Fusillades à Nîmes : un homme placé en détention provisoire pour le meurtre d'un jeune de 18 ans

Fusillades à Nîmes : un homme placé en détention provisoire pour le meurtre d'un jeune de 18 ans Un homme a été écroué dans l'enquête sur la mort d'un jeune de 18 ans survenue le 23 août à Nîmes. L'affaire semble être un règlement de comptes lié au trafic de drogues, très implanté dans la ville du Gard.

[Mis à jour le 29 août 2023 à 11h30] A Nîmes, l'enquête progresse sur la mort par balles d'un homme de 18 ans survenue dans le quartier de Pissevin, le 23 août. Connu des services de police, ce jeune homme aurait été victime d'un règlement de comptes sur fond de trafic de drogues. Le parquet de Marseille a révélé à BFMTV qu'un individu a été mis en examen et placé en détention provisoire le lundi 28 août. Interpellé la semaine dernière, cet homme de 20 ans est soupçonné "des chefs d'homicide volontaire avec préméditation en bande organisée, association de malfaiteurs en vue de la préparation de crime, destruction volontaire par incendie en bande organisée, recel en bande organisée de bien provenant d'un vol, acquisition, détention, port et transport d'armes et munitions de catégorie A et B par au moins deux personnes agissant en qualité d'auteur ou de complice", selon l'information judiciaire ouverte.

Pour faire face aux violences engendrées par les trafics de drogue à Nîmes, Gérald Darmanin a annoncé l'envoi du Raid en soutien de la CRS8 pour que la police soit "présente nuit et jour sur les trois lieux qui seraient des lieux de deal". C'est dans ce quartier de Pissevin que le jeune Fayed, âgé de 10 ans, avait été blessé, puis est décédé, dans la nuit du lundi 21 au mardi 22 août, après une fusillade.

"Il y a des quartiers où la sécurité n'est plus assurée" selon Elisabeth Borne

Invitée de France Bleu le 23 août, Elisabeth Borne a réagi à la mort de l'enfant de 10 ans à Nîmes. Un drame survenu dans le quartier de Pissevin, négativement connu pour ses fréquents règlements de comptes sur fond de trafic de drogue. La Première ministre y a vu "un drame épouvantable" et a fait part de son espoir de voir les auteurs de ce meurtre "punis à la hauteur du drame". Une enquête a été ouverte et confiée à la police judiciaire de Nîmes pour assassinat en bande organisée après la mort de l'enfant. Les auteurs des tirs sont toutefois toujours en fuite. 

Elisabeth Borne a reconnu qu'"il y a des quartiers où la sécurité n'est plus assurée". Un constat partagé par des habitants de ce quartier nîmois au micro de France 2 : "Ils ont laissé faire les trafiquants de drogue, on est comme dans un ghetto". Ces morts suscitent la colère des habitants du quartier nîmois gangréné par le trafic. La procureure de la République de Nîmes, Cécile Gensac, a assuré que ses fusillades ont éclaté dans un "contexte de guerres de territoires entre trafiquants après de récents démantèlements de points de deal".

Un quartier de Nîmes sous le choc après le meurtre d'un enfant de 10 ans

Il est entre 23h et 23h30 quand une fusillade retentit dans le sud-ouest de Nîmes, le lundi 21 août. Au moins un homme armé d'un fusil, décrit comme une arme de guerre type Kalachnikov, aurait ouvert le feu à plusieurs reprises aux abords de l'avenue des Arts, selon les informations d'Actu17. Le tireur aurait tiré sur un véhicule qui abritait un homme de 27 ans habitant dans le quartier nîmois et deux de ses neveux, rapporte France Bleu Gare Lozère. L'antenne de radio locale indique que quatre suspects seraient impliqués dans la fusillade d'après plusieurs témoins. Ces derniers disent avoir vu le tireur s'enfuir dans un véhicule conduit par un complice. Des vidéos amateurs de la scène diffusées sur les réseaux sociaux et partagées par Linda Kebbab, la déléguée nationale du syndicat policier Unité SGP FO, semblent correspondre aux témoignages. Le déroulé des faits doit encore être confirmé par les enquêteurs. Sur les lieux de la fusillade, une cinquantaine de douilles de différents calibres a été retrouvée confirmant la piste de la fusillade.

D'après le ministre de l'Intérieur, la fusillade de lundi répondrait à "ce qui semble être un règlement de comptes entre trafiquants". Et le politique d'ajouter que la "police a déjà interpellé de nombreux trafiquants ces dernières semaines et va intensifier sa présence avec fermeté." Le parquet de Nîmes comme les enquêteurs semblent être du même avis.

Qui sont les victime des fusillades à Nîmes ?

D'après les premiers éléments de l'enquête sur la fusillade du 21 août, l'enfant décédé et son oncle gravement blessé n'étaient pas spécifiquement visés et les tirs les ont touché le véhicule par erreur, d'après les informations de BFMTV. "La famille victime n'est associée d'aucune façon, ni avant ni actuellement, dans des faits de nature pénale", a confirmé la procureure de la République de Nîmes. L'immeuble près duquel la voiture des victimes se trouvait, dans la quartier dans lequel vivaient les victimes, était un point de deal connu de Pissevin d'après le parquet et c'est cet endroit que les tireurs auraient visé sans faire cas des victimes. Les enquêteurs envisageraient la piste de représailles entre bandes rivales, car quelques heures auparavant des coups de feu avaient blessé un jeune de 15 ans dans le quartier voisin de Valdegour, rapporte Le Parisien.

