Disparition d'Émile au Haut-Vernet : où en est l'enquête ?

Disparition d'Émile au Haut-Vernet : où en est l'enquête ? La disparition du petit Emile demeure un mystère : l'enquête perdure mais aucun suspect n'a pour l'heure été identifié.

Le petit Émile a disparu au Haut-Vernet, petit hameau des Alpes-de-Haute-Provence, début juillet 2023. Les parents d'Émile qui sont restés discrets depuis la disparition de leur fils - ils n'ont accordé qu'une seule interview au magazine Famille chrétienne fin août - se tournent vers la religion pour surmonter l'épreuve de la perte d'un enfant. 

Le point sur l'affaire

Que sait-on de la disparition d'Émile ?

Le petit garçon originaire de La Bouilladisse (Bouches-du-Rhône) a disparu le samedi 8 juillet 2023 près du domicile de ses grands-parents, situé au hameau du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence). Émile a échappé à la vigilance de sa famille aux alentours de 17h30 et a été vu une dernière fois par deux témoins au même moment déambulant dans une pente menant à la résidence de ses grands-parents. Depuis, aucun signe de vie ni aucune trace du petit garçon n'a été trouvé.

Les grands-parents d'Émile n'étaient pas seuls lors de la disparition de l'enfant. "Plusieurs autres membres de la famille [étaient] également présents" au domicile, selon les précisions du Figaro. Au total, une dizaine de personnes étaient sur place, dont des oncles, des tantes et des cousins de l'enfant disparu. Quant aux deux témoins qui ont aperçu l'enfant, ils ont expliqué ne pas s'être inquiétés puisqu'il est selon eux commun de voir les enfants jouer dans les rues dans ce hameau du Vernet.

Où en est l'enquête sur la disparition d'Émile ?

La situation est très délicate pour ce jeune enfant, selon le procureur de la République de Digne-les-Bains, Rémy Avon : "Médicalement, on nous dit qu'au-delà d'un délai de 48 heures, vu le jeune âge de l'enfant, vu sa constitution et considérant qu'un humain qui serait privé de nourriture et d'eau par les fortes chaleurs actuelles, le pronostic vital est très très engagé." Les recherches ont commencé quelques heures après la disparition d'Émile et ont continué pendant cinq jours. Mais, malgré les moyens déployés et le ratissage au peigne fin de 97 hectares dans et autour du hameau du Haut Vernet, "aucun élément" n'a été retrouvé. De fait, aucun indice ne permet encore de privilégier une hypothèse à une autre, mais aucune piste n'est écartée non plus et le parquet ne "s'interdit aucune investigation".

Après cinq jours de fouilles, les recherches ont pris fin le jeudi 13 juillet et l'enquête est entrée dans un second temps : celui de l'analyse des données recueillies par les enquêteurs lors des auditions, des ratissages, grâce aux témoignages ou aux données téléphoniques. 25 gendarmes sont regroupés pour former une cellule nationale d'enquête sur cette disparition. Cela permet à ce dispositif de s'appuyer sur tous les moyens régionaux et nationaux de la gendarmerie. Les enquêteurs misent sur les données de la téléphonie, tous les appels et messages effectués dans la commune du Vernet lors de la disparition d'Émile, pour déceler des indices. Un travail colossal et chronophage, puisque 1 600 téléphones ont borné dans le secteur au moment de la disparition d'Émile, comme l'a indiqué Rémy Avon, procureur de la République de Digne-les-Bains, dans un communiqué publié le 18 juillet et relayé par Le Figaro. "1 400 signalements téléphoniques ont été traités à la suite de l'appel à témoins lancé dès le 9 juillet", a-t-il ajouté.

Depuis le 18 juillet et l'ouverture d'une information judiciaire par le parquet, les enquêteurs ont mené de nouvelles auditions parmi les habitants du Haut Vernet, selon les informations de BFMTV. Ils ont notamment entendu un couple, dont le mari est l'un des derniers habitants à avoir vu jouer le jeune garçon le jour de sa disparition. Une audition de plusieurs heures, menée le 20 juillet, qui devait notamment permettre aux enquêteurs de comprendre pourquoi le couple s'est absenté lors de la disparition d'Émile. BFMTV rapporte par ailleurs que les véhicules d'habitants du Haut Vernet ont été analysés par les techniciens de la police scientifique. Des recherches menées afin de trouver d'éventuels indices qui permettraient de relier l'un d'entre eux à Émile. Mais pour l'instant, aucune piste n'est privilégiée pour expliquer la disparition de ce jeune garçon.

