Jean-Pierre Maldera : Nicolas Sarkozy le connaissait bien, le parrain lui a laissé un mauvais souvenir
La fin du clan Maldera. Ce nom, parmi les plus connus dans le cercle de la mafia italo-grenobloise, est de nouveau évoqué ce mercredi 12 mars après le meurtre de Jean-Pierre Maldera. L'homme âgé de 71 ans est décédé lors d'une fusillade survenue sur l'autoroute A41. Un voiture de la marque BMW, conduite par le septuagénaire, a été prise pour cible par trois ou quatre tireurs présents à bord d'une Renault Megane RS volée. Les agresseurs ont fait feu avec une arme de guerre de type kalachnikov, selon les premiers éléments de l'enquête.
Jean-Pierre Maldera, touché par les coups de feu, a quitté son véhicule et tenté de prendre la fuite, mais a été rattrapé et abattu par ses agresseurs. L'ancien membre de la pègre grenobloise a été retrouvé en arrêt cardio-respiratoire par les secours et n'a pas pu être ranimé. Les agresseurs ont pris la suite, abandonnant et mettant le feu à leur véhicule qui a été retrouvé à Grenoble.
Alors qu'une enquête a été ouverte après la fusillade, la piste privilégiée semble être celle du règlement de compte, au regard du mode opératoire employé, commun dans le secteur du banditisme grenoblois, et de l'identité de la victime. L'attaque semble avoir été minutieusement préparée par des professionnels du crime rapporte Le Dauphiné Libéré. Jean-Pierre Maldera a sans doute été victime de représailles, d'un concurrent ou d'autres circonstances liées à son passé de mafieux.
Quand les frères Maldera suscitaient la colère de Sarkozy
Jean-Pierre Maldera était connu pour avoir été, avec son frère Robert Maldera, une grande figure de la mafia à Grenoble entre la fin des années 1970 et la fin des années 1990. Il avait été condamné à de nombreuses reprises pour des faits de vols à main armée, de violences avec arme, d'extorsion et de proxénétisme. En 1978 et dans les années 1980, les frères Maldera se trouvaient au cœur de l'affaire dire des "filles de Grenoble" après que des prostituées avaient dénoncé leurs bourreaux. Les plaignantes avaient mis en lumière les violences dont elles étaient victimes. "Avec les Italo-Grenoblois, les filles étaient martyrisées et prises pour du bétail. C'était de la torture. [...] Ils ont pris la ville et ont fait régner la terreur. La grande terreur venait des frères Robert et Jean-Pierre Maldera et leur équipe, qui ont essayé de me tuer", se souvient Paul Weisbuch, ancien magistrat qui avait travaillé sur l'affaire, auprès du média local Le Postillon.
Plusieurs fois condamnés, les frères Maldera ont également échappé à certaines procédures judiciaires. En 2004, alors qu'ils se faisaient discrets depuis quelques années, les frères mafieux s'étaient retrouvés au cœur d'une vaste affaire mêlant association de malfaiteurs, extorsion de fond en bande organisée, proxénétisme, et blanchiment d'argent. 22 personnes, dont eux, avaient été mises en examen et 15 avaient été écrouées. "Nous avons la conviction d'avoir mis la main sur les patrons du milieu", s'était félicité le procureur de la République de Grenoble de l'époque. Le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, s'était également réjoui du coup de filet. C'était sans compter sur un vice de procédure repéré et utilisé par l'avocat de Jean-Pierre et Robert Maldera entraînant l'effondrement du dossier ayant nécessité des années des travail, et... la libération des mafieux. Le rebondissement avait suscité la colère de Nicolas Sarkozy, lui laissant un goût d'échec, comme le rapporte Le Parisien.
Disparition, meurtres... Le clan Maldera décimé
L'ancien proxénète se faisait discret depuis la passage à l'an 2000. Il semblait avoir pris ses distance avec le milieu de la pègre sachant sa vie menacée selon les informations d'Ici Auvergne Rhône-Alpes. Jean-Pierre Maldera redoutait-il qu'il lui arrive la même chose qu'à son frère ? Robert Maldera, qui était surnommé "le Parrain de Grenoble" ou "Il Pazzo" - "le Fou" en italien, avait mystérieusement disparu en septembre 2015 après son retrait de la mafia grenobloise. Une volatilisation qui avait rapidement laisser penser à un homicide volontaire. Trois personnes ont été mises en examen dans cette affaire en 2017, mais le corps de Robert Maldera n'a jamais été retrouvé.
Des deux frères, c'est Robert Maldera qui faisait le plus parler de lui. En 1984, l'homme était allé jusqu'à se couper un doigt et à l'envoyer à un juge pour faire pression et demander la libération de sa compagne, une prostituée de 22 ans. Il avait accompagné son colis d'une lettre menaçant poursuivre les mutilations jusqu'à ce que sa requête soit exaucée. Le juge avait coupé net à l'échange avec une simple réponse : "Je ne céderai que si vous m'envoyez votre membre viril". Robert Maldera n'avait pas donné suite.