Cette boisson française protégée par une AOC va-t-elle disparaître ? Des producteurs craignent le pire

Cette boisson française protégée par une AOC va-t-elle disparaître ? Des producteurs craignent le pire Les producteurs et représentants de la filière du cognac craignent "une catastrophe d'une ampleur inimaginable" causée par les droits de douane américains.

La guerre commerciale entre les États-Unis et le reste du monde, notamment l'Europe, pourrait bien faire totalement flancher certains producteurs. "C'est une catastrophe d'une ampleur inimaginable. [...] Ces taxes vont mettre en très grande difficulté notre filière, avec un risque de cessations d'activité en chaîne", a regretté Anthony Brun, président de l'Union générale des viticulteurs pour l'AOC Cognac, auprès du journal Charente Libre.

Pour le cognac, c'est la double peine. Les producteurs de cet alcool souffraient déjà d'un conflit commercial avec la Chine depuis janvier 2024. Le pays avait ouvert une enquête antidumping sur les exportations européennes de brandy, en représailles de taxes européennes sur les voitures électriques chinoises. Et depuis octobre, les importateurs européens de ce produit doivent déposer une lettre caution ou lettre de garantie bancaire auprès des douanes chinoises représentant entre 34% et 39% de la marchandise, relate Le Monde. Cela, couplé à la perte du marché du duty free, a fait plonger les ventes du cognac en Chine, pourtant le deuxième marché mondial.

"Nous avons perdu 53% des expéditions sur la Chine"

Si la France a réussi à négocier un sursis de trois mois des taxes chinoises à partir du mois d'avril, en attendant les conclusions de l'enquête antidumping, l'épée de Damoclès demeure au-dessus de la tête des producteurs de cognac. "On prend ça comme une ouverture de la Chine, il va falloir que notre gouvernement profite de cette ouverture pour trouver une ouverture définitive", a déclaré Florent Morillon, président du Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), auprès de France 3 Nouvelle-Aquitaine. "Je rappelle que la Chine, c'est un quart de nos expéditions. Depuis que ces taxes provisoires s'appliquent, depuis le mois de novembre, nous avons perdu 53% des expéditions sur la Chine".

Au total, les États-Unis et la Chine représentent à eux seuls "70% de notre business", expliquait-il également au Monde. Si les producteurs peuvent se rassurer de ne pas se voir imposer des droits de douane de 200% sur le cognac par les États-Unis - une menace formulée par Donald Trump en mars -, ils vont tout de même souffrir des 20% imposés début avril. Selon la Fédération française des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS), ces taxes supplémentaires auront "un impact énorme sur l'emploi et l'économie du secteur", avec en France "un recul des exportations d'environ 800 millions d'euros, ce chiffre passant à 1,6 milliard pour l'ensemble de l'UE". Un coup porté à la filière d'autant plus grand que 98% du cognac est vendu à l'export. Avec de telles menaces sur la filière, il ne serait pas surprenant que certains producteurs mettent la clé sous la porte.