Un drone a aussi été mobilisé pour cartographier la région, notamment une zone boisée et jalonnée où le petit garçon aurait pu se perdre. Cette technologie aérienne pouvait jouer un rôle crucial dans les investigations en cours, rapportait alors RTL. Mais l'analyse effectuée par le drone s'est achevée le vendredi 28 juillet aux alentours de midi, sans résultat.

L'information judiciaire a été élargie dès le 28 juillet aux faits "d'enlèvement, arrestation, détention, et séquestration arbitraires sur mineur de moins de quinze ans", sur décision du procureur de la république d'Aix-en-Provence. La famille d'Émile, s'est constituée partie civile et a désormais accès au dossier sur la disparition de l'enfant, selon les informations du parquet d'Aix-en-Provence, relayées par BFM DICI. Ils sont prévenus des évolutions et ont accès au dossier par l'intermédiaire de leur avocat. Dans le cas d'un éventuel procès, il est possible de se faire assister ou représenter par ce même avocat pour la partie civile.

Signalement et photo d'Émile

Un signalement d'Émile a été émis le 9 juillet et est toujours diffusé par la gendarmerie avec une photo du petit garçon. Agé de 2 ans, l'enfant blondinet aux yeux marrons mesure 90 cm, il portait un haut jaune, un short blanc et des chaussure de randonnée au moment de sa disparition.

La gendarmerie invite toutes les personnes qui ont pu apercevoir le garçon dans le secteur du Vernet ou ayant traversé la zone pour se rendre vers Barcelonnette ou l'Ubaye ou "redescendre vers Nice, Grasse, Draguignan ou Aix-en-Provence" à informer les enquêteurs au 04.92.36.73.00.

Accident, enlèvement, homicide… Qu'est-il arrivé à Émile ?

Toutes les pistes sont encore envisagées pour expliquer la disparition d'Émile. Mais il est étonnant qu'aucune trace de l'enfant n'ait été trouvée : bien qu'il soit décrit comme "bon marcheur" le petit garçon de deux ans n'a pas pu s'aventurer à pied au-delà de la zone fouillée par les enquêteurs. D'autant plus que le terrain est très "escarpé" au hameau, lequel est bordé par des pentes raides d'un côté et par une falaise de l'autre. Les chiens Saint Hubert de l'équipe cynophile n'ont rien flairé alors qu'ils auraient pu trouver une trace de l'enfant "qu'il soit mort ou vivant depuis moins de quatre jours" selon un expert au micro de BFMTV. Et le spécialiste d'ajouter : "Ce qui peut rendre les choses compliquées, c'est qu'[Émile] ait été déplacé par un moyen mobile. […] Il y aurait un pont dans la piste et c'est difficile de raccrocher".

L'intervention d'une tierce personne dans la disparition d'Émile semble donc possible. L'enfant aurait pu être enlevé ou accidenté et son corps déplacé. La piste de l'accident a un temps était envisagée quand des traces de sang ont été découvertes sur une voiture fouillée par les enquêteurs. Après analyse, le sang s'est avéré être d'origine animale.

Qui sont les membres de la famille d'Émile ?

Émile fait partie d'une famille nombreuse. Sa mère, prénommée Marie, est décrite comme l'une des aînées d'une fratrie de dix personnes. Plusieurs membres de cette famille étaient réunis au domicile secondaire des grands-parents du petit garçon le jour de la disparition. Si le petit garçon et ses parents vivent à La Bouilladisse, dans les Bouches-du-Rhône, Émile avait l'habitude de passer les week-end et les vacances au Haut Vernet. La famille d'Émile est d'ailleurs connue des habitants du hameau. Ils sont décrits comme "des gens biens" et "très croyants".

Le grand-père d'Émile souhaitait initialement être prêtre avant de finalement tomber amoureux et d'embrasser une carrière d'ostéopathe, selon les informations de Var-Matin. Quant à la grand-mère, elle était institutrice. Leurs dix enfants ont été scolarisés à la maison. Peu de précisions ont été données sur les parents d'Émile, mais le quotidien varois croit savoir que le père de l'enfant faisait partie de la liste "Zou!" des amis d'Éric Zemmour en 2021, lors des élections régionales.

