Risque de pollution en mer du Nord : la France menacée ?
Ce mardi, le feu fait toujours rage au large de l'Angleterre. Hier, un pétrolier américain et un cargo portugais sont entrés en collision dans la matinée. Le second transportait une quantité non déterminée d’alcool et quinze conteneurs sans la moindre trace de cyanure de sodium, un gaz inflammable et très toxique. "Nous sommes en mesure de confirmer qu'à bord il n'y a pas de conteneurs chargés de cyanure de sodium, comme cela a été rapporté à tort. Il y a quatre conteneurs vides qui ont précédemment contenu le produit chimique dangereux et ces conteneurs continueront à être surveillés", a indiqué la compagnie maritime allemande Ernst Russ dans un communiqué.
"L’incendie a fait rage toute la nuit et il est toujours en cours mardi matin", a indiqué à l’AFP le directeur du port de Grimsby, Martyn Boyers. Une fuite de kérosène sur le pétrolier a étalement été signalée, faisant planer le doute d'une catastrophe écologique dans une zone de pêche très prisée, quelques navires boulonnais s'y rendent notamment chaque année au printemps.
Une pollution atmosphérique "en fonction du vent" ?
Selon Nicolas Tamic, responsable opérations et adjoint au directeur du Cedre (Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux), "étant donné le brasier à bord du navire, il y a fort à parier que la majeure partie de la cargaison aura été consommée. Si c'est cela, ce sera une pollution atmosphérique. En fonction du vent, il est possible qu'il se dépose aussi à terre", assure-t-il auprès de BFMTV. Le risque de pollution des côtes françaises serait donc à ce stade atmosphérique, alors que la suspicion d'une marée noire semble actuellement écartée.
En revanche, si un fioul lourd venait à se déverser dans la mer, il pourrait se répandre facilement. Notamment par l'intermédiaire de courants de surface qui prendraient le direction du sud-est pour arriver en France. Une situation, pour l'heure, totalement hypothétique. "Le flux moyen est dirigé de l’Atlantique vers la mer du Nord" abonde l’institut français de recherche Ifremer, un premier élément rassurant pour les côtes françaises. Seul le vent pourrait changer la donne. "Le vent peut modifier notablement le schéma de circulation proposé. Les vents de sud-ouest auront tendance à augmenter le transit moyen vers l’est. À l’inverse, les vents de nord-ouest à nord-est vont diminuer cette circulation et sont même susceptibles de l’inverser", précise l’Ifremer. De son côté, l’Institut des Sciences Naturelles belge ne prévoit pas d'inversion des courants dans les prochaines heures. Le Touquet, Boulogne ou Dunkerque semblent donc protégées d'une éventuelle pollution.
Pour l'heure, 36 personnes ont pu être évacuées saines et sauves après la violente collision, une personne a été blessée et emmenée directement à l'hôpital. Par ailleurs, l'un des 14 membres d'équipage du cargo était toujours porté disparu en fin de soirée, selon la société Ernst Russ, propriétaire du navire. Le pétrolier était parti du port d'Agioi Theodoroi, en Grèce, le 27 février dernier pour rejoindre Immingham en Angleterre. Les conditions météorologiques en mer étaient "raisonnables", avec "des vagues d'environ deux mètres", indiquait hier le directeur général du port de Grimsby East au micro de Sky News. En revanche, il y avait "beaucoup de brouillard".
17:23 - Dunkerque en proie à une pollution ?
Au micro de BFM2, ce mardi, le co-fondateur de l’association de protection de l’Homme et de l’environnement Robin des Bois Jacky Bonnemains estime que si la Bretagne et la Normandie devraient bien échapper à la pollution, le cas de Dunkerque est plus complexe. "Il ne faut jamais en termes de dérives des polluants, de courantologie, être totalement affirmatif et présenter à l'opinion publique des garanties d'innocuité. Cependant, c'est vrai que les nappes de produits polluants auront quelques difficultés à parvenir jusqu'à Dunkerque", dit-il. "Il faut" tout de même "rester vigilants" à Dunkerque, précise-t-il.
17:14 - Un homme de 59 ans soupçonné de "négligences graves" arrêté
La police britannique annonce ce mardi avoir arrêté un homme de 59 ans, soupçonné de "négligences graves" et d'homicide involontaire après l'ouverture d'une enquête criminelle concernant la collision survenue hier, en mer du nord entre un pétrolier américain et un cargo portugais. Une information dévoilée par SkyNews. "Cette arrestation fait suite à la fin des opérations de recherche menées par les garde-côtes pour retrouver le membre d'équipage du Solong qui était porté disparu" et présumé mort, indique Craig Nicholson, l'officier chargé de l'enquête.
11:08 - Le vent comme rempart pour le littoral français
Si le risque d'une marée noire semble écarté, le kérosène qui s'est enflammé pourrait créer une forte pollution atmosphérique. Et la France pourrait être touchée par cette catastrophe naturelle, en revanche, tout dépendra d'un facteur : le vent. "Le vent peut modifier notablement le schéma de circulation proposé. Les vents de sud-ouest auront tendance à augmenter le transit moyen vers l’est. À l’inverse, les vents de nord-ouest à nord-est vont diminuer cette circulation et sont même susceptibles de l’inverser, indique l'Ifremer. Heureusement pour les côtes françaises, pour l'instant, une inversion des courants n'est pas prévue, comme l'indique l’Institut des Sciences Naturelles belge. Les courants vont donc du sud vers le nord à cet endroit devraient donc repousser le danger.