Droits de douane : Pékin réagit à la décision d'exempter certains produits des droits de douane supplémentaires
- Pas de droits de douane supplémentaires pour les smartphones et les ordinateurs, ont finalement décrété les Etats-Unis samedi 12 avril. Est-ce le signe de l'apaisement du pays dans sa guerre commerciale contre la Chine ? Mercredi, Donald Trump avait suspendu pendant 90 jours les droits de douane contre le reste du monde - sauf la Chine, qui exporte notamment des produits électroniques comme des ordinateurs et téléphones, indique l'OEC (L'Observatoire de la Complexité Économique).
- Dimanche 13 avril, la Chine a appelé les Etats-Unis à "annuler complètement la mauvaise pratique des droits de douane réciproques et revenir sur le droit chemin du respect mutuel".
- Les Etats-Unis ont maintenu leurs taxes de 145% sur les produits chinois. La Chine, elle, a imposé des droits de douane de 125% contre les produits américains. Donald Trump se dit toutefois "optimiste" quant à la négociation d'un accord avec la Chine, selon une porte-parole.
- En France, Eric Lombard, ministre de l'Economie, a estimé qu'il y avait un "espace de négociation" après la volte-face de Donald Trump, mais qu'il ne fallait pas "crier victoire".
- Donald Trump a, pour la première fois, reconnu "quelques difficultés" après l'entrée en vigueur des droits de douane lors d'un discours jeudi soir. Il a concédé que ses mesures auront un "coût" pour les États-Unis, tout en promettant une "très bonne situation" à l'avenir.
16:37 - Les semi-conducteurs bientôt touchés par la surtaxe douanière
Dans "un mois ou deux", de nouveaux droits de douane seront appliqués sur les semi-conducteurs, a déclaré le secrétaire au commerce américain, sur la chaîne ABC. Le secteur était jusqu'à présent épargné par la surtaxe de 10 %. Ces droits de douane "ne sont pas compris dans les droits de douane réciproques", a précisé Howard Lutnick.
15:19 - "Revenir sur le droit chemin du respect mutuel" : la Chine lance un appel aux Etats-Unis
"Nous exhortons les États-Unis à (…) faire un grand pas pour corriger ses erreurs, annuler complètement la mauvaise pratique des droits de douane réciproques et revenir sur le droit chemin du respect mutuel", a déclaré un porte-parole du ministère chinois du Commerce dans un communiqué. Le gouvernement chinois a aussi estimé que la volte-face de Donald Trump était "un petit pas pour corriger ses mauvaises pratiques en matière de droits de douane réciproques décidées unilatéralement".
13:08 - "L'Europe joue sa peau", selon De Villepin
Dans un entretien accordé à la Tribune Dimanche, l'ancien Premier ministre Dominique De Villepin est revenu sur les surtaxes douanières américaines. Selon lui, "l'Europe joue sa peau" et doit immédiatement "conquérir son indépendance". "(Le risque c'est) celui d'un nouvel âge de fer, d'une guerre hybride totale, mondiale. D'ailleurs, il faut remarquer combien le mot 'guerre' a envahi tous les champs. Tout fait guerre: l'économie, le commerce, l'information, le cyber... Cela s'accompagne d'une reféodalisation du monde, un retour à des pratiques brutales et archaïques où la loi du plus fort prend le dessus", analyse-t-il.
11:32 - Un "espace de négociation", selon Eric Lombard
Le ministre français de l’Économie, Éric Lombard, estime que la volte-face de Donald Trump montre qu’il y a un « espace de négociation », mais il ne faut pas « crier victoire », a-t-il déclaré dans une interview à Ouest-France. « Les Américains maintiennent l’augmentation des droits de douane de 10 % pour tous les produits européens importés aux États-Unis, sans compter les mesures sur l’acier et l’automobile qui sont maintenues. Donc nous sommes face à une moins mauvaise nouvelle. Raison pour laquelle l’Europe doit maintenir la pression », a-t-il défendu.
1- Les droits de douane
Le séisme commercial couvait depuis des semaines, il a réellement secoué l'économie mondiale mercredi 2 avril, jour du "liberation day" selon les termes de Donald Trump, quand le président américain a dévoilé les droits de douane qu’il souhaitait imposer sur les produits importés aux Etats-Unis, pour protéger son marché intérieur et relocaliser la production. Après de premières mesures remontant à début mars contre le Canada, le Mexique, ou la Chine et concernant l'acier, l'aluminium ou l'automobile, des droits de douane planchers de 10% sont d'abord entrés en vigueur sur l'ensemble des produits importés aux États-Unis (sauf le pétrole, le gaz et l’or).
2- Les surtaxes
Suivront d'autres annonces de Donald Trump, comme celle de droits supplémentaires de 20% devant entrer en vigueur le 9 avril sur les exportations vers les Etats-Unis de l'Union européenne et de dizaines d'autres partenaires commerciaux. Promettant d'ouvrir des "négociations sérieuses" avec Washington contre ces taxes "injustifiées", l'UE, comme d'autres pays, ont obtenu du président américain un sursis, ce dernier assurant le 9 avril que les "tarifs réciproques" seraient plafonnés à 10% pendant une période de 90 jours.
3- Le cas de la Chine
La Chine, elle, a riposté, en dégainant des droits de douanes de 34% sur ses importations en provenance des Etats-Unis, entrainant une autre réponse de Trump, avec un taux monumental annoncé : la Maison Blanche a rendu public un décret présidentiel "amendé" faisant grimper de "34%" à "84%" la taxation perçue par Washington sur les importations en provenance de Pékin. Ce qui a porté à 104% puis à 125% le taux total annoncé contre la Chine.
4- La panique des marchés
Ces décisions américaines en cascade et les réactions qu'elles ont provoquées ont suscité un vent de panique sur les marchés financiers pendant plusieurs jours. Les places boursières américaines, asiatiques et européennes ont subi des pertes importantes, emportées par les perspectives de hausse des coûts pour les entreprises et des prix pour les consommateurs, que ne manqueront pas de provoquer les taxes puis des surtaxes américaines et les réponses des autres pays. A Paris, le CAC40, déjà sur une tendance à la baisse depuis la fin mars, a notamment chuté de 3,31% le 2 avril, date du "liberation day" de Trump, sa pire dégringolade depuis deux ans. Il a continué à baisser les jours suivants.
5- La crainte d'une crise mondiale
La menace d'un krach boursier d'ampleur et d'une guerre commerciale à grande échelle, réduisant les échanges et les investissements et donc délétère pour l'ensemble de l'économie, a immédiatement fait craindre une crise mondiale. Des analystes comme ceux de Barclays, très écoutés en cas de turbulences, n'ont pas hésité à affirmer que "la réinitialisation de l'ordre mondial par Trump 2.0 entraîne le chaos", que "les droits de douane sont synonymes de récession" et que "l'incertitude politique ne disparaîtra pas".