Mort de Thomas à Crépol : des enregistrements donnent un nouvel éclairage sur les suspects

Mort de Thomas à Crépol : des enregistrements donnent un nouvel éclairage sur les suspects Dans le livre "Une nuit en France", publié mercredi, des écoutes inédites des suspects dans l'affaire du meurtre de Thomas à Crépol sont révélées. Elles auraient guidé les enquêteurs sur les traces du meurtrier présumé.

Mercredi 19 mars sort Une nuit en France : anatomie du fait divers qui a déchiré le pays de Jean-Michel Décugis, Marc Leplongeon et Pauline Guéna. Un ouvrage qui revient sur un fait divers médiatique : le meurtre de Thomas à Crépol, en novembre 2023. Globalement, le livre revient sur le fait que ce drame local, survenu en plein bal d'un village, s'est rapidement retrouvé propulsé sur la scène nationale. Débat sur "l'ensauvagement de la France" sur la scène politique, reprise du fait divers par la fachosphère, fuite de l'identité des suspects sur les réseaux sociaux… "Le prisme politique et le récit médiatique ont déformé le sens de la mort de Thomas", estiment les auteurs.

Mais outre l'autopsie de ce fiasco médiatico-politico-judiciaire, l'ouvrage révèle des écoutes pour le moins troublantes des suspects du meurtre. Mis sur écoute à son insu par les enquêteurs, l'un des suspects, lui-même accusé d'avoir donné le coup fatal au jeune Thomas, aurait mis les gendarmes sur la piste du meurtrier présumé, révèle Le Parisien. "Frérot, t'as compris, [les enquêteurs] sont allés sur la bonne piste", explique C. à son ami, qui l'interroge : "C'est bien à celui que je pense ?" Et C. de répondre : "Normalement oui, tu as dû entendre. De toute façon, il y a tout le monde qui sait à Romans." Dans cet échange, C. aurait fini par révéler l'initiale du suspect : "le Y". Une lettre qui pourrait a priori correspondre, selon les auteurs du livre, à l'initiale du prénom d'un des jeunes déjà écroués.

"Les condés, ils vont savoir qui c'est. Ils vont le trouver"

En se basant sur les faits, Une nuit en France défend la thèse selon laquelle, et contrairement à ce qui a pu être dit dans les médias, les jeunes du quartier dit sensible de la Monnaie seraient venus "pour s'amuser" et non avec l'objectif de se battre. Le livre balaie ainsi la thèse du crime raciste prémédité. "Rien n'indique, à ce stade de l'enquête, qu'ils avaient l'intention de faire usage de leurs couteaux, qu'ils ont, d'ailleurs, l'habitude d'avoir toujours sur eux", affirment ainsi les auteurs du livre. Pour eux, les canifs auraient été dégainés par certains par simple peur de perdre la bagarre commencée par un banal crêpage de chignon sur la piste de danse. "C'étaient des rugbymans frérot, tu veux que je te dise quoi ? Des gros sa grand-mère, grande taille, le mec il a mangé un sanglier avant de venir ! (sic) Ils étaient plus gros et plus nombreux que nous ! […] Ils étaient rhalés [ivres ndlr.], frérot", révèle ainsi un mis en examen également placé sur écoutes.

Parmi les suspects, la plupart ont reconnu leur participation à la rixe, mais aucun n'a avoué avoir porté les coups mortels ni souhaité livrer le nom du meurtrier que tous semblent pourtant avoir identifié. "Les condés, ils vont savoir qui c'est. Ils vont le trouver. Il faut juste que l'autre qui a tué, il dise que c'est lui", confie encore un suspect sur écoute. Le principal intéressé, incarcéré comme les autres, camperait toutefois sur sa position, affirmant qu'il est innocent. Et ce, malgré de multiples photos le montrant le jour J avec un couteau. Le juge d'instruction devrait donc avoir la charge, à l'issue de l'enquête, de retenir contre lui seul, ou non, le meurtre de Thomas.