À la Gaîté Lyrique de Paris, l'opération d'expulsion de 400 migrants s'annonce musclée
Un peu plus de trois mois après le début de l'occupation de la Gaîté Lyrique, un arrêté ordonnant l'évacuation de la salle de spectacle située rue Papin, dans le 3e arrondissement de Paris, a été pris par le préfet de police de la capitale, Laurent Nuñez. Le texte ordonne précisément aux "occupants sans droit ni titre de la Gaîté Lyrique de quitter les lieux avant le mardi 18 mars". Sans quoi, est-il précisé, les services de police procèderont à leur évacuation, indique Le Parisien. Les forces de l'ordre devraient intervenir vers 6 heures du matin.
Alors que 450 jeunes migrants, selon France 3 Régions, vont devoir quitter les lieux sans solution de relogement, les voix dissidentes n'ont pas tardé à se faire entendre lundi soir pour dénoncer cette situation. La France insoumise a appelé sur X à manifester lundi à partir de 18 heures. Objectif interpeller les autorités alors que les personnes qui doivent être expulsées demain matin sont pour beaucoup des mineurs isolés sans solution d'hébergement. Un autre rassemblement doit également avoir lieu mardi matin à 6 heures, heure du début de l'évacuation par les forces de l'ordre, selon un communiqué publié sur X par la députée de Paris Danielle Simonnet. Outre le nombre de personnes à expulser, les forces de l'ordre devront donc composer avec des manifestants particulièrement remontés.
ALERTE !
— La France insoumise Paris (@LaFIParis) March 17, 2025
La préfecture vient d'ordonner l'expulsion avant demain de la Gaîté Lyrique, occupée par des mineurs isolés sans solution d'hébergement.
Ne les laissons pas faire, rendez-vous ce soir à 18H pour un rassemblement ! pic.twitter.com/K2bjkftt1T
Laissés dans un vide juridique
Les jeunes exilés qui occupent les locaux de la Gaîté Lyrique s'y sont installés le 10 décembre dernier. Mineurs, sans logement, ils déplorent le fait que l'État français ne leur propose actuellement que des solutions temporaires, en région, loin de Paris. Or, cela les empêcherait de poursuivre leurs démarches qu'elles soient sociales, médicales, administratives, juridiques ou scolaires, souligne France 3.
Ils réclament que soit reconnue leur minorité et espèrent ainsi être scolarisés et obtenir un logement stable. "Ces jeunes sont toujours en recours pour reconnaissance de minorité. Si elle leur est reconnue, ils devront être pris en charge par la Ville de Paris, dans le cas contraire, ce sera à l'État d'agir. Ils sont laissés actuellement dans un vide juridique : ni mineurs ni majeurs", explique au média local le député EELV de Paris Pouria Amirshahi.
L'État accusé d'avoir "joué le pourrissement de la situation"
Dénonçant un "scandale", la députée Danielle Simonnet estime dans son communiqué que ces jeunes migrants "sont piégés comme des centaines de mineurs isolés en recours dans une situation cruelle et absurde où, dans l'attente de leur recours, ni le département ni l'État n'acceptent de les prendre en charge". Pour l'élue, l'État a clairement "joué le pourrissement de la situation".
Scandale : non à lexpulsion des mineures isolées de la Gaité Lyrique ! Soyons nombreuses et nombreux au rassemblement de soutien aujourd'hui à 18h et demain mardi 18 mars dès 6h du matin ! pic.twitter.com/46zrFVmwkW
— Danielle Simonnet (@SimonnetDeputee) March 17, 2025
Alors que la mairie de Paris, par la voix de son adjointe Léa Filoche, avait assuré le 12 février dernier dans un courrier qu'elle ne solliciterait pas les forces de l'ordre tant que des solutions d'hébergement durables ne seraient pas proposées, Danielle Simonnet pointe la décision de la Ville d'avoir fait le choix du recours devant le tribunal administratif. Recours qui a finalement donné le feu vert à l'expulsion.
La mairie de Paris, elle, accuse depuis des années l'État de se désengager sur la prise en charge des publics à la rue. Et tandis que tout le monde se renvoie la balle, la direction et les salariés de la Gaîté Lyrique ont, pour leur part, dû rendre les clés du théâtre fin février, déplorant "ne plus être en mesure d'assurer la gestion, l'entretien et l'exploitation du bâtiment".