Les parents d'Émile ne se sont pas exprimés depuis la disparition du petit garçon et, selon les amis de la famille ou les habitants du Haut-Vernet, les proches d'Émile se sont repliés sur eux-mêmes et se sont tournés vers la religion pour surmonter cette épreuve. La famille de l'enfant a d'ailleurs organisé une messe en tout petit comité à la chapelle du hameau le mercredi 12 juillet. L'un des amis de la famille qui a assisté à la cérémonie a témoigné auprès de BFM D'ICI, décrivant une famille "meurtrie". "Aujourd'hui, il faut laisser cette famille dans leur intimité familiale et qu'elle puisse retrouver un brin de sérénité pour la suite des événements", a ajouté l'homme, qui n'a pas eu de nouvelles de la famille d'Émile depuis la messe.

Le père d'Émile est membre de Chrétienté Solidarité, un mouvement catholique traditionaliste, selon les informations de BFMTV et ingénieur de profession. Son grand-père est le trésorier de ce mouvement qui déclare lutter pour la défense des "valeurs menacées de la civilisation chrétienne et de l'identité française" et "contre le totalitarisme islamiste, les inversions anti-humaines, le mondialisme totalitaire et toutes les extrêmes gauches". Son fondateur historique et figure de l'extrême droite française, Bernard Antony, a défendu la famille du petit garçon disparu auprès de BFMTV, samedi 22 juillet, face aux rumeurs qui courent sur des dérives sectaires au sein de celle-ci. "Ils sont chrétiens, point", a-t-il déclaré, avant d'assurer : "Ils ne font pas partie d'une secte." "Les parents d'Émile sont des gens charmants. Ils ont décidé d'affronter cette épreuve en s'accrochant à leur foi", a de son côté indiqué le président de Chrétienté Solidarité, Yann Baly, rapporte la chaîne d'information.

La famille d'Émile s'est exprimée dans les médias

Les parents d'Émile ont pris une seule fois la parole, dans un entretien accordé le 29 août au magazine Famille chrétienne. Ils ont remercié les efforts fournis par ceux qui les ont soutenus et ont salué le travail des enquêteurs et des pompiers qui "ont fait preuve d'un grand professionnalisme et de beaucoup d'empathie", selon le père d'Émile, Colomban. Les deux parents expliquent à Famille chrétienne tenir le coup grâce à leur foi, tous deux étant de confession "catholiques de l'Église romaine", et avouent ne pas avoir "peur de demander à Dieu un miracle".

Les parents du petit garçon ont également tenu à contredire certaines informations diffusées dans les mmédias. "Certains médias assez vicieux se sont permis de raconter n'importe quoi sur nous sous prétexte que nous étions cathos…", se désole Colomban. Ils ont également évoqué les rumeurs quant à leur affiliation à des associations et partis d'extrême droite. "Nous militons au Centre Charlier [organisation catholique traditionaliste et assumée d'extrême droite, ndlr] et à l'Agrif (Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne) et nous en sommes fiers. Nous n'avons absolument rien à cacher", a déclaré la mère de famille, Marie.

La mère d'Émile a estimé que les médias voulaient les "faire passer pour des illuminés qui comptent uniquement sur la prière en négligeant l'action". Tandis que Colomban a déploré les soupçons émis à son encontre dans la disparition de son fils : "Certains médias sont allés jusqu'à oser écrire que les enquêteurs s'intéressaient désormais à nous au motif que mon profil les intriguait de plus en plus. Il a fallu beaucoup d'inhumanité à certains pour se moquer de la disparition d'Émile, et pour d'autres s'en réjouir sur les réseaux dits sociaux à cause de nos opinions réelles ou supposées."

Le couple a tenu également à défendre les allégations à l'encontre de leur famille. "Certains témoignages malveillants dans la presse font preuve d'une ignorance crasse, à notre sujet et aussi sur mes parents, en première ligne dans cette histoire, mon père en particulier" a-t-il ajouté dénonçant "la désinformation et la haine" dont la famille a été la cible.