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Juillet 2007
Un immense lac souterrain découvert
au Darfour :
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Une équipe de chercheurs a affirmé avoir trouvé une gigantesque nappe phréatique dans le nord du Darfour. Une nouvelle qui pourrait contribuer à résoudre le conflit dans la région... si elle est avérée. |
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© L'Internaute
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Une gigantesque nappe phréatique a été découverte dans le sous-sol du Darfour, vient d'annoncer une équipe de chercheurs de l'université de Boston. Une nouvelle capitale, si elle est vérifiée, qui pourrait permettre de résoudre les conflits qui ravagent l'ouest du Soudan depuis 4 ans. Déclenchés pour des raisons politiques et ethnique, ces guerres prennent source dans des problèmes d'appropriation des ressources naturelles : pétrole, terre mais surtout eau. La guerre actuelle a commencé pas des affrontements entre petites communautés de paysans africains et groupes d'éleveurs arabes (les Janjawid) à propos de l'accès à l'eau. Le Docteur el-Baz, géologue et directeur du centre de télédétection de l'université de Boston, a affirmé avoir découvert un lac souterrain de 30 750 km², soit la taille du 10e plus grand lac du monde (l'équivalent de trois fois le Liban) : il annonce déjà la possibilité d'installer plus de 1 000 puits dans la région et celle d'une totale résolution du conflit : "Si maintenant on trouve de l'eau pour les cultivateurs en plus de celle des nomades, on résout complètement le problème", a-t-il assuré. Dans cette perspective, l'Egypte aurait déjà promis de creuser les 20 premiers puits.
Il faut cependant accueillir cette nouvelle avec précaution. Alain Gachet, inventeur de la technologie Watex (Water exploration), procédé permettant de recenser les ressources en eau d'un territoire grâce à des images satellites, met en doute cette affirmation. En mars 2004, sa société Radar Technologies a été mandatée par le Haut Commissariat des Nations Unies pour cartographier le potentiel en eaux souterraines du sud-est du Tchad, région dans laquelle étaient alors déjà installés plus de 200 000 réfugiés du Darfour. Une initiative couronnée de succès qui a entraîné la création du camp de réfugiés dit "de Gaga" sur un site exceptionnel ayant des ressources en eau suffisant à alimenter 30 000 personnes. Aujourd'hui, grâce à ses cartes, les foreurs de l'UNICEF atteignent un taux de réussite avoisinant les 100 % (contre 33% avant l'utilisation de ces techniques). Ce spécialiste de l'eau au Soudan a de nombreux doutes sur la possibilité d'exploiter la découverte du Docteur el-Baz.
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Un lac de 30 750 km²... asséché
Photo © RTF Agrandir
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Alain Gachet : "Ce lac est en réalité un trou" |
Pour Alain Gachet, la nappe phréatique dont il est question serait en réalité un lac préhistorique aujourd'hui entièrement vide. "Ce lac, situé au nord de Kartoum, est en réalité un trou, qui a eu des ramifications avec le Nil à l'époque préhistorique mais qui ne contient aujourd'hui plus d'eau ou de l'eau très salée inutilisable. On annonce 1 000 puits mais je doute que l'on puisse en creuser un seul. Cette immense dépression est avant tout une formidable mine pour les préhistoriens." Selon le chercheur français, l'annonce qui a été faite va certainement entraîner les autorités américaines à organiser des sondages test de la région. Une entreprise très compliquée dans cette zone isolée, certes loin des rebelles, mais en proie à de nombreux trafics de contrebandiers. Et même en cas de succès, cette découverte nécessiterait la construction d'un pipeline d'au moins 500 km pour acheminer l'eau vers les populations qui sont en demande.
Le mois dernier, le PNUD a rappelé l'importance des problèmes environnementaux dans le conflit du Darfour, région où le désert a progressé de plus de 100 km en 40 ans. Le manque d'eau des populations rurales est aujourd'hui l'une des principales causes de conflits sur le continent africain.
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