Le coq Maurice au tribunal : que risque l'animal ? Le point sur l'affaire

Le coq Maurice au tribunal : que risque l'animal ? Le point sur l'affaire Maurice, un coq de Saint-Pierre d'Oléron fait l'objet d'un procès au tribunal. L'affaire insolite date de 2017 et oppose sa propriétaire à deux voisins agacés par les nuisances sonores.

Qui est Maurice ? Ce coq de Saint-Pierre d'Oléron défraie la chronique et fait l'objet d'un procès, ce jeudi 4 juillet, au tribunal d'instance de Rochefort en Charente-Maritime. Mais le volatile n'est pas présent à l'audience : il est représenté par sa propriétaire Corinne Fesseau. Plusieurs propriétaires de coqs ont néanmoins annoncé faire le déplacement avec leurs animaux pour le soutenir contre les accusations de deux voisins agacés.

Depuis 2017, le couple Biron, voisin de madame Corinne Fesseau, fait savoir sa gêne. Le chant du coq, dont le poulailler est situé à deux mètres de leur fenêtre, provoque un "trouble anormal du voisinage" comme le plaide l'avocat Me Vincent Huberdeau. Après plusieurs courriers, tentatives de médiation et même des visites d'huissier, le couple demandé une assignation au tribunal au printemps 2019.  Me Huberdeau ne s'attendait pas à ce que l'affaire aille si loin. "L'assignation visait à poser le cadre, à faire bouger les choses" explique-t-il au Figaro. "Mes clients ont 68 ans, ils sont à la retraite, ils aspirent simplement à la tranquillité lorsqu'ils viennent en vacances dans leur maison de l'île d'Oléron. [Le couple est] dépassé par les proportions prises par cette affaire. Ce ne sont pas des citadins déterminés à lutter contre la ruralité, juste des retraités qui veulent dormir le matin" défend-il.

Coq Maurice : la pétition de sa propriétaire

Corinne Fesseau, la propriétaire de Maurice, ne semble pourtant pas vouloir céder. "Je ne vois pas l'intérêt d'enfermer mon coq dans une cage et de le mettre dans ma cuisine, ni pourquoi je le déplacerais alors que les autres voisins, qui sont là à l'année, me disent que ça ne les gêne pas. On verra ce que dit le juge, c'est lui décidera" explique-t-elle à franceinfo. Elle dispose en effet du soutien de plusieurs voisins et de la municipalité, alors que le couple Biron n'habite ici que certains mois de l'année, dans sa résidence secondaire. "Ils ne sont pas des sous-citoyens sous prétexte qu'ils viennent peu souvent. Pourtant, ils se sentent agressés, considérés comme des étrangers depuis le début de cette affaire" argue pourtant l'avocat des Biron. Selon lui, "les Fesseau ont un tissu de relations", ce qui explique les proportions qu'ont prises l'affaire. De nombreuses personnes ont en effet apporté leurs soutiens à Maurice le coq. Une pétition, lancée le 12 juillet 2017, a récolté en près de deux ans 119 447 signatures.

Que risque Maurice ? Aujourd'hui, les Biron demandent des dommages et intérêts, la prise en charge des frais de justice et surtout "la cessation sous astreinte de la nuisance", c'est-à-dire "que le coq soit déplacé, ou qu'une solution technique soit trouvée pour mieux isoler le poulailler". Pourtant, la seule jurisprudence similaire semble favorable au gallinacé. Il y a dix-sept ans, la cour d'appel de Riom a annulé une décision du tribunal de Clermont-Ferrand ordonnant la destruction d'un petit élevage de gallinacés en raison des nuisances sonores rapporte franceinfo. Elle avançait alors que "la poule est un animal anodin et stupide au point que nul n'est encore parvenu à le dresser, pas même un cirque chinois."

Le coq Maurice : une affaire symbolique reprise dans les médias

Depuis deux ans, l'affaire du coq Maurice a été érigée en un symbole local. Celui du monde rural et des traditions de village en France. "On protège les bruits de la campagne. Que doit-on interdire ? Le chant des tourterelles, le cri des mouettes ? Nous sommes sur une île, les oiseaux tous les matins qui gazouillent ? Les cloches qui sonnent ?" demande Corinne Fesseau. Le maire de Saint-Pierre d'Oléron Christophe Sueur a pris un arrêté pour préserver "les modes de vie liés à la campagne notamment pour ce qui concerne la présence des animaux de la ferme", en affirmant le caractère à "dominante rurale" de l'île. En attendant, l'affaire continue de passionner les médias, en France comme à l'étranger. Maurice est ainsi apparu sur une chaîne de télé néo-zéalandaise ou même, plus récemment, dans un article du New York Times. ""Il faut défendre le coq" : le choc des cultures françaises dans le poulailler" (The Rooster Must Be Defended': France's Culture Clash Reaches a Coop) titrait le magazine américain.