L'homme de 27 ans qui conduisant le véhicule a été gravement blessé par au moins trois balles dans le dos. Il s'agit d'un militaire de retour de mission et inconnu des services de police selon BFMTV. Les deux enfants, deux frères de 10 et 7 ans, sont ses neveux. Le plus âgé, Fayed, a été touché par une balle dans le dos et est décédé peu de temps après son arrivée à l'hôpital. "Il est établi que ce mineur a reçu un projectile, une balle probablement, et ce sera confirmé par les investigations scientifiques, dans une zone visiblement létale", a indiqué la procureure de la République de Nîmes. Quant au deuxième enfant, âgé de 7 ans, il est indemne.

La famille de Fayed, originaire de Mayotte, habite le quartier nîmois depuis longtemps selon des témoins et des voisins. "C'est une famille très gentille. [...] La maman est très discrète. [Fayed] était son fils aîné d'une fratrie de trois enfants." Dévastée par le chagrin, elle "pleure, elle ne sait plus quoi faire", a indiqué sa cousine au micro de RMC. Sur RTL, le père de l'enfant a raconté la découverte de son fils décédé à l'hôpital, l'homme dit ne pas avoir de colère et s'en remettre "à la justice, à Dieu. La personne qui va payer, la souffrance de sa mère, ma souffrance et la souffrance de toutes les personnes qui ont vu ça".

Concernant la fusillade dans la nuit de mercredi à jeudi, la victime est un jeune homme de 18 ans. Il était connu des services de polices en raison de sa participation à un trafic de stupéfiants. Il a été découvert vers 4h du matin par les secours à quelques rues seulement du lieu où l'enfant de 10 ans a été tué. Son corps était touché à l'abdomen et sa mort a été déclaré une heure plus tard.

Les réactions du ministre de l'Intérieur

Le vendredi 25 août, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, s'est rendu à Nîmes, dans le Gard, et a promis des renforts et de nouveaux moyens face aux violences dans la ville, et notamment dans le quartier de Pissevin. En plus de l'envoi du Raid, annoncé ce jeudi 24 août, et de la CRS 8 en début de semaine, le ministre a indiqué qu'il avait dépêché "une autre unité de CRS". Et de préciser que "cette unité de force mobile, ces 60 CRS, sera à demeure au moins jusqu'à la fin de l'année pour pilonner les points de deal".

Par ailleurs, Gérald Darmanin a indiqué l'arrivée de 15 officiers judiciaires de Paris, pour aider la police nîmoise dans le cadre de leurs enquêtes. Un GIR (groupe interministériel de recherche), situé à Nîmes, va aussi être créé "pour enquêter spécifiquement sur le blanchiment de l'argent de la drogue".

Gérald Darmanin a annoncé avoir chargé le préfet "de trouver les moyens d'implanter [un] commissariat de police municipale et nationale dans ce quartier" de Pissevin, pour faire face aux violences. Depuis le début de la semaine, un garçon de 10 ans et un homme de 18 ans sont morts, respectivement dans la nuit de lundi à mardi et de mercredi à jeudi, dans ce même quartier, sur fond de règlements de compte liés au trafic de drogue. 

De précédents règlements de comptes à Nîmes

Plusieurs fusillades faisant des blessés et parfois des morts, sont survenues ces derniers semaines dans la ville nîmoise. Des violences qui sont pour le plupart liées au trafic de drogue qui s'est profondément installé dans certains quartiers, à l'instar de Pissevin, du Chemin Bas et du Mas de Mingue. La veille de la mort de Fayed, un adolescent de 15 ans avait été tué par balles dans le quartier de Valdegour. Le Parisien rappelle également que le samedi précédent plusieurs coups de feu avaient été tirés par au moins quatre hommes à scooter et à bord d'une berline. Deux hommes âgés de 18 et 20 ans et connus de la justice avaient alors été interpellés. "Ces assassinats sont en lien direct avec le narcobanditisme et sont des règlements de comptes dans le cadre soit de guerres de territoire, soit de conflits commerciaux", a assuré Eric Maurel, l'ancien procureur de Nîmes auprès du journal francilien.

Le 27 août, un adolescent de 15 ans a été agressé au couteau en plein centre-ville. Atteint à la gorge, ce garçon a survécu à cette attaque. Un jeune du même âge a été interpellé deux jours plus tard. Déjà défavorablement connu des services de police, il est soupçonné d'être impliqué dans cette agression.  

Le 6 juin dernier, Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes, avait décidé de fermer la bibliothèque municipal du quartier de Pissevin face à un "risque d'atteinte grave à la sécurité des agents". Selon la mairie, les dealers ont installé des checkpoints pour mieux défendre leurs points de deals. Francebleu indiquait que les 18 agents du centre culturel étaient victimes de menaces et d'agressions verbales. Ils avaient même dû subir des contrôles et des palpations en plein rue avant de rentrer dans la bibliothèque. Le toit du bâtiment avait été réquisitionné pour "surveiller les alentours et prévenir de l'arrivée des forces de police".