Camille Chauvet : enlevée il y a 11 ans, comment a-t-elle été retrouvée?
[Mis à jour le 14 mars 2022 à 15h43] C'était un enlèvement parental de notoriété publique. Enlevée dans le Var, dans la petite ville de Carqueiranne et emmenée vers une destination inconnue par sa mère ingénieure militaire en 2011, Camille Chauvet n'a jamais été aperçue depuis. Le mystère est partiellement levé le 1er mars 2022, lorsque Priscilla Majani, sa mère, a été appréhendée dans le canton de Vaud -situé à l'ouest de la Suisse- lors d'un simple contrôle policier sur la route, comme le révèle Var-Matin ce 14 mars. En vérifiant ses papiers d'identité, la police suisse a fait le lien, comprenant qu'il s'agissait là d'une personne fichée. Elle a été incarcérée provisoirement à la prison de Tuilière à Lonay, le temps qu'une procédure d'extradition soit engagée, mais surtout que l'enquête soit menée. Camille Chauvet a quant à elle été placée sous la responsabilité de l'organisme chargé de la protection de l'enfance du canton de Vaud, mais l'on ne sait pas pour le moment pour combien de temps. Une audience va avoir lieu pour déterminer si cette mesure doit être prolongée. Alain Chauvet, le père de Camille, a quant à lui été informé qu'elle avait été retrouvée par le biais de son avocat, Me Olivier Ferri. Après cette longue attente, il s'était dit "prêt à tout lâcher, tellement c'est lourd", comme il le confie dans un entretien accordé à Var-Matin ce 14 mars.
Le lieu de fuite (voire de résidence) de Priscilla Majani n'a jamais été découvert, malgré tous les avis de recherche placardés dans les aéroports ou les commissariats et la fiche de recherche sur sa mère diffusée par Interpol. On ignore tout du déroulé de ces 11 années. Les raisons de l'enlèvement étaient également floues : sa mère avait tenté d'obtenir sa garde, en vain, avant qu'Alain Chauvet, son ex-conjoint, ne l'obtienne, le tout alors que les parents étaient en instance de divorce. Elle est déjà bien connue des tribunaux puisqu'elle a été jugée à trois reprises par le tribunal judiciaire de Toulon, et condamnée au total à six ans de prison pour "non-représentation de mineure", "dénonciation calomnieuse", et "soustraction d'enfant".
La famille jugée coupable de complicité dans l'enlèvement de Camille Chauvet
En 2011, la petite Camille Chauvet a été enlevée par sa mère à Carqueiranne, dans le Var. Son père, qui l'avait vue pour la dernière fois en décembre 2010, à Noël, était sans nouvelles d'elle depuis. Après plusieurs demandes d'Alain Chauvet, la police s'était intéressée à l'entourage de la mère et de la famille dans le but d'obtenir quelques réponses. Mais les proches entendus sont restés muets. Adelheid et Lucille Majani, respectivement la grand-mère et la tante de Camille, ont été interrogées à de nombreuses reprises. Le premier procès a été celui du Tribunal correctionnel de Lyon en novembre 2016 : elles y ont subi de longs interrogatoires, les deux femmes ayant longtemps été soupçonnées d'avoir apporté leur complicité lors de l'enlèvement. L'enquête avait établi qu'elles avaient participé à "l'évaporation" de la mère avec sa fille, en soldant notamment ses comptes et ses affaires courantes telles que le bail ou le déménagement, comme le détaille Var-matin. Pour "complicité de soustraction d'enfant", la grand-mère a été condamnée à deux ans de prison, dont six mois avec sursis, et la tante à deux ans, dont un avec sursis.
En septembre 2018, l'histoire se répète lorsque la Cour d'appel d'Aix-en-Provence a rouvert le dossier après que les deux femmes ont contesté les condamnations de 2016 en plaidant une relaxe. Toujours soupçonnées d'avoir participé à la "disparition sociale" de Priscilla Majani, elles ont nié une nouvelle fois les allégations. Le procès n'a ainsi abouti à aucune révélation ou confession concrètes, et Lucille Majani a même bénéficié d'une relaxe, tandis que sa mère, Adelheid, a vu le quantum de sa peine réduit en appel. En mai 2021 a lieu un 3e procès, à l'aboutissement duquel Adelheid Majani, 85 ans, a écopé de 18 mois de prison, dont 6 avec sursis pour avoir aidé sa fille à disparaître avec l'enfant.
Camille Chauvet retrouvée : la longue bataille de son père
Dès le début, Alain Chauvet a assuré qu'il était persuadé qu'elles savaient où se trouvait sa fille, mais qu'elles se taisaient pour couvrir la mère. Il a justifié ces accusations principalement par le fait qu'elles n'ont jamais prévenu la police pour déclencher des recherches, et ce depuis le début de l'enlèvement. Mais les deux femmes sont restées silencieuses, refusant de livrer la moindre information. Alain Chauvet est devenu une figure de la cause des pères privés de l'"égalité parentale", en devenant militant de l'association SOS Papa qui revendique la généralisation de la garde alternée quand les parents se séparent. "J'ai subi tous les coups pendables jusqu'à l'enlèvement pur et simple de ma fille, en passant par des accusations sordides", confiait-il en mars 2018 à Var Matin. Ces accusations, principalement de "pédophilie" et de "viol", ont fait l'objet de dépôts de plainte de la part de Priscilla Majani. Elles ont depuis été démenties par les expertises diligentées par le parquet de Toulon. Il s'est ainsi battu pendant 11 ans pour retrouver sa fille qui vivait dans la clandestinité avec une mère jugée instable.