Accident sur l'A7 : le Scénic en cause ? Une information judiciaire ouverte, Renault réagit
ACCIDENT A7 - Lundi 20 juillet, un tragique accident de la route a coûté la vie à cinq enfants sur l'autoroute A7, au niveau d'Albon (Drôme). Le parquet de Valence a requis, vendredi 24 juillet, l'ouverture d'une information judiciaire contre X pour "homicide et blessures involontaires".
[Mis à jour le 26 juillet 2020 à 17h35] Lundi 20 juillet, un terrible accident de la route a tué cinq enfants, âgés de 3 à 14 ans, sur l'A7 au niveau d'Albon (Drôme). Les quatre survivants, trois adultes et un enfant de 7 ans, sont toujours hospitalisés : leur pronostic vital est engagé. Une défaillance du turbo du Scénic, modèle de voiture de Renault, pourrait être à l'origine du drame. Lancé sur l'autoroute, le véhicule avait pris feu. Il a ensuite fait des tonneaux et s'est embrasé dans un champs, explique La Voix du Nord. L'avocat de la famille endeuillée, Nicolas Cellupica, estime que Renault doit répondre "de ses actes et de ses responsabilités ". Le parquet de Valence a décidé d'ouvrir une information judiciaire des chefs d'homicides involontaires et blessures involontaires.
En raison du tragique accident sur l'A7, dans la Drôme lundi 20 juillet, qui a tué cinq enfants, la préfecture des Vosges a modifié son calendrier en menant une action de prévention sur l'aire de Sandaucourt, sur l'A31. Samedi, les gendarmes ont "échangé avec les vacanciers", pour leur rappeler des règles essentielles en matière de sécurité routière, explique le major Lostetter, adjoint au commandant de l'Escadron départemental de sécurité routière. "On veut faire de la pédagogie, sur plusieurs domaines liés à la sécurité routière, notamment la vitesse, les conduites addictives, les nouvelles technologies. Et on leur fait prendre conscience de l'importance du repos régulier, surtout en cette période de départ en vacances", précise-t-il. "Généralement on fait cette campagne de prévention plus tard, lors du grand chassé-croisé entre les juillettistes et les aoûtiens. Nous avons tenu opportun, compte tenu du drame sur l'A7 lundi d'avancer l'événement et de le faire à cette période, où il y a beaucoup d'affluence sur les routes", explique de son côté le directeur de cabinet du préfet des Vosges, Ottman Zaïr.
Le dysfonctionnement ne serait pas un cas isolé
Alors que le parquet de Valence a requis, vendredi 24 juillet, l'ouverture d'une information judiciaire contre X pour "homicide et blessures involontaires", maître Cellupica a indiqué sur BFMTV avoir reçu "des dizaines et des dizaines de témoignages, que ce soit des appels téléphoniques ou des emails au cabinet, de personnes propriétaires de véhicules Renault Scénic, avec un moteur diesel turbo, à qui il est arrivé le même dysfonctionnement". Le juriste a également avancé que l'Union fédérale des consommateurs, l'UFC-Que Choisir, avait alerté sur les dysfonctionnements de ce moteur dès 2006. De surcroit, l'avocat estime avoir "trouvé de la jurisprudence qui condamne Renault pour vice caché sur cette pièce du moteur", a-t-il précisé.
Dans un communiqué, la marque au losange a partagé sa "vive émotion" et a fait savoir qu'elle contribuerait "naturellement aux investigations". Toutefois, Renault n'a pas réagi à l'intention de l'avocat de déposer plainte, ni aux allégations de défaillance de son modèle Scénic. "Je trouve que l'enquête a été très vite en besogne pour dire que c'est le turbo qui a lâché", a malgré tout estimé Benjamin Cuq, auteur du "Livre noir de Renault", sur BFMTV. Le journaliste automobile a justifié son propos en ajoutant que "un turbo qui lâche, c'est une perte, une décélération. Vous vous retrouvez avec un moteur anémié, vous roulez à 80 au lieu de 120". Et de conclure : "Le véhicule date de 2005, il faut le rappeler. Quid de son état ? Quid de son entretien ? La responsabilité, elle est aussi individuelle", a-t-il ajouté.
Ce que l'on sait sur les circonstances de l'accident
L'accident sur cette portion d'autoroute au niveau d'Albon, au nord de la Drôme, est survenu en début de soirée ce lundi 20 juillet 2020. Neuf personnes se trouvaient à bord du véhicule : six enfants, entre 3 et 14 ans, et trois adultes. La météo, calme ce lundi soir, ne semble pas avoir participé à l'accident, qui a eu lieu dans le sens sud-nord de l'autoroute A7. Selon le récit d'Alex Perrin, le procureur de la République de Valence, le véhicule a "manifestement" pris feu, avant que le conducteur n'en perde le contrôle et qu'il ne parte "en tonneaux". Selon le préfet de la Drôme, sur les caméras de surveillance, "on voit de la fumée, le véhicule commence à prendre feu. Manifestement le conducteur a cherché à se mettre sur la bande d'arrêt d'urgence. Mais les freins n'ont pas fonctionné", a expliqué Hugues Moutouh sur Franceinfo.
Les victimes de l'accident sont toutes issues de la même famille
L'accident survenu ce lundi soir sur l'autoroute A7 a donc provoqué la mort de cinq enfants, âgés de 3 à 14 ans. Au total, neuf personnes étaient présentes dans le véhicule. Les quatre autres, un enfant et trois adultes, sont blessés et trois d'entre eux, dont l'enfant, sont en état d'urgence absolue. Il s'agit d'une famille originaire de Vénissieux, dans la banlieue de Lyon. Le procureur de Valence Alex Perrin a fait savoir que le conducteur, encore en vie, était le père de famille. Il voyageait avec ses quatre enfants, leur mère, et une belle-sœur avec deux enfants.
Des question sur le Renault Scénic
La famille circulait dans un Renault Grand Scénic de 2005. Dans ce véhicule de sept places, neuf personnes se trouvaient à bord. Toutefois, "la cause de l'accident n'est manifestement pas dans le nombre de personnes à bord, c'est manifestement une cause technique", a expliqué le procureur au micro de France Bleu. Selon BFMTV, le turbo de l'automobile présentait des défaillances. Ces problèmes techniques seraient à l'origine du départ de feu et des problèmes de freinage. Comme évoqué plus haut, des questions se posent quant à la fiabilité de ce modèle après cet accident et en ce sens, des témoignages de propriétaires ont confirmé qu'il s'agissait d'un problème existant.
BFMTV a interrogé l'un d'eux, qui dit avoir eu la "peur de sa vie". "En quelques secondes, le moteur s'est emballé, à plus 4 500 tours. Ensuite, il y a eu de la fumée, le hurlement du moteur, j'ai pu débrayer et laisser le véhicule sur la bande d'arrêt d'urgence", raconte-t-il, ajoutant avoir porté plainte. Et selon une enquête d'Europe 1, cette défaillance est bien connue des garagistes. Prenant l'exemple d'une automobiliste ayant connu pareil scénario, celle-ci a confié à la radio que le mécanicien qui a pris en charge son véhicule que le turbo était "la tare des Grand Scénic 2".
Plusieurs garagistes interrogés par Europe 1 ont confirmé la récurrence de ce problème, surtout sur les Renault Scénic DCI, notamment ceux des années 2000. "Je ne compte plus le nombre de conducteurs que j'ai retrouvés en train de bégayer sur la bande d'arrêt d'urgence tant ils avaient eu peur de ce qui venait de se passer", explique l'un d'eux, anonymement.