Images de Trump attaqué : coup monté, accusations... Les théories du complot inondent les réseaux sociaux
QAnon, Barack Obama, Joe Biden, mise en scène des Républicains... Les théories du complot sont nombreuses sur les réseaux sociaux ces derniers jours après la tentative d'assassinat visant l'ex-président des Etats-Unis, Donald Trump.
Si les réseaux sociaux ont une portée considérable, que dire lorsque l'ex-président des Etats-Unis Donald Trump est victime d'une tentative d'assassinat en plein meeting ? Aussitôt, le plus célèbre d'entre eux, X (ex-Twitter) s'est embrasé au rythme des théories conspirationnistes plus farfelues les unes que les autres. En réalité, deux camps s'affrontent, les pro Biden et les pro Trump. Le premier affirme que le milliardaire américain ciblé par un tir de fusil-automatique est lui-même derrière sa propre attaque. Le second, que Joe Biden est à l'origine de la tentative d'assasinat pour se débarrasser de Donald Trump avant les élections présidentielles de fin d'année.
Ces théories du complot peuvent fleurir sans modération sur X, presque encouragées, du moins tolérées par le patron du réseau social, Elon Musk. "Les médias traditionnels ne sont qu'une pure machine de propagande. X est la voix du peuple" écrivait-il dimanche dernier après l'attaque contre Donald Trump. Pour rappel, l'ex-président américain Donald Trump, âgé de 78 ans, a échappé à une tentative d'assassinat lors d'un meeting à Butler, en Pennsylvanie le 13 juillet. Vers 18h locales (minuit heure de Paris), le candidat républicain, qui venait de commencer son discours par une de ses habituelles tirades sur les migrants, accusant Joe Biden de les avoir laissés massivement entrer dans le pays, s'est soudainement tenu l'oreille droite comme l'ont montré les images de télévision. Il s'est ensuite baissé derrière son pupitre et a aussitôt été plaqué au sol par les agents du Secret Service.
"C'est le prix à payer lorsque vous éliminez les pédophiles sataniques d'élite"
Un compte basé aux Etats-Unis n'a pas hésité à écrire le message suivant, bien qu'il soit connu pour partager certaines allégations infondées : "C'est le prix à payer lorsque vous éliminez les pédophiles sataniques d'élite". Selon l'entité complotiste QAnon, qui a visiblement inspiré ce compte, Trump mènerait une guerre contre un Etat profond, un Etat dans l'Etat cherchant à lui mettre des bâtons dans les roues au quotidien et gouverner le pays en secret en lieu et place de la police américaine. Le compte a ensuite indiqué que "l'ordre de l'assassinat" provenait probablement de la CIA, accusant Barack Obama, Hillary Clinton et Mike Pence d'être impliqués dans l'attaque de ce 13 juillet contre Donald Trump. Le message a été vu 4,7 millions de fois sans être sourcé. Des théories du complot qui peuvent également s'appuyer sur la récente déclaration du procureur du comté de Butler, Richard Goldinger : "Très franchement, je suis surpris qu'il ait pu monter sur ce toit et tirer" a-t-il lancé sur MSNBC.
This is the price you pay when you take down elite satanic pedophiles.
— Shadow of Ezra (@ShadowofEzra) July 13, 2024
Just a few days ago, death threats against Donald Trump were posted on X without any consequences.
This order most likely came from the CIA, possibly colluding with the following people:
1. Alexander Soros pic.twitter.com/LHI9HMS7pN
Joe Biden et la gauche à l'origine de la tentative d'assassinat ?
Joe Biden aurait-il tenté de se débarrasser de Donald Trump ? C'est en tout cas l'une des théories du complot qui fleurit depuis l'attaque, ce samedi. "Ne pensez pas que ce sera la dernière tentative de tuer Trump. L'État profond n'a vraiment pas d'autre choix maintenant" a lancé un utilisateur du site pro-Trump Patriots.Win. "Il faudra une loi martiale limite pour remettre le pays sur les rails" indique un second. Et les théories trouvent un relai au sein-même de la classe politique américaine. "Joe Biden a donné les ordres" a publié sur X (ex-Twitter) le député républicain Mike Collins. Un message vu par plus de cinq millions de personnes. Dans un second post, il demande que le président américain soit poursuivi pour "incitation à l'assassinat".
D'autres élus républicains n'ont pas hésité à abonder dans ce sens. Le sénateur James David Vance affirme que la "rhétorique" de Joe Biden a "conduit directement" à l'attaque de Donald Trump. La tentative d'assassinat aurait même été "aidée et encouragée par la gauche radicale et les médias d'entreprise" estime le sénateur Tim Scott. L'élue trumpiste Marjorie Taylor Greene indique sur X que le camp Biden souhaitait que "Trump parte depuis des années et qu'ils étaient prêts à tout pour que cela se produise". Des prises de positions radicales qui ont entraîné un torrent de réactions chez les anonymes sur les réseaux sociaux. Des propos publiés sans le moindre étayage, ou la moindre source fiable pour appuyer une déclaration. L'idée d'un "deep State", autrement dit, un Etat dans l'Etat refait dernièrement surface sur le web. Une entité suprême, plutôt à gauche de l'échiquier politique qui détiendrait le réel pouvoir de décision dans le pays et qui empêcherait Donald Trump d'arriver au pouvoir par les urnes, assurant la victoire au camp démocrate. "L'État profond a tenté d'assassiner Trump en direct à la télévision" va même jusqu'à poster sur X un compte complotiste du Shadow of Ezra.
This was the scene as shots rang out at Donald Trump's rally on Saturday. The suspected gunman and one spectator were killed, and Trump was rushed off stage but is safe, officials said. The shooting is being investigated as an assassination attempt. https://t.co/4mPsC4TWTL pic.twitter.com/f3URGFyT9l
— The New York Times (@nytimes) July 14, 2024
Une mise en scène de Donald Trump lui-même ?
À l'inverse, à gauche, l'option de la mise en scène a gagné les réseaux sociaux et semble se rapprocher de la vérité. Autrement dit, Donald Trump aurait planifié une attaque contre lui-même ce samedi 13 juillet. L'objectif ? Faire de Trump un martyr pour le camp républicain et lui assurer la victoire aux élections présidentielles de novembre prochain. Faux sang sur son oreille, coups de feu à partir d'un pistolet à air comprimé... Les théories se multiplient sur les réseaux sociaux et le terme "stage", qui peut être traduit par la fameuse "mise en scène" gagne en popularité sur le web depuis l'attaque. "Il sait qu'il va perdre les élections alors il fait semblant et crie à la foule de se battre", "personne dans la foule ne court ou ne panique. Personne n'a entendu une véritable arme à feu, je ne lui fais pas confiance" explique un anonyme sur X.
Si les experts mettent en garde contre les théories du complot : "Les incidents de violence politique génèrent des théories du complot lorsque des personnes tentent d'utiliser l'événement à leurs propres fins" explique Megan Squire du Southern Poverty Law Center dans le Washington Post, cela n'empêche pas les rumeurs de se répandre. Une troisième option est même venue s'inviter à la table des théories du complot. Le responsable de l'attentat serait un Antifa comme il est possible de le lire sur les réseaux sociaux. Le tireur, Thomas Matthew Crooks, s'appellerait Marks Violets et aurait expliqué son plan avant le passage à l'acte sur une vidéo Youtube. En réalité, la vidéo en question montre un individu qui n'a rien à voir avec les faits de samedi dernier.