Attaque à gare du Nord : une vidéo de l'agression et une nouvelle enquête
On en sait davantage sur l'attaque à l'arme blanche qui a fait 6 blessés mercredi 11 janvier dans la gare du Nord, à Paris. La police judiciaire continue ses investigations et a même dû ouvrir une seconde enquête, compte tenu de fuites qui ont amené à la diffusion sur Internet d'extraits vidéo montrant une partie de l'agression. Ces images proviennent des enregistrements des caméras de vidéosurveillance et ont manifestement été mises en ligne en violation du droit : on y voit l'agresseur d'en prendre à sa première victime avec une grande violence : l'individu a donné une vingtaine de coups, avec acharnement. Cette enquête a été confiée à l'IGPN.
L'assaillant a attaqué plusieurs personnes dans la gare du Nord avec une arme blanche de fabrication artisanale, il s'agirait d'une sorte de crochet maintenu par du scotch. L'assaillant a très rapidement été mis hors d'état de nuire, "neutralisé" par balles, par l'intervention rapide des policiers présents sur place, en civil. Mais dans sa course folle et désordonnée, l'homme a eu le temps de faire 6 blessés, trois hommes et trois femmes, dont une personne grièvement touchée selon le parquet de Paris. Le suspect interpellé a été hospitalisé dans un état critique.
Une enquête a été ouverte par le parquet pour "tentative d'assassinat" et confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire de Paris. Le suspect a été placé en garde à vue pour le même chef d'inculpation.
Que s'est-il passé exactement ? Le récit de l'attaque
Gérald Darmanin a réagi ce mercredi, sur place, devant les médias. Il a donné les informations dont il disposait, en précisant l'articulation des faits survenus dans la gare du Nord : "A 6h42, un individu menace et s'en prend à des personnes à l'entrée de la gare puis à l'intérieur de la gare. A 6h43, il a été neutralisé, par des policiers en civil, de la Compagnie nocturne des réseaux de la BRF, qui rentraient chez eux après leur service de nuit. Ces agents étaient équipés de leur arme de service et de leur gilet par balles, en vertu du protocole mis en place il y a quelques années pour protéger les forces de l'ordre", a déclaré le ministre devant les journalistes. "Le périple de l'assaillant, même si cela a été très court, a été extrêmement violent, il a eu le temps de s'en prendre à 6 personnes", a-t-il dit, laissant entendre très clairement que l'agression aurait pu faire un nombre bien plus considérable de victimes.
Le parquet de Paris a aussi donné des informations sur les victimes ce jeudi 12 janvier : Il y a d'abord deux hommes âgés de 41 ans et 36 ans. À noter que le second, blessé à l'omoplate et hospitalisé en "urgence absolue", était toujours à l'hôpital mercredi soir, mais hors de danger. Un policier affecté à la police aux frontières (PAF) de la gare du Nord, âgé de 46 ans, fait également partie des victimes. Ce dernier, qui n'était pas en service ce matin, avait un gilet pare-balles qui l'a protégé. Selon les informations du Figaro, le port de ce gilet l'aurait "sauvé". Enfin, trois femmes âgées de 40, 47, et 53 ans auraient été blessées.
Qui est l'auteur de l'attaque à la gare du Nord ?
L'identité de l'auteur de l'attaque au couteau à la gare du Nord est encore floue, mais le relevé d'empreintes réalisé par les policiers a permis d'obtenir quelques éléments d'identification. Il faut toutefois encore faire le tri car l'homme serait connu des services de police sous différentes et fausses identités, pour des faits de droit commun et essentiellement pour des atteintes aux biens. Selon les informations du parquet, communiquées jeudi 12 janvier, "il pourrait s'agir d'un homme né en Libye ou en Algérie et [âgé] d'une vingtaine d'années".
