L'horreur des violences de Notre-Dame de Garaison, école catholique dans laquelle a étudié Jean Castex

L'horreur des violences de Notre-Dame de Garaison, école catholique dans laquelle a étudié Jean Castex Après le scandale de Notre-Dame-de-Bétharram, les langues se délient sur des faits d'extrêmes violences dans l'établissement de Notre-Dame de Garaison.

Les révélations s'enchainent sur des cas de violences dans les établissements scolaires, l'affaire Bétharram ayant manifestement libéré la parole. Un autre établissement catholique, Notre-Dame de Garaison à Monléon-Magnoac dans les Hautes-Pyrénées, qui a notamment accueilli l'ancien Premier ministre Jean Castex, est particulièrement pointé du doigt, du fait d'une enquête de Radio France.

Philippe, un ancien élève, a d'abord raconté aux journalistes du service public qu'en 1987, il avait reçu une gifle d'un surveillant en chef dans le très réputé établissement, s'identifiant au récit d'une des victimes présumées de Bétharram, rapporte la cellule investigation de Radio France. Cette gifle, confirmée par un certificat médical de l'époque, lui a percé le tympan gauche et a provoqué son départ de l'école. Il a assuré que la violence était la règle pour tenir la discipline.

Pensionnaire à l'âge de 12 ans, Philippe s'est ensuite remémoré les violences répétées, en particulier en soirée ou la nuit. Il a notamment raconté sa première nuit dans le pensionnat où tout a commencé : "Je me souviens de ma première nuit à Garaison, j'ai discuté avec mon voisin. Le pion m'a obligé à me dénoncer. Il m'a demandé de venir vers lui, de tenir sa lampe de poche. Il m'a mis une grosse claque dans la figure et m'a dit 'Rends-moi la lampe et va te recoucher'". Il a aussi rapporté que le surveillant général fouettait les élèves avec un lacet en cuir tressé.

Un autre témoignage est celui d'une femme, qui avait 13 ans au moment des faits. Elle a décrit une scène pendant laquelle elle a été malmenée par un surveillant qui l'empêchait de lire à l'étude, il l'a alors conduite au surveillant en chef et la situation a dégénéré. "Quand il a ouvert la porte. Il m'a aussitôt frappée. Coups de pied. Coups de poing. Il m'a attrapé la tête et m'a tapée de droite à gauche contre les murs. Ça a duré assez longtemps. Le soir, une fois rentrée chez moi, j'ai fini par le dire à ma mère. Le directeur de l'époque, le père Y.L., l'a reçue. Il lui a proposé de me faire passer directement dans la classe supérieure si elle ne faisait pas de vagues et gardait le silence sur cette affaire. Ma mère a refusé et j'ai changé d'école en cours d'année pour aller dans le public", a-t-elle raconté. Elle a ajouté avoir été témoin d'autres formes de violences : "Moi j'ai vu des gamins se faire péter le nez, se faire ouvrir les arcades sourcilières. Les garçons ne méritaient pas d'avoir un pion qui les tapait avec des santiags pointues directement dans l'anus".

Une omerta et des faits prescrits

Philippe a également mis en avant l'omerta autour de ces faits de violences : "Tout le monde le savait. Bétharram et Garaison avaient la même réputation à l'époque. Les parents n'avaient pas conscience que les enfants vivaient des choses comme ça. Et les enfants ne parlaient pas."

Aucune plainte n'aurait été déposée envers l'établissement pour de telles accusations, ont avancé les services du procureur de la République de Pau. En 1991, un surveillant a pourtant été inculpé pour viol sur un élève de 6ème dans cet établissement. En 2009, un ancien surveillant du collège a été condamné à 12 ans de prison pour "viols et agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans et par personne ayant autorité".

Ces faits de violence et de maltraitances sont dénoncés sur le groupe Facebook Collectif Victimes Notre Dame De Garaison, créé par Philippe : il a déjà recueilli une dizaine de témoignages. Ils n'évoquent cependant pas de violences d'ordre sexuel et remontent à des décennies, ils sont donc désormais prescrits. "Ici j'ai souffert, ici tu souffriras", telle était la devise inscrite sur les tables des salles de classe du collège de Notre-Dame de Garaison. C'est dans cet établissement que j'ai découvert l'hypocrisie religieuse. Sous une apparence bienfaitrice, elle s'accorde avec le pire, l'inacceptable !", résume Philippe en introduction du groupe.