Uniforme à l'école : écoles, collèges, lycées... Où et quand va-t-il être expérimenté ?
L'uniforme scolaire va-t-il faire son retour dans les écoles ? Au moins momentanément dans certains établissements. Le sujet est évoqué depuis le mois de juillet et le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, a donné son feu vert pour expérimenter le port de l'uniforme dans certaines écoles qui en font la demande. Le politique n'est pourtant pas un adepte du code vestimentaire strict, même quand celui-ci est présenté comme une possible solution face aux discriminations, au harcèlement ou encore au débat sur les signes religieux ostentatoires - sujet qui fait écho à la récente interdiction de l'abaya. "Je ne suis pas sûr que ce soit une solution miracle qui permette de régler tous les problèmes", a ainsi glissé le ministre.
Reste qu'il est favorable à un essai comme il l'indiquait fin juillet dans un entretien fleuve accordé à Midi Libre : "L'expérimentation est toujours utile pour faire progresser le débat, dans un sens ou dans l'autre". Emmanuel Macron est lui aussi enclin à tester le retour de l'uniforme ou de la tenue unique dans les écoles, les collèges et/ou les lycées. Le chef de l'Etat a toutefois semblé donner l'avantage à la tenue stricte qui peut "paraître un peu moins stricte d'un point de vue disciplinaire" lors de son interview accordée au journaliste et youtubeur Hugo décrypte.
Quand l'uniforme ou la tenue unique seront instaurés dans les écoles ?
La date du retour, temporaire, de l'uniforme ou de la tenue unique - qui consiste à instaurer un code vestimentaire simple sans imposer un uniforme classique, par exemple un jean, un tee-shirt blanc ou neutre - n'est pas fixée. Le ministre de l'Education nationale doit préciser "les modalités de l'expérimentation à l'automne" mais a assuré vouloir "lancer assez vite" le processus de test. Rien ne dit toutefois que le port de l'uniforme ou de la tenue unique sera généralisé, cela dépendra des résultats de l'expérimentation qui doit être évaluée selon ce qu'elle "permet en matière de transmission, d'élévation du niveau à l'école et de restauration de l'autorité dans nos écoles".
Où le port de l'uniforme à l'école pourrait être expérimenté ?
A peine Gabriel Attal a-t-il évoqué l'idée d'évaluer les effets du retour de l'uniforme dans les établissements scolaires que les volontaires pour participer à l'expérimentation se sont fait connaître. Fin juillet, c'est le maire de Béziers, Robert Ménard, qui déclarait sur France Bleu, le 7 août, "lever la main" pour prendre part à l'essai. Si l'édile proche de l'extrême droite est favorable au retour de l'uniforme, il dit ne pas être "assez naïf pour penser que l'uniforme ou la blouse à l'école va tout régler". Une telle mesure pourrait toutefois "régler partiellement un certain nombre de questions", notamment éviter la "course à la mode", gommer les différences sociales, calmer le "narcissisme ambiant" et "lutter contre le harcèlement scolaire", selon le maire de Béziers.
Autres volontaires dans la liste : le maire de Perpignan Louis Aliot (RN) ou encore le président des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti (LR), et son homologue dans les Bouches-du-Rhône, Martine Vassal (LR). Cette dernière suggère d'organiser une "grande concertation avec l'Education nationale et les parents d'élèves afin d'expérimenter le port de l'uniforme dans les collèges" de son département. Le patron des Républicains milite pour sa part pour un port de l'uniforme généralisé. Gabriel Attal, entend ces propositions sans y répondre et rappelle que l'expérimentation se tiendra là où "la communauté éducative d'un établissement" le demandera.
Ces écoles qui imposent déjà l'uniforme
Rares sont les établissements scolaires qui imposent l'uniforme de nos jours. Parmi eux, on trouve notamment les lycées de la Défense, ex-lycées militaires, soit six établissements, selon TF1 Info : le Prytanée national militaire à La Flèche, les lycées militaires d'Aix, d'Autun et de Saint-Cyr, le lycée naval de Brest et l'École des Pupilles de l'Air et de l'Espace de Montbonnot-Saint-Martin. Les maisons d'éducation de la Légion d'honneur, établissements réservés aux seules descendantes de décorés de la Légion d'honneur, imposent également l'uniforme à leurs élèves, tout comme l'internat d'Excellence de Sourdun, en Seine-et-Marne (depuis mars 2012).
Si en métropole le port de l'uniforme à l'école est donc plutôt rare, en outre-mer, celui-ci est beaucoup plus répandu. À noter qu'il s'agit parfois plus d'une tenue imposée que d'un véritable uniforme en Martinique, en Guyane ou en Guadeloupe. Par exemple, un t-shirt d'une certaine couleur peut être demandé. Comme le rapporte le quotidien régional L'Union, en janvier 2023, un tiers des établissements publics l'imposaient en Martinique. Selon La 1ère, en Nouvelle-Calédonie, depuis 2017, le port de l'uniforme a été généralisé dans les écoles de la province sud. Du côté de la Polynésie, sept collèges de Tahiti l'ont rendu obligatoire.
Uniforme à l'école : que dit la loi ?
Le retour de l'uniforme à l'école est un débat récurrent en France. Cependant, celui-ci n'a jamais été rendu obligatoire pour l'ensemble de l'enseignement public en France métropolitaine, rappelle TF1 Info. Si beaucoup d'enfants ont, certes, revêtu la blouse pendant leurs années d'école, le but était avant tout de limiter les tâches d'encre sur les vêtements. Une tenue qui est peu à peu devenue obsolète avec l'avènement du stylo bille, relate l'historien Claude Lelièvre, dans son livre L'école d'aujourd'hui à la lumière de l'Histoire.
Les uniformes en tant que tels étaient davantage mis en place dans le privé ou dans des établissements publics se revendiquant plus sélectifs. Dans l'enseignement secondaire en revanche, l'uniforme a été imposé par Napoléon au moment de la création des lycées, en 1802. Une obligation levée en 1914, mais certains établissements ont laissé la tradition perdurer jusqu'à, pour les plus résistants, 1968. C'est finalement la crise estudiantine qui les aurait contraints à abandonner l'uniforme une bonne fois pour toutes.
Aujourd'hui, comme le rappelait l'ancien ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye en janvier 2023, "les établissements, en toute liberté, par une modification de leur règlement intérieur, peuvent [tout à fait] imposer, s'ils le souhaitent, une tenue scolaire".
Uniforme à l'école : pourquoi Brigitte Macron est pour
Dans une interview accordée au Parisien et réalisée par sept lecteurs du quotidien, publiée le 12 janvier 2023, Brigitte Macron s'est déclarée favorable au port de l'uniforme à l'école. Rappelant aux panélistes son combat contre le harcèlement scolaire, elle a aussi évoqué la raison pour laquelle elle soutenait le port d'une tenue préétablie par les établissements scolaires.
"J'ai porté l'uniforme comme élève : quinze ans de jupette bleu marine, pull bleu marine", s'est-elle remémoré auprès du Parisien. Une expérience dont elle garde un bon souvenir. La première dame a considéré les avantages d'une uniformisation des tenues : elle n'apporterait pas de différenciation entre les élèves et fournirait un gain d'argent "par rapport aux marques", a-t-elle soutenu. Cela serait aussi l'occasion pour les étudiants de gagner du temps car "c'est chronophage de choisir comment s'habiller le matin". Si l'uniforme devait faire son retour dans les écoles françaises, il y aurait toutefois une condition soutenue par Brigitte Macron : il faudrait "une tenue simple et pas tristoune".