"Inondé d'excréments" : un phénomène redoutable fait des centaines de victimes dans le sud-ouest
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"Inondé d'excréments" : un phénomène redoutable fait des centaines de victimes dans le sud-ouest

Des habitants du quartier de Mérignac, près de Bordeaux, dénoncent un "scandale sanitaire" en raison du reflux des eaux usées dans leurs maisons. Environ 250 personnes sont concernées.

Ils n'en sont plus à leur première inondation. Les habitants du quartier Capeyron de Mérignac, près de Bordeaux, ne vivent pourtant pas à proximité d'un fleuve ou d'une rivière. La population est en revanche soumise à de fortes pluies, devenues constantes depuis le début du siècle. En témoigne les relevés du président du conseil syndical de la résidence Anabella, qui noté chaque épisode de débordement dans un carnet : 1999, 2013, 2014, 2018, 2021, 2023 et 2024. 

Pour les résidents, cette situation est devenue intenable : "Trois jours après les inondations, mon épouse est tombée malade, avec fièvre et vomissements et elle était clouée au lit" regrette Laurent Foerstner, interrogé par nos confrères de 20 Minutes. Car avec 30 à 45 centimètres d'eaux usées à évacuer, les risques d'insalubrité sont élevés : "Des tampax et des excréments, on en retrouve souvent", déplore Frédéric Encuentra au média Rue89Bordeaux. "C'est un scandale sanitaire", s'indigne quant-à-elle Nicole Assingue en apprenant la présence de la bactérie Escherichia coli dans les eaux. 

L'association de quartier (ARPRAM) évalue à environ 250 le nombre de personnes concernées, à des degrés différents. "Lors de fortes pluies, le réseau d'assainissement se met en saturation et les terrains et les habitations se retrouvent inondés : mais pas par des petites flaques d'eau, vraiment inondés, c'est-à-dire des terrains complètement submergés et remplis par ce qui sort des égouts", explique Frédéric à la presse locale. Face à ces conditions délétères, les riverains dénoncent l'obsolescence du réseau d'assainissement ainsi que l'inaction de la mairie de Mérignac et de Bordeaux Métropole.

Un "péril fécal"

Et pour cause, pour la ville il ne s'agit pas là d'un reflux d'eaux usées mais "d'inondations pluviales liées aux sous dimensionnement d'infrastructures dans les résidences elles-mêmes". Les travaux d'urbanisation auraient même contribué à l'apparition de ce phénomène, selon Laurent Foerstner : lorsqu'il y avait encore des champs autour des maisons, il n'y avait jamais de débordements des réseaux, souligne-t-il. "Depuis vingt-cinq ans, plus de 300 logements ont été construits alors que les réseaux d'assainissement sont restés à l'identique", fait-il valoir à 20 Minutes, qui a consacré un reportage à cette situation.

L'association a alerté l'ARS sur la situation sanitaire et le "péril fécal" (risque de contamination par des micro-organismes présents dans les selles) représenté par ces reflux d'eaux usées dans des logements. Mais remettre aux normes un système d'assainissement, ce n'est pas gratuit. La note du chantier qui consisterait à changer deux kilomètres de réseau est en effet évaluée à environ 10 millions d'euros aujourd'hui, rapporte Julie Samblat, directrice ingénierie et patrimoine chez Régie de l'eau Bordeaux métropole

"C'est très cher. On n'a pas poussé techniquement plus loin la solution car on impacterait trop fortement le secteur. Et on ne peut pas dépenser trop d'argent sur une action, si on a une solution moins chère", signale-t-elle au journal national. Cette solution, c'est de construire un bassin de rétention. Et pas n'importe où... à l'endroit où réside Frédéric Encuentra, né dans le quartier. La directrice d'ingénierie assure que sa maison est située dans le point le plus bas de toute la zone et qu'en rasant son foyer, on résoudrait le problème de reflux des eaux usées. 

"Ils essaient d'isoler le problème sur ma maison, au lieu de remettre aux normes un réseau vieillissant, regrette de son côté Frédéric Encuentra. Je suis la victime dans cette histoire, je n'ai jamais demandé que ma maison soit inondée d'excréments", conclut-il.