Une source policière, dont Europe 1 et l'AFP rapporte également les propos, affirme quant à elle que le suspect serait Libyen. Né en 2000, il serait arrivé en France il y a trois ans. Connu des services de police, il est sous le coup d'une obligation de quitter le territoire (OQTF). Le ministère de l'Intérieur a, pour sa part, justifié auprès de l'AFP la raison pour laquelle la procédure n'aurait pas été effectuée, indiquant notamment que la France n'expulse pas vers la Libye. En cause ? L'instabilité politique sur place. Si les enquêteurs continuent de travailler sur le profil et l'identité de l'assaillant de la gare du Nord, l'identification formelle de l'individu risque d'être compliquée en raison de l'absence d'échanges d'informations avec la Libye pour ses ressortissants.
Le mobile de l'homme est également difficile à déterminer. Selon franceinfo, le principal suspect aurait d'abord "menacé" plusieurs personnes avant de faire usage de son arme blanche. Parmi les pistes évoquées, il y la possibilité d'une "rixe" qui a mal tourné, l'hypothèse d'un attentat terroriste bien qu'elle ne soit pas la piste prioritaire et enfin, celle d'une geste commis par un déséquilibré.
L'attaque gare du Nord, un attentat ?
Si la piste de l'attentat terroriste est encore envisageable, à ce stade le parquet antiterroriste n'a pas été saisi, mais ce dernier a indiqué mercredi soir être "en évaluation". Plusieurs témoins de la scène à la gare du Nord ont indiqué avoir entendu des slogans prononcés lors de précédents attentats terroristes islamistes dont le "Allah Akhbar". Ces éléments sont en cours de vérifications par les enquêteurs mais les policiers également présents lors de l'attaque indiquent pour leur part avoir entendu des propos en langues arabes sans pouvoir donné plus de précisions. Venu sur place quelques heures après l'attaque, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a semblé écarter le caractère terroriste de l'attaque, notamment en l'absence de confirmation des informations sur les slogans islamistes. confiée, elle, à l'IGPN.
"Il attaquait toutes les personnes qui l'approchaient"
Les journalistes de BFMTV ont recueilli le témoignage d'une personne présente dans la gare du Nord au moment où est survenue cette attaque au couteau. "On a entendu des personnes crier. On a vu des personnes au sol, dont une qui était en train de frapper l'autre, certaines personnes ont essayé de les séparer. Et je crois que c'est à ce moment-là que l'attaquant a sorti son couteau. Les gens ont crié "couteau !", tout le monde s'est mis à courir", a indiqué cette témoin. "J'ai aidé une première victime quand l'agresseur est parti un peu plus loin, elle était en état de choc. J'ai eu l'impression qu'il agressait toutes les personnes qui essayaient de l'approcher et qui essayaient de le neutraliser. [...] J'ai ensuite entendu des coups de feu, les forces de l'ordre ont réagi très vite. [...] On est tous très choqués, ça aurait pu être nous, ça aurait pu être n'importe qui dans cette gare. [...] La personne que j'ai aidée avait l'air complètement perdue, j'ai eu l'impression que l'assaillant était psychologiquement dérangé".
Un autre témoignage, recueilli par Le Parisien, donne la mesure de la stupeur qu'ont pu vivre les personnes présentes dans la gare. Il indique que deux vigiles du Monoprix, situé dans la gare, se sont approchés du suspect et ont commencé à tenter de le stopper, en lui assenant des coups. "Quand ils se sont aperçus qu'il tenait dans la main une sorte de couteau et qu'il faisait des gestes pour les frapper avec, ils ont reculé. Tout le monde s'est écarté et l'homme pas très grand, qui portait un manteau clair, est parti en courant", a raconté ce témoin, donnant ensuite des précisions sur les quelques minutes qui ont suivi : "Quelques mètres plus loin, au niveau de l'escalator qui descend vers le métro, il a agressé une femme d'une cinquantaine d'années. Elle a poussé des hurlements terribles. C'était horrible. Tout le monde a commencé à avoir peur, certains couraient pour se cacher".