans plus tôt, en 2003, l'attribution du terminal à conteneurs d'Abidjan par le président Laurent Gbagbo de gré à gré pour 15 ans était également dans l'oeil du cyclone, notamment dans celui de l'opposition ivoirienne. À l'époque, le directeur de la Banque mondiale parlait d'un "contrat qui déroge fondamentalement aux principes de la bonne gouvernance". Bien que sollicité par le journal Le Monde, l'avocat du groupe Bolloré Olivier Baratelli n'a pas "estimé utile de réagir".