Professeure tuée à Saint-Jean-de-Luz : l'élève en détention, et maintenant ?

Professeure tuée à Saint-Jean-de-Luz : l'élève en détention, et maintenant ? L'élève qui a poignardé à mort sa professeure au lycée Saint-Thomas d'Aquin à Saint-Jean-de-Luz, a reconnu les faits et a été placé en détention provisoire. Il risque jusqu'à la perpétuité si la qualification d'assassinat est retenue.

Deux jours après le terrible drame au lycée Saint-Thomas d'Aquin de Saint-Jean-de-Luz, l'élève qui a poignardé à mort Agnès Lassalle a reconnu les faits et a été déféré devant le juge d'instruction. Ce vendredi 24 février, le juge des libertés et de la détention a placé l'élève en détention provisoire, ce qui signifie que pendant toute la phase d'instruction et avant le verdict final, l'adolescent sera placé derrière les barreaux. L'élève étant âgé de 16 ans et soupçonné d'un crime, il pourrait être emprisonné pour une durée d'un an prolongeable jusqu'à deux ans maximum pendant la durée de l'instruction.

Vers la perpétuité ?

Cette mesure d'emprisonnement pour mineur âgé de 16 ans à 18 ans revêt un caractère, en principe, rare. Le code pénal, en son article L.334-2, dispose que la mesure doit être "indispensable" mais aussi répondre aux critères énoncés par l'article 144 du même code comme "protéger la personne mise en examen" mais aussi "mettre fin à l'infraction ou prévenir son renouvellement". L'élève qui a poignardé sa professeure sera toutefois placé dans un quartier spécial de la prison, soit dans une maison d'arrêt ou dans un établissement pénitentiaire spécialisé pour mineurs.

En principe, n'étant pas majeurs, les personnes de moins de 18 ans ne sont punies aussi sévèrement par la justice. Cependant, au-delà de 16 ans, "l'excuse de minorité" ne s'applique plus. L'article 122-8 du code pénal dispose en effet que "les mineurs capables de discernement sont pénalement responsables des crimes, délits ou contraventions dont ils ont été reconnus coupables". Tout dépend également de la qualification retenue dans cette affaire, meurtre ou assassinat. Ce dernier crime étant puni plus sévèrement car il est prémédité. L'autre question qui se pose est celle de sa responsabilité pénale, question à laquelle les experts devront répondre lors du procès. Si la qualification d'assassinat est retenue dans le jugement, alors la perpétuité pourrait être retenue. Si le crime est requalifié en meurtre, alors l'adolescent pourrait risquer jusqu'à 15 ans de réclusion criminelle. 

En savoir plus

Que sait-on du drame à Saint-Jean-de-Luz ?

Ce mercredi 22 février 2023, une professeure du lycée Saint-Thomas d'Aquin de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) a été tuée par un élève, qui l'a violemment agressée avec un couteau, vers 10 heures, en plein cours d'espagnol. France Bleu Pays Basque tient d'un témoignage que l'adolescent se serait levé au milieu du cours, cachant son arme blanche dans une feuille. Après avoir bloqué la porte de la salle, il se serait jeté sur l'enseignante pour la poignarder, laquelle a été touchée au sternum. Lorsque les secours sont arrivés sur place, la victime, âgée d'une cinquantaine d'années, était en arrêt cardio-respiratoire. Elle est décédée quelques minutes tard.

Que sait-on de l'agresseur ?

L'agresseur est un adolescent âgé de 16 ans. Le procureur de la République de Bayonne, cité par Le Parisien, a indiqué que le jeune homme est scolarisé en classe de seconde et était un élève de la professeure tuée. Il a très vite été interpellé par les forces de l'ordre. A ce stade, les raisons qui l'ont poussé à commettre cet acte barbare ne sont pas encore connues. Le jeune homme est inconnu des services de police précise BFM TV. La chaîne d'info avance que "l'adolescent souffre de troubles psychiatriques, et aurait dit 'être possédé', après son passage à l'acte." Le Monde confirme que l'enquête "s’oriente vers la prise en compte d’éventuels troubles psychiatriques de l’auteur des faits." Selon les informations de L'Opinion, le lycéen aurait tenu "des propos bizarres, un peu incohérents", mais "en lien" avec son acte.

Après avoir agressé l'enseignante, le lycéen mis en cause se serait rendu dans une classe voisine et aurait remis son arme à un professeur présent avec lequel il aurait échangé quelques mots. Des sources policières citées par différents médias ont fait savoir que le jeune homme a assuré avoir "entendu des voix" qui lui disait que son enseignante "incarnait le mal" et l'ont poussé à l'attaquer. Le lycéen aurait renouvelé ses déclarations pendant sa garde à vue selon d'autres sources proches du dossier auprès de BFMTV.

Le ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye, a confirmé jeudi 23 février, avant la conférence de presse du procureur de la République : "C'est plutôt vers des troubles de nature psychiatriques que l'on s'oriente mais je ne veux pas conclure avant que l'enquête ait précisé tout cela". Devant les enquêteurs, le lycéen a renouvelé ses déclarations sur des "voix" qu'il aurait entendu avant de poignarder sa professeure. Ces voix lui auraient dit que l'enseignante "incarnait le mal" selon une source policière auprès de BFMTV. La piste des troubles psychiatriques semble donc se confirmer.

Lors de sa prise de parole le procureur de la République de Bayonne, Jérôme Bourrier, a lui aussi indiqué que l'élève de seconde "a mis en avant une petite voix qui lui parle (...), qui l'incite à faire le mal et qui lui aurait suggéré la veille de commettre un assassinat". Le procureur a ajouté que l'élève "apparaissait accessible à une responsabilité pénale" car "aucune maladie mentale de type schizophrénie, état maniaque, mélancolie ou retard mental, ni décompensation psychiatrique aigüe" n'ont été détectés.

Une pluie d'hommage pour Agnès Lassalle, la professeure poignardée 

Agnès Lassalle a été poignardée par un de ses élèves mercredi 22 février 2023. Une professeure de 52 ans qui enseignait l'espagnol au lycée privé de Saint-Jean-de-Luz depuis 26 ans. Son compagnon souhaiterait que reste l'image d'elle comme étant une personne qui "essayait toujours d'aider autrui, de faire les choses bien". Pour son compagnon, Agnès Lassalle a accompli "sa mission jusqu'au bout".

Le procureur de la République a qualifié l'enseignante comme une personne "extrêmement investie dans son établissement scolaire et unanimement appréciée de ses élèves, ses collègues, sa famille". Depuis nombreux témoignages d'élèves affluent pour honorer la mémoire d'Agnès Lassalle. Un ancien étudiant de sa classe d'espagnol a livré son témoignage au Parisien. "J'ai eu cette professeure deux ans, elle était exigeante oui, mais elle savait où elle voulait emmener ses élèves, humainement elle était très sympa, c'était une femme formidable".